Devant l'augmentation récurrente ces dernières années du nombre des actes de chirurgie bariatrique, le KCE émet diverses propositions d'amélioration. Il propose d'étendre la concertation multidisciplinaire systématiquement à un diététicien et au médecin généraliste du patient. Avant une intervention de chirurgie bariatrique, le patient doit donner son consentement éclairé au terme notamment d'une discussion approfondie entre l'équipe soignante et le patient et une évaluation préalable par l'équipe multidisciplinaire de la capacité du patient à comprendre les informations. Trois mois devraient s'écouler entre le premier contact avec le centre de chirurgie et l'intervention proprement dite. Un suivi de cinq ans est recommandé dans les cas difficiles.
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Le nombre d'interventions chirurgicales pour cause d'obésité ou de surpoids a fortement augmenté ces dernières années, pointe le centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE). " Les chiffres les plus récents (2017) nous révèlent qu'un Belge sur 100 a déjà subi ce type d'opération, chiffres qui avaient eux-mêmes connu une augmentation de près de 80% au cours des sept années précédentes ! "Il n'est donc pas étonnant que le KCE veuille formuler des recommandations visant à améliorer l'organisation et le financement des soins de ce type de chirurgie. Celle-ci est inchangée. D'après l'OMS, un adulte dont l'IMC (poids (kg) / (taille (m) x taille (m)) se situe entre 25 et 29,9 est en " excès de poids ", et il y a obésité à partir d'un IMC de 30. Entre 35 et 39,9 il s'agit d'obésité grave et à partir de 40, d'obésité morbide. En Belgique, 33,4 % des adultes sont en surpoids (IMC de 25 à 29,9) et 16 % sont obèses (IMC ?30). Entre 2007 et 2017, 106.679 patients ont bénéficié d'une opération de chirurgie bariatrique dans notre pays, ce qui représente environ 1 % de la population belge. " Les interventions les plus pratiquées en Belgique, sont le bypass gastrique (63 %) et la gastrectomie longitudinale ou sleeve (35 %). L'utilisation de l'anneau gastrique ajustable (LAGB) est en forte baisse (seulement 1,3 % des cas). "Depuis 2007, la chirurgie bariatrique est remboursée à condition d'avoir au moins 18 ans et un IMC ?40 ou bien d'avoir au moins 18 ans et un IMC ?35, en présence de l'une des affections suivantes : diabète traité par médicaments, hypertension (>140/90 mmHg) résistante au traitement (au moins un an, avec utilisation concomitante d'au moins trois antihypertenseurs), apnées obstructives du sommeil et chirurgie de révision après une complication ou résultat insuffisant d'une chirurgie bariatrique antérieure. 1/ Maintenir les critères légaux actuels de remboursement de la chirurgie bariatrique, en y ajoutant des conditions supplémentaires. Ainsi, la concertation multidisciplinaire destinée à décider de la chirurgie bariatrique devrait obligatoirement se faire en présence des professionnels concernés (éventuellement par vidéoconférence) et ce, pour chaque patient. " En plus d'un chirurgien bariatrique, d'un interniste/endocrinologue/gastro-entérologue et d'un psychologue/psychiatre, la participation d'un diététicien du centre est également requise. Le médecin généraliste du patient (de préférence le médecin en charge du DMG) doit être consulté de manière non contraignante au sujet des antécédents du patient (p.ex. ses tentatives de perte de poids), sa situation socio-économique et ses capacités à respecter les modalités du suivi à long terme. Le patient est considéré comme un partenaire actif dans le processus de décision mais il n'est pas nécessairement présent lors de la concertation. "2/ L'équipe multidisciplinaire de base d'un centre de chirurgie bariatrique " devrait comprendre au moins deux chirurgiens, un interniste/endocrinologue/gastro-entérologue, un diététicien et un psychologue ou psychiatre ". Elle ferait appel à d'autres disciplines (un kinésithérapeute ayant une expérience de l'obésité/de la chirurgie bariatrique, des médecins spécialisés dans certains troubles psychologiques/psychiatriques ou en gynécologie, gastroentérologie, cardiologie, pneumologie, etc.) " L'équipe multidisciplinaire doit conclure des accords de collaboration avec les soins de première ligne, des cliniques spécialisées dans le traitement (conservateur) de l'obésité (internes ou externes à l'hôpital ; au sein du même réseau hospitalier locorégional) et un centre de chirurgie reconstructrice pour l'ablation de l'excès cutané. "3/ Chaque centre de chirurgie bariatrique mettrait en place un coordinateur de soins. Il peut s'agir d'un membre de l'équipe de base (diététicien ou psychologue) ou d'un membre supplémentaire intégré dans l'équipe (infirmier ou infirmier de pratique spécialisée en soins bariatriques). Son rôle est d'organiser la concertation multidisciplinaire. Certaines de ces tâches peuvent être déléguées à du personnel administratif. Le KCE recommande que les organisations professionnelles impliquées dans la chirurgie bariatrique (par exemple la BASO - Belgian Association for the Study of Obesity, la BESOMS - Belgian Section of Obesity and Metabolic Surgery, la BBAHS - Belgian Bariatric Allied Health Society) établissent ensemble une description de fonction. Le coordinateur de soins pourrait être financé au forfait dans le cadre d'une convention pouvant varier d'un hôpital à l'autre en fonction du nombre d'interventions et du taux de fréquentation des consultations de suivi. 4/ Le suivi par le centre de chirurgie bariatrique durerait obligatoirement au moins deux ans pour tous les patients. Cette durée minimale pourra éventuellement être ajustée, après évaluation, si le bilan du patient montre qu'un suivi supplémentaire par l'équipe multidisciplinaire reste ou redevient nécessaire. Pour ces derniers patients, le suivi par le centre de chirurgie bariatrique pourra durer jusqu'à cinq ans. 5/ les organisations professionnelles de chirurgie bariatrique " établissent, en collaboration avec les autres disciplines concernées, un document de consensus national déterminant les interventions les plus importantes du suivi pré- et postopératoire ".