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Cette oeuvre d'art, ce viaduc de métal signé Gustave Eiffel, qui le conçoit entre 1880 et 1884 avant la fameuse tour et qui ressemble à s'y méprendre à celui qu'il conçut à Porto sur le Douro, voit encore passer une fois par jour un tortillard électrifié qui fait la liaison entre Paris et Béziers, l'Aubrac Express (sic ! ) qui propose des vues spectaculaires. Cette ligne qui désenclava l'Auvergne, fit, fin 19e, déferler sur la capitale les fameux Auvergnats de Paris. Le buron est le symbole de l'Auvergne et de l'Aubrac notamment : le fermier qui, suivant son troupeau, s'y installait pour l'estive pendant six mois et dans cette construction rudimentaire de pierres, y logeait, tout en y faisant son fromage : salers, cantal, ou laguiole suivant la région où il se trouvait. Aujourd'hui délaissés, celui du Cap Combattut, transformé en restaurant, offre des produits locaux faits à la ferme dont il dépend, et une vue imprenable sur l'étendue verdoyante, mais pourtant désertique, si ce n'est quelques touffes d'arbres, du plateau de l'Aubrac. Dans ce paysage lunaire, des ruisseaux serpentent péniblement et tortueusement comme le Bès, sauf au moment de l'effondrement granitique spectaculaire de la cascade du Déroc, haute d'une vingtaine de mètres L'histoire de l'Aubrac est contée au village du même nom dans une "Maison" qui lui est dédié : un musée moderne de 500 m2 qui allie à la fois l'évocation passée du buron traditionnel et de la vie rude des habitants et, de par sa vue translucide et les lignes fluides et intégrées dans le paysage de son architecture, procure la sensation au visiteur de voler au-dessus de ce plateau fait de granit et de basalte, mais sur lequel pousse cependant une herbe capable de satisfaire l'Aubrac, vache résistante notamment au vent souvent présent. Vue qui surplombe un jardin didactique charmant, lequel répertorie et expose les quelque 680 espèces que l'on trouve dans ce paysage qui évoque à la fois l'Irlande et l'Écosse. Le village d'Aubrac est typique de ce paysage auvergnat : une pierre granitique et rude que coiffait avant un toit de lauze, désormais souvent remplacé par des ardoises arrondies, certes pas laides, mais venues de Chine. Une combinaison typique qui constitue entre autres l'église Notre-Dame des Pauvres d'allure martiale, les vestiges de la domerie (l'abbaye) d'Aubrac sur laquelle veille une tour dite des Anglais, preuve de leur tentative d'incursion naguère jusque dans cette région. Le monastère-hôpital vit des chevaliers s'y installer au 13e siècle afin de défendre les pèlerins de Saint-Jacques (qui arpentaient déjà les " drailles " à l'époque) contre les brigands : des marcheurs qui parcouraient déjà l'Aubrac au 14e siècle... et le parcourent encore aujourd'hui. L'église du village ne dispose pas par contre de ce fameux clocher à peigne dont les cloches sont à l'air libre, comme à Saint-Urcize toute proche par exemple, dans le cas de son église Saint-Pierre et Saint-Michel, ou en redescendant de l'Aubrac pour revenir en territoire plus volcanique, à la Chaldette. Là, l'architecte Jean-Michel Wilmotte a conçu un nouveau centre thermal en reprenant dans la silhouette de ce wellness, la forme d'une ancienne bergerie : une réussite esthétique qui s'intègre parfaitement dans le paysage bucolique et désormais bocagé. On est à nouveau sur le territoire d'anciens volcans où les sources d'eau chaude affleurent comme à Chaudes-Aigues (situé lui aussi dans le département du Cantal) dont le centre thermal beaucoup plus décati voit sortir une eau d'une température de 82 degrés, la plus chaude d'Europe, et également d'origine volcanique.