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Àla traîne? C'est frappant aux États-Unis, où l'indice Russell 2000 sert de référence aux "petites" entreprises, ou supposées telles. Après avoir longtemps évolué de concert avec l'indice S&P 500, mesure classique de la bourse américaine, l'indice Russell 2000 a complètement décroché à partir de 2021: il n'a gagné que 10% environ en quatre ans, pendant que le S&P 500 flambait de 62%. Une misère... Même topo en Europe. L'indice STOXX 600, reflet de l'ensemble des bourses européennes, a gagné 32% depuis le début 2021, plus ou moins en ligne avec les moyennes historiques. Quant au STOXX Small 200, qui reprend donc les 200 entreprises les moins importantes de l'indice précédent, il s'est apprécié de... 3% à peine! Autant dire quatre ans pour rien. Ce triste constat va-t-il, cette année, céder la place à la revanche tant attendue? Les investisseurs seraient-ils bien inspirés de glisser un fonds spécialisé en PME dans leur portefeuille? Responsable des small & mid caps chez JP Morgan, Eduardo Lecubarri s'est montré particulièrement enthousiaste lors d'une interview sur la chaîne américaine CNBC: "Je n'ai jamais discerné une telle opportunité en 30 ans!", s'est-il exclamé à propos des petites et moyennes capitalisations. Un argument de poids: leur très faible valorisation, du jamais vu. Pas étonnant, puisque 40% des entreprises concernées ont perdu plus de 40% de leur valeur boursière depuis 2021, a-t-il calculé, et ceci aussi bien aux États-Unis qu'en Europe. Par ailleurs, les PME sont souvent très intensives en main-d'oeuvre. Elles pourraient donc profiter très largement des gains de productivité induits par cette fameuse intelligence artificielle, qui draine aujourd'hui l'attention sur les géants de la cote. "On observe de plus en plus de signes qu'un renversement de tendance est en vue, les acteurs du marché devenant plus optimistes", observe pour sa part Philipp Schweneke, co-responsable des actions européennes chez le gestionnaire d'actifs DWS. Parmi ses arguments: l'amélioration conjoncturelle qui se dessine en Europe, les indicateurs ayant cessé de se dégrader. "Si ceux-ci continuent de s'améliorer dans l'Eurozone, les petites et moyennes capitalisations ont de bonnes chances de mieux performer que la moyenne." Il met dès lors l'accent sur les entreprises industrielles et celles axées sur la consommation. Un double élément de poids: la hausse des bénéfices des PME est attendue deux fois plus importante que celle des grandes entreprises, alors que les premières sont valorisées à un niveau historiquement faible. Sous-entendu: leurs cours de bourse ne tiennent donc pas encore compte de ce sursaut attendu des bénéfices. Le troisième argument avancé par le gestionnaire est toutefois beaucoup moins convaincant en ce moment, puisqu'il s'agit de la baisse des taux d'intérêt. Elle devrait selon lui (et selon de nombreux confrères) profiter aux petites et moyennes entreprises davantage qu'aux poids lourds de la cote. Le problème, c'est que les taux à long terme ne baissent pas, mais augmentent au contraire ces dernières semaines (lire ci-contre: Alerte, les taux remontent! ). L'environnement actuel incite dès lors à une certaine réserve, même si les qualités intrinsèques des PME ne sont pas remises en cause. Sur dix ans, en Europe, elles ont enregistré un doublement de leurs bénéfices, deux fois plus que les grandes entreprises, souligne ainsi une étude du groupe AXA. Parmi les fonds axés sur les PME proposés en Belgique, on retient le Equities small & mid caps de Belfius (+4,9% en 2023 et -5% en 2024), l'EMU small & medium caps classic de KBC/CBC (+10,8% en 2023 et -2,45% en 2024), ou encore le Small cap classic de BNP Paribas (+8,3% en 2023 et +6,7% en 2024). Plus que les small & mid caps, que les professionnels se plaisent à résumer par smid, mais finalement dans le même esprit, une autre piste se dessine pour les investisseurs, un autre rattrapage même: celui des "autres" (grandes entreprises) par rapport aux divas de la cote. C'est le grand thème à la mode aux États-Unis, au point qu'on y a créé des fonds indiciels (ETF) basés sur les 500 actions de l'indice S&P 500 moins les fameuses "7 magnifiques", autrement dit sur les 493 autres. Ou, tout récemment, sur les 492 autres, certains ayant ajouté Broadcom à Alphabet (Google), Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla. Autre approche allant dans le même sens: le recours à un indice dit équipondéré. Dans la plupart des indices boursiers, les sociétés sont représentées proportionnellement à leur valeur (capitalisation) boursière. Avec des cours qui s'envolent, les divas ci-dessus pèsent actuellement pas moins d'un tiers de l'indice S&P 500 et interviennent pour deux tiers de la hausse de l'indice! Tant mieux pour les fonds indiciels, mais si les autres actions performent mieux à l'avenir, un sentiment qui gagne du terrain, ce sera cette fois... tant pis? Sauf à miser sur un indice équipondéré, dans lequel chaque société a le même poids. En ce début 2025, les "autres" se portent beaucoup mieux: sur les 3 premières semaines de l'année, l'indice équipondéré affichait un progrès de 3,92%, contre 2,84% pour le S&P 500 normal. Voilà peut-être la piste à suivre en 2025.