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A cette occasion, le musée bruxellois d'Art brut a demandé à dix artistes de choisir, parmi les collections, des oeuvres qui les inspirent et de s'y confronter. Ceci tandis que Caroline Lamarche (et pas lamarge) se proposait de composer des haïkus à la gloire des créateurs un peu fous... comme tous les créateurs. Parmi les confrontations, celle de Marjorie Bonnet qui met ses portraits déformés par le scanner sur lequel les visages sont appuyés, reflets de ceux crayonnés et aussi déformés de Paul Duhem. Samuel Trenquier, sensible à l'oeuvre du Japonnais Tomoaki Sakai qui concevait des maquettes d'appareils électroménagers, a imaginé des étagères colorées en émail qui accueillent ces sculptures fragiles. La scénographe et auteur Cécile Hupin prend les dessins entremêlés de lignes, de chiffres et de lettres de Jeroen Hollander, et en transpose l'un d'eux en un tapis de jeu, afin de créer un paysage urbain imaginaire. François De Jong et Rémi Lambert inventent un décor de nouvelle civilisation... disparue évoquant les Dogons, mais qui aurait connu les dinosaures. Dans les grandes peintures de Lambert s'inscrivent parfaitement les statues de Seyni Awa Camara, artiste sénégalais originaire de la Casamance. L'oeuvre peut être sonore aussi, comme celle de Sarah Kokot dont la chaise musicale d'où s'échappe une mélodie enfantine douce et stridente à la fois, répond aux dessins aussi naïfs que menaçants, représentant un personnage assis, réminiscences des consignes parentales reçues durant l'enfance par Sylvain Cosijns: " reste assis! ", "tiens toi bien!" Plus amusant: aux peintures de murs de briques de Louis Van Baelens, le duo carolo des Tontons Racleurs, propose, en écho, un travail textile qui les voit concevoir des manteaux de pluie aux dessins de briques justement, façon d'échapper à notre société de surveillance ou de jouer les passe-murailles. Parfois, l'ancienne profession de l'autre artiste ressurgit dans son travail: les souliers de l'ancien cordonnier Juanma Gonzalez voient leurs semelles magnifiquement dessinées, auxquels répond le travail d'impression naïf du graphiste Sukril Kural. Le plus extraordinaire parmi les dix correspondances proposées (agrémentés d'oeuvres de "vedettes" de l''Art brut comme Magda Gill) est ce travail de Georges Counasse, ancien boulanger, dont les carrousels joyeux qui fonctionnent, semblent sortir d'une peinture d'art naïve. A ce dernier, la plasticienne Léa Ricorday ajoute, en hommage à son ancienne profession, une vraie pièce montée, à étages, de type mariage, qui paraît-il pourra encore être consommer dans deux mois, à la fin de cette expo anniversaire... qui se devait d'inclure un gâteau! B.R.