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Sorte de cavalcade post-punk à tête de cheval originaire d'Andenne, Josy and the Pony se remet en selle avec un nouvel album ("Hipponyme Deluxe"), en accueillant une nouvelle cavalière, Fanny Gillard, l'animatrice la plus tatouée de la RTBF télé et radio (elle officie sur Classic 21). Laquelle monte à cru, surtout au niveau des paroles à double sens genre Boby Lapointe, lesquelles raviront aussi bien les amateurs de chevaux de bois que les fans de beaux étalons. À cheval entre deux carrières, la diplômée en déclamation évoque cette nouvelle 'à diction'... Le journal du Médecin: Pourquoi avoir mis le pied à l'étrier avec le Pony? Fanny Gillard: (elle rit) Question de hasard. Des potes m'ont dit que le groupe, que je connaissais vaguement pour les avoir vu en concert il y a quelques années, cherchait une nouvelle chanteuse. Ils m'on filé le numéro de David Dehard, le guitariste, que j'ai contacté... et voilà. Mais vous aviez déjà un passé de chanteuse... Oui. En fait, les "Poneys" (sic! ) cherchaient une personne qui ne se tracassait pas trop de la forme et pouvait se lancer à bride abattue. Je ne prétends pas être une grande chanteuse: je voulais juste m'amuser avec mes cordes vocales. Mais, au final, le résultat tient en selle. Votre diplôme de professeur de déclamation et votre prix reçu dans cette matière au cours de vos études vous ont-ils aidée? C'est ce qui me sauve! Les études que j'ai faites, en croyant au départ vouloir devenir comédienne, constituent un formidable bagage: elles font la différence dans mon activité au quotidien, que ce soit avec les Poneys, en radio ou en télévision. Votre formation de comédienne vous aide-t-elle sur scène? Ah oui, car c'est compliqué de se mettre à nu devant les spectateurs et, de ce point de vue, chanter, c'est pire que tout. C'est se mettre à poil, pouvoir assumer le regard des gens et les regarder droit dans les yeux lorsqu'on est sur scène avec un petit groupe vis-à-vis duquel le public peut se montrer sceptique, voire réfractaire, de prime abord. Il faut continuer, et s'accrocher pour tenter de les embarquer dans notre univers. Le fait d'être comédienne m'aide à assumer ce regard, tout simplement. Il y a un côté Lio dans les chansons et dans la façon dont vous chantez: un côté "Banana Split"? Oui, à la fois pop acidulée, mais en même temps avec des paroles qui peuvent être totalement déjantées. Le résultat est que cela donne envie de bouger la tête et de reprendre le refrain. Et puis également de par les paroles, qui sont à double sens. "La crinière" pourrait également s'intituler... "Queue de cheval"? Un double sens, en effet, à la manière de Lio, qui a toujours joué de ce côté femme- enfant. Les fameuses "Sucettes à l'anis" de Gainsbourg chantées par France Gall en sont un autre exemple... "Secte équestre" pourrait d'ailleurs s'intituler "Au clair de ma lune"? (Elle rit) Je constate que vous pratiquez le dressage de jeux de mots équestres. En même temps, on peut dire que ce que vous pratiquez avec les poneys, c'est du rock galopin et... galopant? On cavale, on trace, au trot, au galop! Ce n'est certainement pas un concours de dressage. (rires)Vous faites référence à Barbara ("Barbara âne"), à son côté boa. Et pourtant, ce n'est pas Barbara qui chantait "Déshabillez-moi" auquel vous faites référence... C'est ma touche personnelle au sein des Poneys qui, à l'époque de l'ancienne chanteuse, se révélaient beaucoup plus spectaculaires dans la 'mise en scène'. Je préfère, pour ma part, travailler davantage le texte, notamment avec "Jean-Roger" ou "Barbara âne" que j'ai écrits. Là où c'était la déconne tout le temps dans les anciens titres, j'avais envie, même sous mes allures de "Faisons la fête", d'ajouter une seconde lecture. Par ailleurs, j'avoue que Barbara m'a toujours impressionnée. Dans le rock que vous pratiquez, y aurait-il un côté tatouage, rappelant votre physique? Non, le tatouage exige de la patience. Nous sommes à l'opposé. Le tatouage, c'est à vie, pas comme les chansons des Poneys qui sont plutôt des décalcomanies, sympas, belles sans trop de risques, et dont tout le monde raffole. À l'époque, les gosses achetaient ces chewing-gums dégueulasses pour les décalcomanies. Pareil avec les Poneys! (rires)Vous êtes plutôt Jacques Dutronc ou Elmer Food Beat? Un parfait mélange des deux. Un titre comme "Canasonic = Panic!" ressemble à du Dutronc féminin en version équestre. Nous craignons d'être trop sérieux ; ce genre de trouille non pas du débutant, mais du non-professionnel: il faut toujours que nous ajoutions du Elmer Food Beat derrière, par crainte de faire trop sérieux, et de ce fait de ne pas être parfaits, et que cela se voit trop. Bref, nous avons peur de ne pas être à la hauteur. (elle rit)La symbiose entre les deux, si je puis dire, et auquel vous faites penser, pourrait être Boby Lapointe, auteur d'ailleurs d'un fameux "saucisson de cheval"? Oui, que j'adore et qui n'a jamais été reconnu à sa juste valeur. C'est splendide ce que Boby Lapointe a écrit, et même parfois touchant: "La maman des poissons" me fout la larme à l'oeil, alors qu'il chante qu'on la mange! Si je pouvais avoir le même impact que Boby Lapointe auprès du public, à savoir faire rire et pleurer avec cette forme d'intelligence, de second degré, de poésie du quotidien presque enfantine, je serais la plus heureuse du monde. Oui, avec un côté enfantin et en même temps, en creux, très sexuel. Un peu ce que vous faites? Oui, une double lecture que je tente d'offrir dans mes textes. Si un enfant écoute, il va se marrer. De son côté, un adulte pourra y trouver son compte... d'une autre manière. (rires) C'est amusant qu'une Liégeoise soit en cheville avec des équidés d'Andenne, la Cité des ours. Ils ne l'ont pas été trop, au début? Si, il a fallu que je trouve mes marques. En plus, je ne connaissais que David: les autres membres du groupe font en effet un peu vieux ours. Mais les ours aiment le miel, et peuvent dès lors se révéler d'une douceur incroyable.