"La collaboration avec le secteur de la santé publique et les soins de santé mentale constitue l'une des premières priorités pour développer les soins de première ligne au 21e siècle. La pandémie a d'ailleurs montré l'importance de soins intégrés, axés sur la communauté."
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Tels étaient les propos du Dr Hans Kluge, directeur régional à l'OMS et ancien médecin généraliste à Roulers lors d'un symposium sur les soins de première ligne qui se tenait récemment à Gand. Ce n'est pas un hasard si ce symposium était organisé par le Groupe santé publique et soins de première ligne de l'Université de Gand. C'est en effet un "WHO-collaborating centre (WHOCC)" dirigé par le célèbre professeur émérite de médecine générale, Jan De Maeseneer. Dans son message vidéo, le Dr Kluge a déclaré qu' "une approche multidisciplinaire constitue l'un des piliers des futurs soins de première ligne. Les résultats et les services sont meilleurs dans les pays où la première ligne est déjà organisée de façon multidisciplinaire. C'est surtout le cas pour des problèmes complexes. En effet, les ressources disponibles sont utilisées de manière plus efficace et plus optimale. Des petites pratiques solos ne pourront jamais rivaliser avec une telle organisation."Le directeur régional de l'OMS a souligné que la complexité des soins (de première ligne) augmente. Il ne s'agit plus seulement de soins somatiques, mais aussi de soins mentaux et de la composante sociale. Par conséquent, les équipes de soins multidisciplinaires doivent également être orientées vers la communauté. "Pour l'OMS, développer les soins de première ligne figure en tête des priorités des régions", a ajouté Hans Kluge. Il a énuméré un certain nombre de conditions à la mise en place de soins multidisciplinaires, axés sur la communauté dans la première ligne. "Il faut ainsi investir dans la médecine générale et dans les infirmiers 'avancés' (infirmiers qui peuvent être déployés à la fois comme généralistes et spécialisés)", relève Kluge. Un autre défi est l'intégration des spécialistes de la santé mentale et des travailleurs sociaux dans les équipes de première ligne. "Par ailleurs, une optimalisation de la répartition des tâches au sein des équipes de première ligne s'impose et les équipes doivent fixer des priorités internes en termes d'organisation et d'objectifs", poursuit le directeur régional de l'OMS. Une chose est certaine: l'utilisation de données de santé électroniques partagées et interprofessionnelles doit passer à la vitesse supérieure. Le ministre des Affaires sociales, Frank Vandenbroucke, s'est également attardé sur ce dernier point. Toutefois, il a d'abord souligné que le caractère abordable et l'accessibilité de notre système de soins de santé sont essentiels. Renforcer ces deux éléments nécessite entre autres des investissements supplémentaires dans la main-d'oeuvre. "De bons soins futurs sont synonymes de soins intégrés", a déclaré Frank Vandenbroucke. "Dans ce contexte, l'échange de données de santé est important." Un groupe d'experts a élaboré le concept BIHR (Belgian Integrated Medical Record) à cette fin. "Ce dossier médical intégré doit contribuer à un changement dans lequel l'accent est mis sur le patient, l'équipe de travailleurs de la santé et la qualité des soins", a ajouté Vandenbroucke. "Nous partons d'une vision holistique. Les aspects somatiques, mentaux ainsi que le bien-être y sont inclus et nous établissons également un pont avec l'ensemble du cycle de vie du patient et y incluons le contexte social et environnemental."Enfin, le ministre des Affaires sociales entend responsabiliser le patient, promouvoir la collaboration multidisciplinaire et diminuer les charges administratives. Il espère pouvoir atteindre ce dernier objectif par exemple en introduisant des services comme le 'clinical decision support'. Ensuite, les données pourraient d'ailleurs aussi être utilisées pour des dépistages de masse, de la prévention, de la politique, de l'innovation, etc.