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Le journal du Médeci n: Qu'attendez-vous de cette Commission? N'a-t-on pas, justement, vis-à-vis d'elle, trop d'attentes? Dr Sophie Merckx: La Commission doit prioritairement faire toute la lumière sur la saga de la destruction et du non-renouvellement des masques buccaux. La responsabilité politique de cette situation incombe à l'ex-ministre Maggie De Block. La décision dramatique de détruire les masques pour des raisons budgétaires, et de ne pas donner la priorité à la reconstitution d'un nouveau stock, a coûté la vie au personnel de soins de santé et à nos patients. La tâche de la Commission Covid est de déterminer jusqu'au bout qui a décidé quoi entre 2015 et le début de l'épidémie. Quelles questions principales se posent à vous par rapport à la gestion de la crise pandémique passée, en tant que telle, mais aussi au regard des cafouillages qu'on remarque encore aujourd'hui Qu'-a-ton fait de travers à votre avis? Au début de la crise, il y avait une pénurie de réactifs et de matériel pour le testing. La définition de cas a été délibérément maintenue limitée, en raison de pénurie. Cela a conduit au chaos dans l'approche de la crise: chaos dans la stratégie de testing, pénurie de matériaux et commerce lucratif des tests. Quels intérêts ont été préservés dans la lutte contre la crise? Pourquoi l'ex-ministre De Backer a-t-il écarté les laboratoires cliniques au profit des grandes entreprises pharmaceutiques? Quel est le rôle des laboratoires cliniques privés? Les divers experts qui ont été invités pour le moment vous ont-ils/elles apporté déjà certaines réponses? Peut-on déjà tirer certains enseignements pour les pandémies futures et même les 2e ou 3e éventuelles vagues? La question qui se pose c'est: comment des années d'économies sur notre système de santé ont-elles empêché notre pays de prendre des mesures décisives contre une telle épidémie? Nous savons déjà, grâce aux auditions au sein de la commission spéciale, que le service d'urgence du SPF Santé (Public Health Emergencies) est composé d'une seule personne. Non seulement les services de prévention et les services gouvernementaux ont été réduits, mais le personnel de santé a également beaucoup souffert ces dernières années. Les mesures néolibérales ont fortement réduit les soins de santé primaires. On ne peut pas continuer comme ça ; la commission doit nous apprendre que nous devons investir massivement dans les soins primaires et que nous devons impliquer les prestataires de soins au niveau des décisions. Quel a été l'impact de la répartition des compétences sur la lutte contre la crise? Quelles leçons pouvons-nous en tirer? Au départ, il n'y avait que peu ou pas de cadre de coopération entre les hôpitaux et les centres de soins résidentiels. Du temps précieux a été perdu à cause des réunions qui devaient se mettre en route, et qui étaient toujours lentes. Pendant que les ministres décidaient entre eux qui était responsable de quoi, nos prestataires de soins couraient partout dans leur établissement de soins...