Trois albums de bandes dessinées, trois quasi volumes tant ils sont imposants qui abordent la musique, ses interprètes et ses lieux...
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Préfacé par Michka Assayas, garanti de sérieux musical, Leonard Cohen: sur un fil de Philippe Girard retrace en 120 pages la vie et la carrière du barde canadien, montréalais et surtout juif. Car au fil des pages, l'on prend conscience de l'importance chez le discret et envoûtant auteur-compositeur-interprète de l'importance de sa judaïté, tant au niveau religieux qu'identitaire. Au fil de ses conquêtes, de ses doutes et de ses interrogations, se déroule comme le Livre, l'oeuvre de celui qui fit avant tout un écrivain porté par des mélodies souvent faméliques, et pourtant accrocheuses. Un récit sous forme de chanson de petits gestes qui voit Léonard Cohen (titre que portait les grands-prêtres dans le judaïsme classique) au seuil de la mort au début du livre, Philippe Girard retraçant sous forme d'oraison un long récit avant de revenir à la scène de fin. Sur sa faim, le lecteur l'est un peu aussi, pas au niveau du récit bien sûr mais du style, par petites cases, sans doute pour imiter les petites notes de la musique de Cohen, mais ce style épuré (à la Monsieur Jean de Charles Berbérian) chez Girard en tout cas finit par un peu lasser. Mais bon, de là à lui attribuer une mauvaise note... Bien moins connue est l'histoire de Dan Lacksman, producteur, et l'un des trois membres du groupe Telex, lequel fou des Beatles, entreprend à 18 ans en 1968 de se rendre à Londres pour y rencontrer ses idoles. Un projet fou..geux et un peu dingue en effet, et pourtant... Raconté par Brice Depasse, qui depuis 20 ans sur Radio Nostalgie raconte la saga du rock et de la pop en choisissant toujours un ancrage et un point de vue belge lorsque c'est possible, la bande dessinée mis en image par le style très Yellow Submarine d'Aurélien Badinat est sans doute la première d'une longue série, de la part d'un auteur-animateur qui compte déjà une dizaine d'ouvrages sur le rock à son actif. Un livre qui se veut très swinging... London. Les amants d'Hérouville est aussi l'histoire d'un lieu et l'aventure d'un homme: Michel Magne (et de sa compagne la belle Marie-Claude). Lequel musicien, compositeur de musiques de film ( Les tontons flingueurs, ou encore les Fantômas), artiste, rachètera l'ancien château d'Hérouville, où se retrouvèrent Georges Sand et Frédéric Chopin non loin de Paris dans le Val d'Oise, pour en faire un studio d'enregistrement où défileront entre autres Pink Floyd, David Bowie, les Rolling Stones ou Elton John notamment, au milieu de cette campagne picarde dans des scènes dignes du film Quelques messieurs trop tranquilles de Georges Lautner. L'histoire de la contre-culture et d'un studio mythique qui disparu en 85 suite à la faillite de l'entreprise de Michel Magne et à son suicide un an plus tôt. Près de 40 ans plus tard, le château d'Hérouville est à nouveau un studio d'enregistrement réhabilité par deux ingénieurs du son tel que celui qui a vu les Bee Gees enregistrer Stayin Alive. Le chanteur Sting y a d'ailleurs posé ses valises récemment. Un double album plus qu'un album (plus de 260 pages! ) concocté par Yann Le Quellec au scénario et Romain Rouzeau au dessin, lequel donne une touche flower-power à son style qui sied parfaitement au propos de ce long playing, à l'image des deux autres bandes dessinées: très musical...