Durant le sixième sommet Europe-Afrique qui s'est tenu du 14 au 18 février 2022, des partenariats ont été proposés pour créer de systèmes de santé résilients et inclusifs, afin de pouvoir offrir une couverture universelle en santé et se préparer à de futures pandémies. Au terme de cette semaine, six pays ont été choisis par l'OMS pour créer leur propre vaccin à ARN messager. Il s'agit de l'Afrique du Sud, de l''Égypte, du Kenya, du Nigeria, du Sénégal et de la Tunisie.
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La pandémie a mis en évidence la grande différence d'accès à des produits de santé entre les différentes parties du monde créant ainsi des vulnérabilités. Le continent africain, tributaire à 99% des autres régions du monde en termes de vaccins, a énormément souffert du manque d'accès aux vaccins anti-Sars-CoV2. Si plus de 10,4 milliards de doses de vaccin Covid ont été administrées dans le monde et que près de 62% de la population mondiale ont reçu au moins une injection, seuls 11,3% des Africains étaient complètement vaccinés au début du mois de février 2022. " La pandémie de Covid-19 a également montré mieux que n'importe quel autre événement que s'en remettre à une poignée d'entreprises pour fournir des biens publics mondiaux est restrictif et dangereux", a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. "La meilleure façon de faire face aux urgences sanitaires et de parvenir à une couverture sanitaire universelle est d'accroître considérablement la capacité de toutes les régions à fabriquer les produits de santé dont elles ont besoin", a d'ailleurs précisé le directeur de l'OMS. L'Union africaine, par l'intermédiaire de l'Africa CDC, a tiré des leçons de cette pandémie, et a fait preuve de leadership et d'ambitions au niveau de sa santé publique. Son objectif est de produire localement 60% des vaccins dont l'Afrique a besoin d'ici à 2040, grâce au Partnership for African Vaccine Manufacturing (PAVM) et avec le soutien d'un milliard d'euros de la Team Europe. Cette dernière structure a été lancée pour la fabrication et l'accès aux vaccins, aux médicaments et aux technologies de la santé en Afrique. Lors de cette semaine Europe-Afrique, la ministre belge de la Coopération au développement, Meryame Kitir, a également exprimé sa solidarité aux pays africains pour surmonter les défis globaux et prévenir les prochaines pandémies. "Le partage de vaccin est nécessaire mais pas suffisant. Il faut réduire la dépendance et avoir un accès équitable à des produits de santé pour tous.""En Afrique du Sud, des scientifiques ont rendu possible ce qui paraissait impensable. Ils ont développé leurs propres vaccins. Ils ont été à l'encontre de toutes les attentes. Team Europe y a cru, et cette coopération est une clé pour investir dans le continent africain, faire un partenariat pour nous renforcer les uns les autres, dans la solidarité et le dialogue", a-t-elle ajouté .Si des vaccins sont déjà produits sur le continent avec l'appui de firmes pharmaceutiques, certains pays, comme l'Afrique du Sud, commencent à produire leurs propres vaccins à ARNm. Encore en phase de laboratoire, ils sont en train de passer à l'échelle commerciale. Les cinq autres pays sélectionnés entreront en formation à partir du mois de mars. "Cet accès aux médicaments et aux vaccins en Afrique permettra de renforcer notre système de santé global, car nous devons nous préparer pour les prochaines crises sanitaires et proposer un accès à la santé à des prix abordables, à des produits de santé qui sont un bien public commun", a ajouté la ministre de la Coopération. Le rôle du programme mondial de l'OMS sera de veiller à ce que les fabricants de ces pays disposent du savoir-faire nécessaire pour produire des vaccins à ARNm à grande échelle et conformément aux normes internationales. "C'est précisément à cause des inégalités que nous constatons que la pandémie évolue différemment quand on regarde l'Afrique et d'autres parties du monde", renchérit le Dr Ahmed Ogwell Ouma. " Cette présence d'inégalités a provoqué des souffrances évitables en Afrique et a également entraîné une réduction de la confiance des habitants, parce que nous savons ce qui doit être fait, mais nous le faisons pas." Avoir sur le continent africain une production locale inadéquate des produits de santé qui sont nécessaires peut conduire à l'insécurité de la chaîne d'approvisionnement, explique le directeur adjoint de CDC Afrique. "La question de la fabrication de médicaments est très importante et nous avons en Afrique des pays qui sont déjà engagés dans cette dynamique et donc nous voulons être soutenus", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. " Nous espérons que nous aurons un meilleur accès en termes de coûts si nous fabriquons partout et que nous bénéficierons d'un médicament de qualité", ajoute le Dr Ahmed Ogwell Ouma. "En Afrique, il y a un proverbe qui dit: si vous voulez aller vite, vous allez seul, si vous voulez aller loin, vous allez ensemble. En tant qu'Africains, nous sommes ouverts à voyager avec des amis de l'Afrique et du monde entier, et c'est dans l'action, que nous pourrons voir ceux qui veulent aller aussi loin ou ceux qui veulent aller seul et rapidement", conclut-il. Ces nouvelles unités de productions vont être construites pour lutter également contre d'autres maladies telles que le paludisme, la tuberculose ou encore le VIH. En outre, les pays africains ont entamé la création d'une agence de médicament africaine en 2021, l'African Medicines Agency (AMA). Celle-ci vise à harmoniser la réglementation des médicaments en Afrique, et lutter contre les faux médicaments qui sont vendus dans la rue. Elle compte contribuer à améliorer l'accès à des produits médicaux de qualité, sûrs et efficaces sur le contient. En collaboration avec l'Afrique, la Team Europe a d'ailleurs créé un partenariat solide dans ce domaine.