...

C'est surtout dans les années de formation que Brendan Simms, professeur d'histoire des Relations Internationales à Cambridge, éclaire, dans une écriture d'une élégance et fluidité toute britannique, la genèse et la jeunesse du führer d'un jour nouveau. Notamment, que si Hitler était autrichien, c'est suite à une redistribution des cartes géopolitiques (matière qu'il maîtrisait très bien) suite à la chute du duché de Bavière. Et que si, après 1815, sa ville natale de Braunau am Inn se situait à deux kilomètres de la nouvelle frontière avec l'Allemagne, la population de cette petite bourgade se sentait avant tout bavaroise. Qu'ensuite, en découvrant des soldats américains d'origine allemande qu'il fait prisonnier, Adolf Hitler prend conscience de l'immigration obligée des Allemands face au manque d'espace vital. Un espace vital américain qui le fascine autant que l'empire colonial anglais et l'identité forte que ce peuple dominateur a pu forger au travers du système parlementaire! Autre nouvel éclairage: l'antisémitisme d'Hitler est avant tout lié à la haine de la finance internationale qui, selon lui, a mis l'Allemagne à genoux. A ses yeux, l'internationalisme financier et le fait d'être juif ne font qu'un. Plus étonnant encore, contrairement à ce que l'on croit souvent, Hitler entretient de bonnes relations avec le médecin juif Bloch qui a soigné sa mère, laquelle décédera d'un cancer, au point qu'Hitler lui envoie une carte de voeux peinte par ses soins, après la disparition de celle-ci. Par ailleurs, si l'estafette Hitler fut décorée durant la Première Guerre mondiale - son régiment comptait plus de 60 Juifs, c'est à l'initiative de son lieutenant Hugo Gutmann, qui était lui aussi juif. Hitler s'en souviendra plus tard et " infligera un traitement (relativement) bienveillant" à Bloch, aux Juifs qui avait combattu avec lui en 14 et ce y compris Gutmann... A en croire l'auteur, l'antisémitisme obsessionnel du führer n'avait rien de... "personnel".