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Comment prévenir les caries dentaires? En se brossant les dents deux fois par jour avec un dentifrice fluoré adapté à l'âge. Mais en quelle quantité? Pour les très jeunes enfants (0-2 ans), la recommandation est d'utiliser à chaque brossage 0,125 g de dentifrice contenant 1.000ppm de fluorure, soit la taille d'un grain de riz. L'effet de dentifrices à plus faible teneur en fluor (< 1.000ppm) n'a pas été suffisamment démontré. Pour ceux de deux à six ans, on utilise 0,25 g de dentifrice contenant 1.000ppm de fluorure, soit la taille d'un petit pois. À partir de six ans, c'est la même recommandation que pour les adultes: le dentifrice doit contenir 1.450ppm de fluorure et il faut l'appliquer sur toute la surface de la brosse. " Le dernier avis du Conseil supérieur de la santé sur le fluor et la prévention de la carie dentaire datait de 2011, il était temps de le revoir à la lumière de la littérature récente et des nouvelles recommandations émises par l'Académie européenne de dentisterie pédiatrique qui simplifie fortement l' approche pour le grand public", précise le Pr Jean Nève, président du CSS. "Si on veut profiter des effets bénéfiques du fluor sur la prévention de la carrière dentaire, le dentifrice est la meilleure voie d' administration par rapport à d' autres que l' on privilégiait dans le temps mais qui se sont avérées moins efficaces ou potentiellement plus risquées telles que les comprimés, les solutions, les gels... On ne conseille les compléments fluorés que dans des cas très limités, sur conseil du dentiste. Par exemple, dans les régions où la teneur en fluor dans l'eau potable est très faible et où l' utilisation des produits d'hygiène buccale est insuffisante. Certainement pas pour les femmes enceintes, ni allaitantes", met-il en garde. Le risque d'un apport excessif en fluor est très faible si on conserve une alimentation équilibrée et si on utilise correctement les produits d'hygiène buccale. "On pourrait très bien se passer de fluor, à condition d' avoir une alimentation saine, équilibrée et une bonne hygiène dentaire. Le fluor n' est pas indispensable pour l' organisme, ce n' est pas un élément essentiel mais, dès qu' il y a un risque de carie, il s'avère intéressant en prévention", ajoute-t-il. L'eau potable, les eaux minérales, le thé, certains jus de fruits et les poissons de mer (surtout ceux consommés avec les arêtes ou des extraits de ceux-ci) sont les principales sources alimentaires de fluor. Une eau dont la teneur en fluorure dépasse 1,5 mg/L ne convient pas à la consommation régulière des nourrissons et des enfants de moins de sept ans, en ce compris pour la préparation du lait en poudre. "L' alimentation de base (sans produit riche en fluorure) apporterait environ 0,1 mg/jour de fluorure mais cette valeur est considérablement accrue par l' ingestion régulière de jus de fruits, d' eaux minérales et de thé. L' eau de distribution publique en contient des concentrations variables, notamment en fonction de la localisation géographique (souvent en dessous de 0,5 mg/L), mais aussi parfois plus élevées (1 mg/L ou plus). Il en va de même pour les eaux minérales naturelles. Enfin, la pâte dentifrice et notamment la partie avalée représente une contribution non négligeable à l' apport total en fluorure. L' EFSA (2013) estime que la population européenne consomme en moyenne globalement moins de 0,05 mg de fluorure/kg de poids corporel (3,5 mg/jour chez l' adulte de 70 kg), avec des chiffres variant entre 0,4 et 4,5 mg de fluorure/jour", indique le CSS. Ainsi, selon les données de 2009, la teneur en fluorure de l'eau potable belge est inférieure à la norme de 1,5 mg/L: en Wallonie, elle en contient entre 0,08 et 1,24 mg/L, en Flandre, entre 0,14 et 1,39 mg/L et à Bruxelles, entre 0,07 et 0,08 mg/L. Le CSS recommande également de vérifier et d'indiquer clairement la teneur en fluor sur l'emballage des dentifrices, tout en renforçant les exigences et contrôles par les autorités compétentes de toutes les sources de fluor disponibles sur le marché, même si elles n'en contiennent que de faibles doses. "Test-achats a récemment fait une enquête qui montre que les teneurs mentionnées sur l' emballage ne correspondent pas toujours à celles retrouvées dans les dentifrices, ce qui est inacceptable", prévient Jean Nève. Sur 17 dentifrices testés par l'association des consommateurs, seuls six répondaient aux exigences de base (par rapport à la teneur en fluorure (1.450ppm), l'abrasion et la nocivité pour l'environnement), deux dentifrices dépassaient la valeur-cible en fluorure et deux étaient en-dessous. Enfin, le CSS appelle à réévaluer l'apport alimentaire en fluor de la population belge, par exemple lors de la prochaine enquête de consommation alimentaire. "On sait que les aliments en général ne sont pas riches en fluor, sauf exceptions comme les poissons de mer et certaines eaux minérales (Badoit 1,2mg/L, Vichy Célestins et San Pellegrino 0,5mg/L...). Il est donc très difficile de dire combien de fluor on ingurgite via l' alimentation. Les dernières évaluations sont assez anciennes, il serait donc de temps de refaire un bilan sur la teneur en fluor des eaux potables et un dosage du fluor dans les rations alimentaires. La dernière fois qu' on a discuté du fluor en Belgique, c'était il y a plus de 40 ans. On avait alors conclu qu' il ne fallait pas de supplémentation mais les choses ont tellement changé depuis qu' il faudrait refaire le point pour pouvoir donner des infos précises aux médecins etc. C' est pourquoi la solution du dentifrice est intéressante, on ne va jamais ingurgiter trop de fluor via cette voie", estime Jean Nève.