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À l'heure actuelle, il n'y a pas de remède capable d'enrayer la maladie d'Alzheimer. Il existe néanmoins des traitements pharmacologiques (antipsychotiques, antidépresseurs, benzodiazépines...), et des thérapies de type cognitivo-comportementale pour gérer les symptômes comportementaux et psychologiques qui comprennent l'agitation, l'agressivité, la dépression, l'anxiété, la psychose ou encore la désinhibition. La zoothérapie est également considérée comme une intervention rentable et efficace pour améliorer l'humeur et le comportement des personnes âgées. Par ailleurs, la robotique est, avec l'intelligence artificielle, l'un des principaux axes d'innovation dans le domaine de la santé, et de nombreux robots sont déjà utilisés pour bonifier l'humeur, compenser la solitude, réduire la perception de douleur ou encore assurer au domicile la surveillance des aînés. D'où l'idée d'une équipe d'ingénieurs et de neuroscientifiques de la Florida Atlantic University d'offrir un chat robotique à des adultes atteints d'Alzheimer ou d'autres démences. En octobre dernier, les chercheurs américains ont donc confié à douze malades atteints de démence légère à modérée un chat robotique qui est capable de ronronner, de miauler, de tourner la tête, de se retourner ou de cligner des yeux. Les personnes ont pu côtoyer cet animal interactif au cours de douze visites dans un centre de jour pour adultes. Avant le début de l'expérience, elles ont été averties que le félin n'était pas un animal vivant mais un robot. Chacun d'elle a choisi un nom pour son chat, qui a été équipé d'un collier et d'un badge personnalisé. Après les visites tests, les chercheurs ont évalué l'humeur, le comportement et la cognition des participants, à l'aide d'échelles reconnues: Alzheimer's Disease and Related Dementias Mood Scale, Observed Emotion Rating Scale, Cornell Scale for Depression in Dementia et Mini Mental State. L'analyse révèle que les chats robotiques ont eu un impact positif dans la vie des malades. Dans les faits, il a été constaté une amélioration légère à modérée de l'humeur sur toutes les échelles, au fil du temps, une réduction de la détresse émotionnelle et de la dépression, des scores plus élevés aux fonctions d'attention, de calcul, du langage et de l'enregistrement des données chez plus de la moitié des participants. Sous un angle plus qualitatif, il s'est avéré que les participants se montrent plus souriants et plus expressifs durant les séances: ils parlent à leurs chats robotiques, expriment des sentiments, et finalement entretiennent une véritable interaction avec leur faux félin. Plusieurs aidants ont même signalé que leur proche dort avec le chat, joue avec lui et lui fait des câlins. Enfin, les bienfaits ne se limitent pas aux malades. Les auteurs de l'étude ont également constaté une amélioration de la qualité de vie de leurs soignants et des membres de leur famille. Ce projet a donc offert un moyen de traiter les symptômes de la démence de manière naturelle autre que l'utilisation de traitements pharmacologiques, qui peuvent être efficaces ou non et avoir des effets secondaires néfastes. Une telle intervention pourrait constituer une alternative utile, pratique et peu coûteuse en particulier dans un contexte de pénurie de soignants et d'aidants. De plus, en utilisant des "robotpets" au lieu d'animaux vivants, il n'y avait aucune inquiétude quant à la sécurité de l'animal, à son alimentation, à ses sorties à l'extérieur ou à la vérification de ses vaccins et aucune crainte quant à la sécurité des participants en raison d'une possible agression d'animaux de compagnie, d'allergies, de trébuchements sur eux...