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Non, la crise sanitaire n'a pas appauvri les Belges! Et ceci pour deux raisons très différentes. Outre le soutien massif de l'État, bien entendu. D'une part, le confinement et les restrictions en matière de déplacements et d'achats ont accru l'épargne de 16 milliards sur les neuf premiers mois de l'année, a calculé la Banque nationale de Belgique (BNB). Elle tablait sur 20 milliards pour l'ensemble de l'année et on devrait y arriver largement, vu le semi-confinement qui a suivi. D'autre part, grâce à ce non-appauvrissement autant qu'au désir soudainement exacerbé de disposer d'un jardin, ou au minimum d'une terrasse, on a observé une demande soutenue pour ce type de bien. Résultat: des prix immobiliers toujours en progrès, alors que beaucoup craignaient un repli au début de la crise. Selon Statbel, au 3e trimestre 2020, le prix moyen des maisons deux ou trois façades avait progressé de 2,3% à un an d'écart. Celui des maisons quatre façades avait même bondi de 5%. Bond quasi identique (+5,1%) pour les appartements. On note que ces derniers ont progressé de 10,8% en deux ans, davantage que les maisons. Qu'en est-il au niveau global? Estimé à 1.570 milliards d'euros à fin 2019 (c'est le dernier chiffre disponible, publié par la BNB en décembre dernier), le patrimoine immobilier des Belges a dès lors clairement franchi la barre des 1.600 milliards à la fin 2020. On peut être surpris d'apprendre qu'il se compose pour 970 milliards de terrains, contre 600 milliards "seulement" de bâtiments, essentiellement résidentiels. En réalité, il y a une astuce, que révèle un examen plus attentif des chiffres: les statistiques distinguent le bâti et le terrain qui le supporte. Ainsi, pas moins de 76% de ces 970 milliards sont des "terrains supportant des bâtiments résidentiels". On se disait aussi... Contre 39,1 milliards de terrains agricoles par exemple, ou encore 3,4 milliards de forêts. Il s'agit ici, pour être précis, du patrimoine immobilier situé en Belgique et détenu par des particuliers. Ce patrimoine immobilier est très supérieur au patrimoine financier. En termes nets, soit après déduction des dettes, ce dernier se montait fin 2019 à 1.102,4 milliards, toujours suivant les calculs de la BNB. Laquelle vient de publier les chiffres à fin septembre 2020: 1.101,8 milliards. Quasi-stabilité donc à neuf mois d'écart, après un léger repli à l'issue du premier semestre. Faisons les comptes. D'une part, l'immobilier s'est apprécié. D'autre part, la hausse de l'épargne a compensé la baisse de valeur globale des actions et autres actifs liés (fonds). Ceci toujours à fin septembre car, pour rappel, les actions ont vivement rebondi en novembre. Au total, "le Belge moyen détient à présent un patrimoine record de 237.000 euros", a calculé notre confrère L'Echo, sur la base d'un patrimoine net total de 2.730 milliards. Par ménage, le chiffre est de 550.000 euros. Voilà qui est rassurant! Du moins globalement, pas nécessairement pour tout le monde bien entendu... Mais que dire alors de l'étude réalisée par le gestionnaire allemand d'actifs Flossbach von Storch? Elle n'en est pas à sa première édition et celle de novembre dernier confirme la précédente: nous, Belges, sommes plus riches que nos voisins. Pas un peu, mais beaucoup! Les chiffres sont obtenus par indexation des données publiées en 2016 par la Banque centrale européenne (BCE) et datant de 2014. Cette précision étant donnée, on doit reconnaître qu'ils sont un peu (et même fort) surprenants... Le gestionnaire étudie l'évolution des patrimoines dans plusieurs pays européens, mettant notamment en évidence les disparités qui apparaissent entre le Nord et le Sud. On ne s'attachera pas à cet aspect des choses, pour s'en tenir aux données sur le patrimoine dans l'absolu. Calculées jusqu'au milieu de l'année 2020, celles-ci affichent alors une progression globale de 3,1% sur les 12 derniers mois. Le krach du premier trimestre était donc déjà effacé, notamment grâce à l'immobilier, en progrès de 4,9% sur la même période d'un an, ainsi qu'à l'or. Il faut en effet savoir que l'étude de Flossbach von Storch calcule les patrimoines au niveau global. Elle retient l'immobilier comme les actifs financiers, mais aussi les biens durables, dont les voitures, ou encore les oeuvres d'art et autres objets de collection. Voilà qui explique l'importante différence avec les chiffres de la BNB. Non seulement les Belges sont de très loin les plus riches, avec un patrimoine moyen de 370.000 euros par personne, mais ils sont suivis par... les Espagnols. Quant aux Allemands, ils se situent plus d'un tiers plus bas, puisque gratifiés de 240.000 euros à peine. Derrière les Français et quelques fractions devant les Italiens et les Néerlandais. Patrimoine moyen par citoyen dans six pays, en euro: Belgique: 370.000 Espagne: 308.000 France: 279.000 Allemagne: 240.000 Italie: 236.000 Pays-Bas: 233.000 Encore une fois, le chiffre calculé pour la Belgique surprend. La forte appréciation du patrimoine d'affaires (participations dans des entreprises non cotées en Bourse), que l'étude estime à un surprenant 18,3%, y contribue sans doute. Les Belges seraient aussi gratifiés d'un important patrimoine d'oeuvres d'art et objets de collection. Par contre, on n'est guère étonné de découvrir le bas du classement: le patrimoine moyen des Portugais serait de 185.000 euros seulement et celui des Grecs de 112.000 euros à peine. Sous cet angle, le classement semble, malheureusement pour ces derniers, fort crédible...