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Tout au bout des gorges de la Glueyre, le petit village protestant de Saint-Pierreville accueille la coopérative d'Ardelaine. Une belle histoire: Gérard et Béatrice Barras, qui avaient déjà rénové le hameau du Vieil Audon dans le sud de l'Ardèche à Balazuc, viennent dans un projet de village s'adresser à la filature locale dans cette vallée où l'on travailla longtemps la soie. Hélas, active 100 ans de 1860 à 1960, elle a fermé 12 ans plus tôt et n'y survit que la vieille propriétaire, Félicie Courbière, au milieu d'un moulin à eau sur la rivière (au départ meunier) et un bâtiment en déliquescence. De façon bénévole, aidé de quelques amis, le couple rénove la bâtisse, finit par la racheter aux enfants, en y laissant vivre la vieille dame. Leur but est également, dans une optique solidaire et coopérative très années 70, de faire revivre le lieu en "retricotant" en effet le lien avec les éleveurs locaux de moutons, et tout en apprenant peu à peu à tondre, laver, confectionner, voire matelasser. Devenue coopérative en 82, l'entreprise a grandi, toujours dans un esprit solidaire et de... coopération: elle emploie désormais 60 personnes qui traite 60 tonnes de laine par an, dont les tâches sont réparties entre divers emplois afin de procurer une diversité dans le travail. À l'activité qui, étrangement n'inclut pas le filage (trop compliqué) réalisé en Creuse, s'est ajouté un petit écomusée, heureusement pas poussiéreux, avec démonstration de cardage et filage, racontant l'histoire de la laine et de la mécanisation progressive de son traitement sur le site et ailleurs. La roue à eau existe toujours d'ailleurs. Les ateliers de fabrication de matelas à la main se visitent tout comme les machines de cardage et le traitement de la laine ( lavée sans bain chimique en Haute-Loire et dans le Piémont), avec entre autres l'ouvraison de celle-ci (consistant à ouvrir les flocons de fibres de laine). Par contre, le tricot et la confection se font en dehors du site, à Roanne et Valence. À tout cela s'ajoute également une librairie, très au fait des dernières sorties, un restaurant locavore principalement bio qui propose également du... mouton et possède une impressionnante carte de vins naturels et bio de proximité, un joli magasin d'usine à l'ambiance alpage proposant les produits locaux de grande qualité, variété et raffinement, et bien sûr un petit troupeau de moutons de huit individus, illustrant chacun les diverses races présentes dans les produits lainiers exposés. L'impact sur le village d'Ardelaine est par ailleurs important puisque le village compte désormais plus de 550 habitants, une école de 50 élèves et une crèche. Preuve de la renaissance de cette communauté de la montagne ardéchoise (située à environ 650 m d'altitude). Une entreprise au départ un peu baba cool qui a réussi a sauvegardé un patrimoine architectural, social, humain... et animal. - Ardelaine à 07190 St Pierreville. 00 33475 66 66 11 - www.ardelaine.fr - Restaurant La cerise sur l'agneau Dominant la vallée du Doux, sur lequel cette cité médiévale proprette offre un somptueux panorama, Boucieu le Roi est couronné par l'ancienne Maison forte ("maison" Pierre Vigne) devenue congrégation religieuse au début du 18e, laquelle abrite désormais un musée consacré à l'ancien propriétaire et aux soeurs de la Charité. Pas ou plutôt plus de signes de passage protestant ici: la petite église de Saint-Jean l'Evangéliste est pourtant d'une sobriété...réformée (ce fut un temple durant les guerres de religion), et le village compte un chemin de croix de 39 poternes voulu par Pierre Vigne, le seigneur du lieu au début des années 1700, détruit à la révolution et réhabilité en 1885. À voir également la maison du Bailly, dotée d'une tour d'angle. Enroulé autour de son imposant château-tour lequel flanque le temple protestant, Désaignes est une autre cité médiévale qui remet au goût du jour les anciens métiers comme celui de sabotier. Le village forme un ensemble homogène marqué par l'histoire (il y au aussi une église catholique d'époque) qui lui confère tout son charme. Situé sur un imposant promontoire rocheux qui offre une vue imprenable sur le plateau du Vercors en face, le château de Crussol fut le gardien du Rhône durant des siècles, le fleuve constituant une voie de communication depuis l'Antiquité. Édifiée au 11e siècle, cette ville entourée de remparts intérieurs compta jusqu'à 600 habitants au moment de son apogée vers 1400 avec notamment nombre d'artisans. Les guerres de religion, puis le temps, en eurent raison. Aujourd'hui ne subsistent dans un bon état que les remparts qui confèrent à l'ensemble une allure de petite muraille de Chine, des vestiges du logis seigneurial, de la tour du châtelet, et le souvenir de la Villette, preuve de l'imposante population qui y vivait. Abandonné par les humains, le site a été reconquis par la faune et la flore et est aujourd'hui classé en zone naturelle sensible. - Site naturel de Crussol et Soyons - Renseignements: 0033 475 41 99 19 À Privas, plus petite préfecture de France située au centre du département (Napoléon exigeait que le chef-lieu ne soit pas plus loin d'une journée de cheval pour chaque habitant du département), et ville qui ne manque pas de charme, une belle maison bourgeoise datant de 1904. Tenue par Jacques et François, cette maison d'hôtes propose trois chambres spacieuses mêlant mobilier ancien et oeuvres contemporaines. La grande terrasse offre une vue imprenable sur le Coiron (plateau basaltique prisé par les géologues du monde entier pour sa composition originale) en face. À ses pieds, un étonnant et grand jardin de ville pourvu d'une piscine à l'eau salée et chauffée des plus agréables. Aussi agréable que les hôtes, qui proposent par ailleurs une cuisine goûteuse et... locale. - Maison Jaffran, Suite en ville, 10 avenue de Vanel, à 07000 Privas. 00 33 6 22 03 25 87 - Pour des renseignements généraux: www.ardeche-guide.com