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Le livre n'est pas un pamphlet, mais un constat : celui de la domination américaine non pas seulement politique, mais économique. Et comme me disait un ancien collègue coréen : "l'économie c'est la guerre ". L'Amérique qui sanctionne des pays " voyous " ne voulait pas et ne veut toujours pas que ses entreprises se retrouvent défavorisées pour autant. Arguant dès lors de l'équité de la compétition dans un monde libéral, elle a mis au point un arsenal législatif doté d'une compétence extraterritoriale. Ce qui dans un monde capitaliste parait justifié. Sauf que cette législation sert également d'instrument politique et économique afin de mettre la main sur des joyaux industriels européens, puisque le Vieux continent craignant les amendes colossales ou les peines d'emprisonnement pour ses dirigeants se soumet au diktat de la législation américaine, et se montre incapable de mettre au point une quelconque représaille face à un allier dont elle est surtout et avant tout le vassal.Tout ceci, Ali Laïdi, chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques, le démontre documents et études à l'appui, illustrant les connections entre services renseignements, espionnages et contre-espionnages, sphères militaires et monde politique mis au service de l'économie, conçue en l'occurrence comme arme de destruction... créatrice.L'auteur, qui est docteur en sciences politiques, et sans doute l'un des premiers à pointer l'un des points positifs du Brexit s'il advient un jour (la fin du règne des firmes d'avocats anglo-saxonnes en Europe dans leur gestion du common law à la base des lois commerciales extraterritoriales étasuniennes) montre si besoin l'était encore la dépendance et la faiblesse de l'Europe que l'on savait politique, mais qui est dès lors économique face à la prédation de même type du " grand frère ". Plus facile évidemment de se plaindre, à juste titre, de la puissance chinoise...Même si l'on peut reprocher à l'auteur dont le style est par ailleurs aussi didactique que convaincant, son penchant gaulliste ou gaulois, force est de constater que cette analyse percutante publiée chez un éditeur de renom, restera lettre morte au niveau politique.Même les tentatives et gesticulations d'un Emmanuel Macron ou d'une Angela Merkel semblent théâtrales, mais sans effet, notamment face aux mesures de rétorsion édictées par Trump dans sa dénonciation de l'accord sur le nucléaire iranien. Qu'on ne si " Trump " pas d'ailleurs : même s'il le fait de manière brutale, ce qui a au moins le mérite de la clarté, l'oncle Donald ne fait que poursuivre une politique économique mis en place par ses prédécesseurs depuis les années... septante.Car comme le disait Brzezinski ancien conseiller de Jimmy Carter dans son ouvrage Le grand échiquier : " maintenir la suprématie de l'Amérique requiert trois choses : éviter les collisions entre vassaux et les maintenir dans l'état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives. "Les Chinois et les Russes, entre autres, continuant à jouer leurs rôlesd'épouvantail, les vassaux européens peuvent continuer à payer leur dîme... de préférence en dollars.