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Le premier médicament approuvé le 22 décembre par la FDA pour une utilisation dans des situations d'urgence repose sur la combinaison de deux inhibiteurs de protéases, le nimratrelvir et le ritonavir.(1) Le nimratrelvir exerce un effet inhibiteur puissant sur la principale protéase du Sars-CoV-2, ce qui entrave la scission des précurseurs protéiques et la formation des protéines virales définitives au cours de la réplication du pathogène. Le ritonavir est ajouté à la formule afin d'accroître la demi-vie du nimratrelvir. La FDA stipule que ce traitement combiné est indiqué chez les patients qui présentent une infection Covid légère à modérée biologiquement démontrée en présence d'un risque accru d'évolution défavorable (en ce compris risque d'hospitalisation et/ou de décès). La thérapie doit être initiée le plus rapidement possible après l'apparition des symptômes et au maximum cinq jours plus tard. Sa durée s'élèvera à cinq jours au maximum. Cette conclusion repose sur une étude de phase 2/3 randomisée, en double insu et contrôlée par placebo portant sur un peu plus d'un millier de patients atteints d'une infection Covid légère à modérée, non vaccinés et qui n'avaient pas encore été confrontés au virus dans le passé. Le traitement abaissait le risque d'hospitalisation ou de décès à 28 jours de 88% en comparaison avec un placebo chez les patients qui l'avaient entamé dans les cinq jours suivant l'apparition des symptômes. Aucun décès n'a été constaté dans le groupe traité, alors qu'il y en a eu dix dans le groupe placebo. Dans un communiqué de presse du 22 décembre, la FDA souligne que le nimratrelvir/ritonavir ne peut en aucun cas remplacer la vaccination chez les personnes qui y sont candidates et appelle une nouvelle fois avec insistance la population à se faire immuniser. Le nouveau traitement oral ne peut pas non plus être utilisé en guise de prophylaxie pré- ou post-exposition au Sars-CoV-2, puisqu'on ne dispose pas, à ce jour, de résultats d'études dans cette indication potentielle. Pfizer, son producteur, signale néanmoins qu'une étude de phase 2/3 est en cours pour évaluer son efficacité et sa sécurité chez les personnes infectées sans risque accru d'évolution défavorable. Dans le cadre du même programme, une étude s'attache à examiner si le traitement par nimratrelvir/ritonavir est susceptible d'offrir une protection contre l'infection par le Sars-CoV-2 après exposition à un membre de la famille contaminé (2). Le nouveau traitement est commercialisé sous le nom de Paxlovid. Un jour après le nimratrelvir/ritonavir, le molnupiravir aussi a franchi la ligne d'arrivée de son parcours administratif à la FDA(3). Le molnupiravir est un analogue nucléosidique qui perturbe la synthèse de l'ARN viral. Les résultats soumis à la FDA et à l'EMA proviennent d'une étude randomisée en double aveugle et contrôlée par placebo auprès d'un peu plus de 1.400 patients atteints d'une infection Covid légère à modérée et présentant un risque accru d'évolution défavorable. Après 29 jours, 6,8% des patients traités et 9,7% de ceux qui avaient reçu le placebo avaient dû être hospitalisés ou étaient décédés. Au cours du suivi, les auteurs ont consigné un seul décès dans le groupe traité et neuf dans le groupe placebo (4). Le produit est commercialisé sous le nom de Lagevrio. Il est produit par Merck aux États-Unis et par MSD en Europe. Le Royaume-Uni l'a approuvé dès début novembre pour le traitement des patients à haut risque victimes d'une infection Covid-19. La disponibilité d'un éventail plus large de traitements antiviraux permet d'atteindre le plus possible de patients à risque pour éviter que l'infection Covid-19 ne connaisse, chez eux, un décours sévère. Au vu de l'effet du ritonavir sur le métabolisme hépatique, le Paxlovid ne peut pas être combiné avec certains médicaments dégradés par le foie et qui peuvent être dangereux à des concentrations accrues. Il est également contre-indiqué en présence de graves troubles hépatiques ou rénaux. Enfin, la FDA avertit aussi que, chez les personnes porteuses d'une infection à VIH1 mal contrôlée ou non diagnostiquée, la prise du Paxlovid peut induire une résistance contre les traitements anti-VIH1. En ce qui concerne le molnupiravir, la FDA précise encore que des études chez l'animal donnent à penser que, administré durant la grossesse, le médicament pourrait nuire au foetus. Il n'existe pas à l'heure actuelle de données concluantes concernant sa sécurité dans ce contexte chez l'être humain, mais l'agence américaine recommande de ne pas l'utiliser chez les patientes enceintes pour le moment, sauf si le médecin prescripteur juge que le rapport risques-bénéfices le justifie et à condition que la patiente ait été soigneusement informée de l'état actuel des connaissances.