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"U n petit mot sur le contexte... Nous avons négocié dans une situation particulièrement difficile avec des troupes épuisées par la pandémie", précise le Dr De Munck. "La négociation s'est faite en vidéo-conférence avec 60 personnes dont beaucoup en "écran noir", dans le carcan budgétaire que l'on connaît. La marge de manoeuvre fut bien étroite!"Le Dr De Munck souligne la satisfaction d'avoir obtenu la consultation à 30 euros (en 2024), l'extension de la gestion du DMG à d'autres tranches d'âge et le doublement du financement de la garde de semaine (lire notre dernière édition). Sur ce dernier point, De Munck rappelle: "Nous avons dû batailler pour l'obtenir! Ce n'est pas rien! Le fait que l'instauration des coopérations fonctionnelles soit postposée pour le moment où l'on sera prêt, c'est extrêmement important! Tant qu'on n'a pas négocié les coopérations fonctionnelles ce n'est pas la peine de les installer..."L'extension du DMG aux 35-85 ans est une excellente chose pour le syndicat de généralistes. " Même si au GBO, nous voudrions bien évidemment un financement du DMG du berceau au tombeau. Mais nous sommes pragmatiques. Il n'y a pas de financement pour l'instant. Acceptons l'augure de cette politique des petits pas." Quant au tarif de la consultation à 30 euros, il faut rendre à César, rappelle le président du GBO. "C'était une revendication de l'Absym. Mais nous y avons souscrit immédiatement." Mais il est des avancées dont on a moins parlé, c'est par exemple, la mention que la réforme de la nomenclature qui prévoit l'introduction de financements plus mixtes tenant compte de différents éléments. "À ma grande joie, ils font fait référence aux "5 P": patient, prévention, performance, pratique, prestataire. Dans notre programme 2014-2018, nous l'avions mentionné. Certes, ce n'est pas le copier-coller de notre proposition mais il s'agit quand même d'une évolution positive même si c'est à ranger dans les déclarations d'intention."Qu'est-ce qui est moins bon dans l'accord alors dès lors que le GBO se gardait fin d'année 2021 de tout triomphalisme? "Toutes les incertitudes! Prenons un exemple: les fameux "projets transversaux". On a obtenu que les objectifs de soins de santé soient décidés au sein de la médico-mut. Car si cela échappe à la CNMM et que c'est décidé au comité de l'assurance, les médecins n'auront plus voie au chapitre. Il y a risque qu'une partie de notre enveloppe "honoraires médicaux" soit attribuée à une initiative transversale "autre". Ça pourrait échapper au contrôle de notre enveloppe..."Autre ombre au tableau, l'indexation, nulle en 2022, sous condition en 2023... "Les médecins subissent l'inflation comme n'importe qui d'autre... C'est un pari sur l'avenir. Mais il faut être réaliste: il était difficile de faire autrement." Le syndicaliste rappelle que ces accords sont l'aboutissement d'un compromis avec les autres syndicats, les organismes assureurs et le ministre de tutelle. On ne peut pas tout avoir même si souvent le terrain ne le comprend pas. "On est quand même arrivé à un accord de deux ans avec des mesures financées ainsi que des déclarations d'intention sujettes à réflexion..."Ceci dit, un accord pour deux ans, est-ce forcément positif? "Ça dépend: si vous obtenez des choses importantes, vous avez tout intérêt à ne rien changer pendant deux ans. Dans le cas qui nous occupe, il faut être réaliste. L'accord se terminera à la fin d'une législature. Signer un accord pendant deux ans avec le ministre actuel, ce n'est pas négligeable. Lorsqu'on signe pour un an, il faut souvent renégocier. Un horizon de deux ans nous a permis d'obtenir des avancées importantes car les ministres sont toujours intéressés que ce soit pour plus d'un an!"Vandenbroucke est-il de plus en plus présent comme "chaperon" de l'accord? On entend cela dans la coulisse. Le Dr Munck nuance: "Oui et non. La directivité du cabinet Vandenbroucke est très forte. La décision de passer de quatre à cinq ans pour les élections médicales, n'a jamais été négociée. Il y a eu une réunion avec Frank Vandenbroucke consacrée à l'accord lui-même (ce type de réunion ne sont pas légion, je dois le souligner puisque j'ai rencontré le ministre deux fois). Ça s'est passé en comité restreint. Il voulait nous préciser les points d'attention, les points importants... Cependant, on voudrait bien à l'avenir avoir une vraie concertation avec le ministre, et qui aille au-delà du seul Covid-19, ce qui n'est pas le cas actuellement. J'espère qu'en concluant un accord en rencontrant une série de ses préoccupations et ses priorités, on aura la droit en contrepartie d'installer une concertation plus périodique pour mettre sur pied un tas d'autre chose."Paul De Munck se réjouit par ailleurs de l'accord obtenu au niveau de la téléconsultation. Le problème est que pour l'instant on est dans une mesure transitoire. Tout le monde sait que c'est imparfait. Il faut attendre les conclusions du groupe de travail Vandenbrul/Belche. Il y aura des exigences de qualité et un mode rémunération qui tiendra compte des besoins, précise-t-il. Notre chroniqueur Carl Vanwelde précisait récemment que la téléconsultation va bien au-delà du téléphone. Elle devrait intégrer la vidéo-consultation comme Whatsapp. Le Dr De Munck abonde. "Mais je ne choisirais pas Whatsapp parce que, précisément, cette plateforme pose des problèmes de sécurité. Il faut bien évidemment un outil de vidéo-consultation garanti par les structures publiques ou par la profession qui respecte la vie privée. Il faut éviter que des compagnies privées d'assurance s'en emparent avec des visées commerciales. Ce fut aussi un point de discussion. On en a convaincu le ministre. Le cadre doit être discuté avec l'Inami. Frank Vandenbroucke a compris cela. Cela doit se passer dans le cadre d'une relation thérapeutique claire, par exemple avec un patient que le médecin connaît bien et dont il gère le DMI. Pendant la garde, il faudrait aussi imaginer un dispositif. Il ne faut pas ouvrir la porte à du grand n'importe quoi. Sinon on va droit vers l'ubérisation de la relation privilégiée entre le médecin et son patient."Enfin, Paul De Munck souhaite un éclaircissement quant aux assistants de pratique et notamment l'infirmier de pratique avancée en médecine générale. Ce dispositif est prévu dans l'accord médico-mut mais l'aide à la 1ère ligne est régionalisée. Donc on ignore qui va payer. Le Fédéral "en concertation avec les entités fédérées", comme l'indique, sibyllin, le texte de l'accord? "On est parti pour la gloire. Un infirmier en 1ère ligne, si ce n'est pas dans la nomenclature de l'Inami, ce n'est pas finançable par le Fédéral..."