...

à l'origine l'histoire de Crans-Montana se conjugue avec les pratiques médicales. Le premier hôtel voulu par deux amis chasseurs - et situé au point de jonction entre les alpages de Crans et Montana, qui ne lassaient pas de la vue vertigineuse des montagnes qui s'offrait à eux, cet Hôtel du Parc, ouvert en 1892, compta parmi ses premiers hôtes le docteur genevois Stefani, spécialiste des voies respiratoires et venu en compagnie de son fils, enfant tuberculeux, profiter des bienfaits de l'air sec des cimes qui circulait sans encombre sur ce haut plateau situé à 1.500 mètres d'altitude. Il ouvrit un sanatorium, qui devint plus tard celui dévolu au Canton de Berne, lequel existe toujours, tout comme celui de Lucerne, Genève et bien sûr le Valaisan. Très vite, le train reliera Genève à l'adret (versant sud du Valais) situé au soleil, et verra défiler d'une part une clientèle haute-bourgeoise et de l'autre de malades, les premiers s'installant à Crans, les seconds à Montana. Si les différences s'atténuent - la station compte aujourd'hui 6.000 habitants à l'année et 30.000 à la haute saison, Crans arbore encore ce côté vieil argent genre Megève (certains moqueurs parlent des "bottines à franges") qui a percolé vers Montana, sans pour autant résulter, sur cet étonnant plateau, en grandes barres ni gestes d'architecte défigurant le paysage. Tout se passe dans la beauté parfois anesthésiante des balcons de bois qui abritent souvent des magasins de marques de luxe. Et pour cause, des célébrités comme Roger Moore, Alain Delon, Charles Aznavour ou Carole Bouquet ont choisi d'y construire leur igloo. Rien de bling-bling ici, juste une assurance tranquille, dans une station qui privilégie avec ses 140 kilomètres de pistes (culminant à 3.000 mètres et avec le glacier de Plaine Morte à 2.800) face à un panorama permanent et d'une insolente beauté propice à un ski contemplatif, et arbore un côté moltonné à la Megève. La clientèle vient surtout à Crans-Montana pour la vue (une vue panoramique que ce plateau à 360° sur les plus hauts sommets des alpes de plus de 4.000 mètres dont le Mont-Blanc et le Cervin entre autres), l'évasion et le repos douillet, même si, en hiver, la station propose des activités variant du ski alpin au ski de fond en passant par celui de randonnée, la raquette, le chien de traîneau, le fatbike (vélo à gros pneus pour rouler sur la neige) voire des initiations au curling. Autre activité proposée: une montée en raquette dans la neige à la nuit tombante jusqu'à une ravissante chapelle toute en bois qui domine toute la vallée. Sans oublier l'été, le tournoi de golf réputé (il y en a deux à Crans-Montana) qui fait partie du prestigieux European Tour depuis 80 ans et attire chaque année 50.000 spectateurs! Ce qui secoue un peu cette station qui joue surtout de son image de tranquillité, même si elle accueille également un festival de musique classique à la belle saison. Neuf lacs gelés l'hiver balisent ce qui fut également un ancien marécage, sur lesquels on ne patine pas (il y a bien sûr une patinoire dernier cri) dans une station qui, outre la montagne, possède même une forêt conséquente de pins à ses pieds qui borde le lac de la Moubra et propose des parcours de trail. La clientèle - d'abord principalement romande, puis française, allemande et enfin bénéluxienne - se régale des spécialités valaisannes dont bien sûr la raclette qui, ici, se mange uniquement avec des pommes de terres, la charcuterie étant servie en entrée. Cette icône de la cuisine alpestre s'arrose de fendant local à base du cépage chasselas. Ce n'est d'ailleurs pas le seul cépage a piqueté les coteaux plein sud dans la montée vers Crans-Montana: le johannisberg et l'arvine complètent la gamme locale, tandis qu'en rouge le cornalin défend les couleurs du Valais. Il est d'ailleurs possible de partir toute l'année durant cette fois à la découverte du vignoble de Crans-Montana, commune qui débute à 500 mètres d'altitude pour terminer à 3.000, et englobe dès lors le village de Lens. Lequel regorge de vignes cultivées en terrasse dans cette région du Valais qui compte 56 cépages, selon Catherine Antille Emery, petite-fille du fondateur du premier hôtel de Crans Montana et qui désormais donne dans l'oeno tourisme valaisan. Le village de Lens accueille d'ailleurs un musée de la vie traditionnelle, et à l'époque pauvre, du Valais, dernière région à rejoindre la Confédération helvétique n 1815. Une région rebelle et un village de Lens qui vit y séjourner l'écrivain vaudois Charles Ferdinand Ramuz et Igor Stravinsku qui y écrivirent à deux la fameuse Histoire du soldat... L'auteur de Et si le soleil ne revenait pas peut dormir éternellement tranquille: à Crans-Montana, du lever au coucher, il est toujours là.