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Deuxième album studio en un an pour Neil Young, le vétéran de la scène rock américaine qui jongle entre les rééditions, les inédits et les bootlegs mais continue cependant à creuser son microsillon. Et pour cause, the man (de 77 ans) has a mission: il veut nous alerter du changement climatique. Ce Canadien jamais totalement américanisé, sorte d'Indien qui continue à prêcher la symbiose entre la nature et les "êtres humains", remonte une fois de plus en selle (58e album! ) suivi de son Crazy Horse pour s'en aller galoper et faire la danse de la pluie autour du climat, son dernier totem. Enregistré par Rick Rubin, qui l'a voulu organique, analogique, peuplé d'instruments vintages (dont Neil lui-même? ) à écouter l'harmonium sur "The World (Is In Trouble)" pour des morceaux moins foutraques et moins marqués par l'urgence que lors des dernières livraisons du vieux Young, "World Record" est dompté par sa guitare graisseuse et sa voix nasillarde (pas autant que Bob Dylan, tout de même). Bon, rien de révolutionnaire ("Break The Chain" aurait pu être enregistré il a 50 ans), mais ce n'est pas pour autant du protest song folk-rock dans lequel la musique sert juste de portée aux mots: la preuve avec "Overhead", notamment. Ceci dit, Neil Young reste Neil Young, et il termine l'album, ou presque, jusque-là compact et cohérent dans le genre credo écolo, sur une sorte de virée en guitare et en voiture, puisqu'il évoque le plaisir de rouler en Chevrolet (et pas électrique comme la guitare) pendant des miles et des miles... Genre slogan publicitaire: "mon auto, ma liberté". Faudrait peut-être qu'un jour ce parangon antiguerre, fasse la paix... avec lui-même.