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Commençons par les mesures étatiques prises par le gouvernement fédéral. Le Codeco "énergie" de la semaine dernière a, il faut le dire, accouché d'une souris. "On attend que l'Europe intervienne", pourrait-on résumer. Le Comité de concertation s'est donc borné à reconduire les mesures déjà en vigueur jusqu'au 31 mars 2023. Le tarif social élargi est donc maintenu, tout comme la TVA réduite à 6% sur le gaz et l'électricité. Cette dernière mesure devrait par ailleurs être pérenne si l'on en croit les propos du ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, qui annonçait le 1er septembre que "le taux de 21% ne reviendra jamais". Concernant la facture de mazout, la compensation de 225 euros par ménage est toujours d'actualité. Enfin, les accises sur l'essence et le diesel continuent d'être réduites. Pour l'heure, pas question de plan d'énergie - à l'instar de ce que propose le gouvernement italien, par exemple - ou de se servir dans la manne des surprofits du secteur énergétiques. Des profits évalués à deux milliards d'euros par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg) rien que pour les centrales nucléaires non prolongées. Première à se positionner suite au Codeco "énergie", la Région bruxelloise n'avance pas non plus de solutions miracles. L'objectif est de miser sur la sobriété du secteur privé via des mesures obligeant la fermeture des portes des bâtiments chauffés, l'extinction des enseignes lumineuses en dehors des heures d'ouverture, l'obligation de fermeture des meubles réfrigérés et la limitation des espaces publicitaires lumineux. Rien qui impacte réellement le médecin. Côté wallon, des mesures ont (enfin) été proposées mercredi dernier. Ces mesures concernent les ménages les plus fragiles. Ainsi, un moratoire hivernal sur les expulsions domiciliaires sera mis en place pour les expulsions de logements privés jusqu'au 15 mars 2023 et les coupures d'énergie seront suspendues pour les ménages durant les mois de novembre et décembre 2022. En Flandre, les mesures concrètes sont attendues pour le 26 septembre. Jo Brouns (CD&V), ministre flamand de l'Économie, plaide pour une "approche à deux voies", prévoyant un accroissement de l'efficacité énergétique des entreprises et la compensation d'une partie de l'augmentation des coûts liés à l'énergie. Les mesures de soutien seront temporaires et ciblées sur les entreprises qui subissent une perte d'exploitation en raison d'une augmentation exceptionnelle de leurs coûts énergétiques et conditionnées à un engagement en faveur des énergies renouvelables tout en maintenant la production. Les médecins pourraient rencontrer ces conditions. La Commission européenne (CE) a proposé aux États membres cinq domaines d'action. Parmi celles-ci, la CE propose de réaliser des "économies intelligentes", car au-delà de la guerre, la sécheresse a considérablement réduit la production hydroélectrique et compliqué l'exploitation des centrales thermiques comme nucléaires. L'objectif est de lisser les pics de consommation qui poussent les prix de l'électricité à la hausse. La CE compte également mettre à contribution les producteurs d'énergies renouvelables et le nucléaire. Au-delà d'un seuil de prix à déterminer, les producteurs d'énergie devraient rendre la différence par rapport au prix de marché, afin de récupérer une rente considérée comme injustifiée. Les groupes gaziers et pétroliers seront également visés par des taxes exceptionnelles dont les recettes seraient redistribuées aux foyers les plus vulnérables et aux entreprises les plus fragilisées. Enfin, c'est la mesure qui a le plus fait parlé d'elle: la CE propose de plafonner le prix du gaz russe. "Cela ne suffira pas à faire baisser les prix", a réagi le Premier ministre Alexander De Croo, qui propose un plafonnement sur l'ensemble des prix du gaz, pas uniquement celui d'origine russe. Une proposition d'actions concrètes est attendue le 30 septembre, pour peu qu'elle reçoive l'aval des 27 États membres. Pas gagné donc...