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Avec la quatrième vague qui se déchaîne et l'avènement du nouveau variant omicron, il est évident que nous allons encore devoir vivre un moment avec le Covid-19. La prévention des contaminations et infections symptomatiques restera donc essentielle dans le futur. À côté de l'administration de la troisième dose et de l'amélioration du taux de couverture global, on peut épingler plusieurs nouveaux développements au niveau de la vaccination, à commencer par son élargissement à d'autres groupes d'âge, précise le Pr Leroux-Roels. On vient ainsi d'apprendre qu'un vaccin à ARNm est désormais autorisé pour l'immunisation des 5-11 ans et, dans les mois à venir, on peut s'attendre à ce que les instances réglementaires donnent leur fiat à la vaccination de patients encore plus jeunes - une possibilité qu'il est important de garder sous le coude au cas où l'évolution de la situation épidémiologique l'exigerait. On attend également à brève échéance l'approbation dans l'UE de deux nouveaux vaccins. Le premier, développé par la firme Valneva, repose sur un virus inactivé couplé à deux adjuvants (l'aluminium et le CpG1018). Le second, conçu par la firme Novavax, se base sur une protéine sous-unitaire recombinante également doublée d'un adjuvant. Les deux nouveaux venus devraient également être utilisés chez nous dans certaines populations, par exemple celles qui ne peuvent pas recevoir les vaccins à ARNm actuels en raison d'un risque allergique. De nombreuses études de suivi sont par ailleurs en cours avec les produits déjà disponibles, par exemple pour investiguer l'efficacité de schémas mixtes. Le CEVAC aussi y est activement impliqué. Face au risque d'une possible propagation plus large du variant omicron, la grande question qui se pose est de savoir dans quelle mesure la protection assurée par les vaccins actuels (basés sur la souche originale de Wuhan) reste efficace. D'après le Pr Leroux-Roels, nous devrions avoir la réponse avant la fin de l'année. Plusieurs études in vitro sont en cours pour déterminer si les anticorps des patients vaccinés ou précédemment infectés sont encore en mesure de neutraliser omicron ; il est important de prendre également en compte l'effet de la troisième dose (de rappel) dans l'obtention d'une protection plus étendue contre les nouveaux variants. La capacité des vaccins actuels à déclencher une réponse lymphocytaire T contre les nouvelles formes du virus aussi est à l'étude. In vivo, des chercheurs s'attachent actuellement à jauger la capacité des vaccins existants à protéger contre l'infection par le variant omicron dans des modèles de hamster... et la surveillance épidémiologique des régions où il circule déjà devraient évidemment aussi livrer des données capitales. Sachant qu'omicron présente plus d'une trentaine de mutations au niveau de la protéine spike ciblée par les vaccins actuels, on peut toutefois d'ores et déjà s'attendre à ce que la protection soit moindre, poursuit le Pr Leroux-Roels. De ce fait, nous devons tenir compte de la possibilité qu'une adaptation des vaccins puisse être nécessaire. Sur ce plan, la bonne nouvelle est que la modification des vaccins à ARNm est relativement simple à réaliser sur le plan technique et sur celui de la production. Il faudra néanmoins un certain temps pour recueillir les données cliniques confirmant l'efficacité et la sécurité de la nouvelle formule, mais de grands essais d'efficacité de phase 3 ne seront heureusement plus nécessaires. Dans ce contexte, les autorités réglementaires attendent en effet simplement des preuves que la sécurité et la capacité du produit à générer une réponse anticorps comparable à celle obtenue avec les vaccins originaux sont préservées. Les études cliniques seront réalisées chez des sujets jamais vaccinés pour tester un schéma en deux doses ou chez des personnes déjà vaccinées qui recevront le nouveau produit en guise de dose de rappel. Un autre point positif est que les producteurs de vaccins ont déjà quelque peu anticipé en générant une masse conséquente de données concernant des vaccins adaptés à des variants existants, dont delta. S'il s'avère nécessaire, le processus pourrait néanmoins, en comptant la réalisation des études et la procédure d'approbation, prendre de quatre à six mois. Dans le futur, suivant l'évolution de la situation épidémiologique, la nécessité d'actualiser régulièrement les vaccins ciblant la protéine spike pourrait bien être le principal talon d'Achille de la prévention, estime encore la spécialiste. Des chercheurs s'attachent donc à développer des sérums contre des antigènes viraux plus conservateurs afin de parvenir à un vaccin universel... mais ce n'est pas encore pour tout de suite. Une autre piste qui pourrait être moins lointaine est celle du développement de vaccins à ARNm dirigés contre les protéines spike de plusieurs variants. Sachant que la réponse immune aux vaccins actuels diminue au fil du temps, les scientifiques s'intéressent aussi au développement de produits capables d'induire une réponse plus marquée et/ou plus prolongée, qui pourraient s'avérer importants en particulier pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli et chez qui la réponse reste suboptimale même après la troisième dose. Les nouveaux antiviraux aussi pourraient avoir un rôle important à jouer dans ce groupe spécifique. Pour conclure, le Pr Leroux-Roels souligne qu'il serait judicieux de nous préparer à un avenir où le virus du Covid-19 restera présent sous une forme endémique, avec à la clé des risques de santé pour certaines populations. C'est la raison pour laquelle les scientifiques examinent aussi actuellement la possibilité d'adapter la formulation et la présentation des vaccins afin qu'ils puissent, une fois que l'immunisation de masse ne sera plus nécessaire, être plus facilement administrés par les médecins de famille.