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L éna Luyckfasseel, directrice Programme et Performance à l 'International Planned Parenthood Federation european network (IPPF) était la première invitée du colloque. Elle a exposé les recommandations de l'OMS et de l'IPPF : " Suite au confinement, des mesures ont été prises un peu partout dans le monde. En France par exemple, le gouvernement a autorisé les pharmaciens à délivrer la pilule sans ordonnance pour que les femmes puissent se rendre directement en pharmacie. La Belgique et d'autres pays sont passés par la télémédecine pour délivrer des ordonnances par email. Et quelques pays comme l'Albanie, la Géorgie et des pays d'Amérique du Sud, ont introduit la livraison de contraceptifs à domicile par des bénévoles et des associations membres. "L'OMS a publié en 2019 des recommandations pour des interventions d'auto-prise en charge en termes de santé sexuelle guidées par la télémédecine. Trois nouvelles recommandations ont été rajoutées, concernant l'auto administration, la pilule sans ordonnance et le Kit de prédiction d'ovulation. L'auto-prise en charge a aidé au bon fonctionnement du système de santé durant la pandémie. Elle a été utile quand les services de soins et les médicaments habituels étaient difficiles d'accès, déclare l'OMS. L'IPPF, de son côté, considère qu'il s'agit d'un domaine en pleine expansion et que les résultats des recherches sont encore limités. " La télémédecine dans tous les cas, est complémentaire mais ne substitue pas la consultation en présentiel. Car il est essentiel de vérifier l'efficacité d'un traitement, conclut l'invitée. Par la suite, les différents usages de la télémédecine au service de la contraception ont été présentés par le Dr Pierre Simon, président-fondateur de la Société française de télémédecine (SFT) et pionnier dans le domaine de la télémédecine. " La prescription d'une première contraception est un premier cas, et il est bon de vérifier sa tolérance au cours des six premiers mois. Avant la nouvelle consultation présentielle, le médecin peut proposer une ou deux téléconsultations programmées. En cas d'intolérance avérée à cette pilule, le médecin prescripteur qui réalise la téléconsultation peut aussi précipiter la consultation en présentiel. "Un deuxième cas est l'oubli ou le décalage d'une pilule qui entraîne un IVG dans 10% de cas. " La téléconsultation non programmée ou immédiate pourrait contribuer dans ce cas à réduire la fréquence d'IVG. " Un troisième cas est la demande de contraception d'urgence. " Si le rapport fécondant a eu lieu au-delà de 72 heures, il faut recourir à une pilule dont l'action s'étend à 120 heures. Une ordonnance médicale est alors nécessaire pour que cette pilule soit remboursée et une consultation médicale, qui peut être à distance, s'impose pour bien poser l'indication. Cette téléconsultation peut être utile pour prendre un rendez-vous de pose de dispositif intra utérin dont l'efficacité est totale lorsqu'elle est posée dans les cinq jours qui suivent le rapport fécondant. "En France, une personne qui ne dispose pas de réseau numérique peut se rendre chez son pharmacien ou dans un cabinet infirmier libéral qui a un accès internet. Le pharmacien peut assister à la téléconsultation tout en respectant le secret professionnel et est rémunéré pour cette période d'assistance. De même les infirmières peuvent assister à la téléconsultation ce qui améliore la qualité de la consultation. Ceci permet également d'utiliser des objets connectés très utiles comme le stéthoscope connecté. En Belgique, l'échange de données santé sécurisée entre prestataires se fait à travers deux systèmes, d'un côté les Réseaux de santé wallon/bruxellois ou flamands et de l'autre l'EH box qui est fédéral, explique, Philippe Jongen, directeur médical, Réseau santé Wallon, lors de son exposé. Mais comment communique-ton de manière sécurisée avec le patient, demande une personne dans la salle ? " On ne devrait pas utiliser des messageries de types gmail pour communiquer une prescription au patient ", précise-t-il . " Par contre, dans la preuve de prescription actuelle, se trouve un code barre qui, lui, peut circuler librement dans les messageries habituelles parce qu'il est impossible de le décoder. Par ailleurs, des logiciels sont en train de se développer comme Helena(1) ou Medinect (2) qui disposent d'un système sécurisé pour communiquer entre le prestataire de soin et le patient. Au Réseau Santé Wallon nous sommes en train de finaliser une application pour le patient qui va permettre de transférer des informations sécurisées depuis le prestataire de soin vers le patient. Watsapp n'est évidemment pas la meilleure manière de communiquer des prescriptions de manière sécurisée mais vous pouvez toujours le faire avec le consentement de votre patient. "Il existe toute une population, en marge, confrontée au problème de connexions. Dans ce cas, un envoi par la poste est possible mais il est clair qu'il ne faut pas être pressé. Quant aux personnes qui n'ont pas de boîte email, le médecin peut envoyer son ordonnance à sa pharmacie référente. La télémédecine reste complémentaire aux consultations présentielles. Elle donne difficilement accès au public plus précarisé mais elle a représenté une solution lors de la pandémie. " Elle permet aussi de gagner du temps et peut étendre l'accès au service Evras à des personnes qui ne viendraient pas dans les centres de planning. " conclut Caroline Watillon, chargée de mission FLCPF.