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Le musée Unterlinden à Colmar qui a fait discrètement peau neuve voici cinq ans, abrite désormais bien d'autres merveilles que le retable d'Issenheim, notamment des oeuvres de Schongauer, modèle de Dürer, de Cranach, plus récemment de Monet, Picasso voire même de contemporain comme Hartung. A Kaysersberg, à 10 km de Colmar, le Dr Schweitzer, enfant du pays, est célébré dignement par une statue qui fait face à la maison familiale du pasteur médecin abritant aujourd'hui un petit musée. Dès l'entrée de ce petit musée un peu décati, on est assailli par les souvenirs africains du médecin alsacien, même si quelques vitrines évoquent rapidement son enfance, son versant musicien et le jumelage de Kayersberg avec la ville de Lambaréné qui abrite son hôpital... L'objet principal du musée est en fait presque entièrement dévolu à sa période africaine, illustrée au travers de masques superbes - dont hélas on ne précise pas l'origine - et d'instruments de musiques en provenance du Gabon où Albert Schweitzer s'installa. Quelques objets personnels également comme ses lunettes et bien sûr son stéthoscope font face à des photos qui montrent les différents séjours du praticien en Afrique. De l'hôpital primitif en 1913 en passant par les premières constructions en dur datant du deuxième voyage en 1925, le musée met chaque fois en scène un Albert Schweitzer aussi bien soignant que mettant la main à la pâte, clouant une planche ou portant une brouette. Les photos, constellées de citations tirées de l'oeuvre de Schweitzer souvent l'oeuvre d'Erica Anderson, l'une des assistances du docteur, montrent la vie et son évolution au cours des années dans l'hôpital qui ne cesse de grandir. Dans la deuxième pièce, outre des masques et un superbe siège lézard, des photos montrent Schweitzer entouré d'animaux (gorilles, chats, de son fameux pélican). L'oeuvre africaine de cet honnête homme au sens de la Renaissance, pasteur, théologien, musicien, philosophe et médecin se perpétue désormais sans son créateur à Lambaréné comme le montrent les réalisations posthumes concrétisées par sa fondation au Gabon. Une petite partie de l'exposition le montre par ailleurs en compagnie de célébrités justement dont la Reine Elisabeth de Belgique, une amie très chère que l'on voit l'accompagner lors de son dernier séjour à Kaysersberg en 1957. Albert Schweitzer partageait avec notre souveraine nombre d'idées novatrices, dont il discutait en se promenant notamment à Gunsbach où il résidait lors de ses retours en Europe, vers le rocher du Kanzrain. Sous les nids de cigogne, on se souvient de cet autre grand d'Alsace à avoir émigré vers des cieux africains... Surplombant le vignoble alsacien, le magnifique château du Haut-Koenigsbourg (l'un des monuments les plus visités de France et situé à 21 km de Colmar) est loin d'avoir connu au cours de son passé tumultueux la splendeur qui est sienne aujourd'hui. Le castel originel qui date en fait du 12e siècle, a bien étendu son emprise sur la région au cours des siècles, prenant l'apparence d'un très bel édifice renaissance au 16e avant de finir, de guerre de Trente Ans en pillages et de pillages en reventes, au milieu du 19e siècle, en ruines seulement visitées par les corbeaux et le gibier des forêts environnantes. Le Haut-Koenigsbourg, revampé de manière néogothique par Guillaume II à des fins politiques, est aujourd'hui le symbole d'une Europe unifiée, plus précisément du couple franco-allemand, de cet échange enfin possible entre ces deux cultures, les Allemands représentant au niveau du nombre de visiteurs, un contingent aussi important que les Français...