"N ous avions demandé à être intégrés dans la Task force vaccination", rappelle le Dr Christophe Barbut, président du Collège de médecine générale. "Malheureusement notre demande n'a pas été entendue (1). C'est dommage parce que nous avons une connaissance du vécu des patients bien supérieure à celle des autres membres de cette structure. Nous pouvions apporter un éclairage qui nous semblait important et permettrait de gagner du temps dans la mise en place de la stratégie vaccinale." Le Dr Barbut ne désespère pas. Cette participation est encore possible. "Si on nous le propose, nous accepterons. Actuellement la médecine générale a été écartée de la vaccination pour des raisons logistiques. Ce choix se défend pour plusieurs raisons. Du moment que ce système fonctionne, je n'y suis pas opposé. Mais toute une partie de la population ne pourra pas être recrutée si on ne lui propose la vaccination que dans des centres fixes ou mobiles. Pour vacciner ces personnes, la seule solution est de le faire en médecine générale. Les autorités doivent donc mettre des vaccins à notre disposition. Notre argumentation commence d'ailleurs à être entendue en Région bruxelloise."

Fixer une rémunération correcte aurait été un moyen pour l'autorité publique de reconnaître, parmi les efforts qui ont été faits depuis un an, ceux de la médecine générale.

Le président du CMG estime qu'il est possible de prévoir des circuits d'approvisionnement vers les cabinets de médecine générale pour les vaccins à ARN messager et certainement pour les vaccins plus simples à conserver. "Cela se fait déjà pour le vaccin H1N1. Il faudra lorsque la campagne de vaccination sera plus avancée, revoir les circuits de distribution des vaccins et intégrer les généralistes. Il faut déjà prévoir aujourd'hui cette adaptation de la logistique, au risque de perdre du temps."

Christophe Barbut estime que la collaboration avec les pouvoirs régionaux sur la mise sur pied de la vaccination est inégale. "Nous sommes régulièrement en contact. En région bruxelloise, nous participons à une réunion de concertation qui est très ouverte avec des experts qui ont été recrutés pour la gestion de la crise du Covid. Les discussions se passent généralement bien, même si l'agenda du politique n'est pas toujours celui du terrain. Du côté wallon, la concertation est plus compliquée entre la médecine générale et les autorités. Nos confrères wallons ressentent une certaine frustration par rapport à leur implication dans la politique vaccinale. Cela ressemble plus à de l'information partielle et tardive, mais ce n'est pas une concertation. (lire jdM N°2659)." Le GBO et le CMG ont relayé la semaine passée le mécontentement des cercles de médecins généralistes qui déplorent le manque d'information et de concertation.

Les demandes d'informations des généralistes et de leurs cercles auprès du CMG sur l'organisation de la vaccination sont importantes. "Ils regrettent le manque de concertation, d'apprendre ce qu'ils devraient faire dans la presse ou qu'une acceptation de principe se mue en acceptation inconditionnelle, sans même en connaître les conditions."

"Le médecin-coordinateur d'un centre devrait surtout superviser et réagir si des effets secondaires se manifestent chez un patient vacciné. A priori, ce sont les associations de généralistes à Bruxelles et les cercles en Wallonie qui vont pouvoir répondre aux questions concrètes de leurs membres", précise le Dr Barbut. " Cela se fera puisque, du moins à Bruxelles, notre demande de fournir des vaccins aux généralistes semble avoir été entendue. Il faudra donc activer les liens entre la médecine générale et les autorités régionales. Nous les avions déjà créés dans l'urgence, au printemps, lorsque la Cocom s'est rendue compte qu'il y avait un problème dans les maisons de repos et que les généralistes bruxellois se sont rapidement montrés très réactifs en apportant leur aide."

Occasion ratée

Le président du CMG estime que le montant horaire (80,34 euros) prévu pour le médecin-coordinateur d'un centre de vaccination aurait pu être plus élevé. "Cette prestation vaut plus. Ce n'est pas l'honoraire que nous avions demandé. C'est dommage parce que fixer une rémunération correcte aurait été un moyen pour l'autorité publique de reconnaître parmi les efforts qui ont été faits depuis un an ceux de la médecine générale, qui n'ont jamais été rémunérés. Les pouvoirs publics ont raté le coche. Mais on ne va pas se mettre en grève pour autant...", commente avec philosophie le Dr Barbut.

1. Le CMG a été intégré à la task force devant définir les personnes à risque (18-65 ans) prioritaires pour la vaccination, présidée par le Pr Jan De Maeseneer.

L'association de tous les MG

Pour rappel, le Collège de médecine générale en Belgique francophone a pour ambition de rassembler toute la médecine générale dans sa diversité. Neufs organisations en sont membres. Elles sont organisées en cinq bancs: la SSMG, les cercles, les organisations syndicales, les universités complètes et les autres organisations. De cette manière, le CMG désire s'adresser à tous les médecins généralistes de Belgique francophone, qu'ils soient en formation ou non.

Boîte à outils

Le Collège de médecine générale a organisé deux webinaires (lire jdM N°2656) consacrés à la vaccination à destination des médecins généralistes. "Nous avons réunis quelques experts - infectiologues, hygiénistes et immulogistes -, Yves Van Laethem et Michel Goldman, et le Dr Pierre-Louis Deudon, médecin généraliste et inspecteur d'hygiène à la Cocom. Plusieurs milliers de généralistes ont suivi ces deux séances (en direct ou en différé, ndlr). Ils ont pu poser leurs questions aux spécialistes", se réjouit le Dr Barbut.

Le CMG a également organisé le 2 février, à la demande des autorités subsidiantes, un webinaire consacré à la première ligne afin de répondre aux questions des professionnels (infirmier-ères, kinés...) qui sont vaccinés actuellement et le seront dans les prochaines semaines. Ce symposium d'une heure et quart est disponible sur le site du collège.

Les webinaires du CMG sont disponibles sur son site https://www.lecmg.be/. Des capsules tirées du webinaire du 5 janvier 2021 sont disponibles sur Youtube. Elles y sont regroupées en playlist.

Le site du CMG propose également un FAQ, de la documentation et des fiches pratiques sur le Covid à destination des médecins généralistes.

"N ous avions demandé à être intégrés dans la Task force vaccination", rappelle le Dr Christophe Barbut, président du Collège de médecine générale. "Malheureusement notre demande n'a pas été entendue (1). C'est dommage parce que nous avons une connaissance du vécu des patients bien supérieure à celle des autres membres de cette structure. Nous pouvions apporter un éclairage qui nous semblait important et permettrait de gagner du temps dans la mise en place de la stratégie vaccinale." Le Dr Barbut ne désespère pas. Cette participation est encore possible. "Si on nous le propose, nous accepterons. Actuellement la médecine générale a été écartée de la vaccination pour des raisons logistiques. Ce choix se défend pour plusieurs raisons. Du moment que ce système fonctionne, je n'y suis pas opposé. Mais toute une partie de la population ne pourra pas être recrutée si on ne lui propose la vaccination que dans des centres fixes ou mobiles. Pour vacciner ces personnes, la seule solution est de le faire en médecine générale. Les autorités doivent donc mettre des vaccins à notre disposition. Notre argumentation commence d'ailleurs à être entendue en Région bruxelloise."Le président du CMG estime qu'il est possible de prévoir des circuits d'approvisionnement vers les cabinets de médecine générale pour les vaccins à ARN messager et certainement pour les vaccins plus simples à conserver. "Cela se fait déjà pour le vaccin H1N1. Il faudra lorsque la campagne de vaccination sera plus avancée, revoir les circuits de distribution des vaccins et intégrer les généralistes. Il faut déjà prévoir aujourd'hui cette adaptation de la logistique, au risque de perdre du temps."Christophe Barbut estime que la collaboration avec les pouvoirs régionaux sur la mise sur pied de la vaccination est inégale. "Nous sommes régulièrement en contact. En région bruxelloise, nous participons à une réunion de concertation qui est très ouverte avec des experts qui ont été recrutés pour la gestion de la crise du Covid. Les discussions se passent généralement bien, même si l'agenda du politique n'est pas toujours celui du terrain. Du côté wallon, la concertation est plus compliquée entre la médecine générale et les autorités. Nos confrères wallons ressentent une certaine frustration par rapport à leur implication dans la politique vaccinale. Cela ressemble plus à de l'information partielle et tardive, mais ce n'est pas une concertation. (lire jdM N°2659)." Le GBO et le CMG ont relayé la semaine passée le mécontentement des cercles de médecins généralistes qui déplorent le manque d'information et de concertation. Les demandes d'informations des généralistes et de leurs cercles auprès du CMG sur l'organisation de la vaccination sont importantes. "Ils regrettent le manque de concertation, d'apprendre ce qu'ils devraient faire dans la presse ou qu'une acceptation de principe se mue en acceptation inconditionnelle, sans même en connaître les conditions.""Le médecin-coordinateur d'un centre devrait surtout superviser et réagir si des effets secondaires se manifestent chez un patient vacciné. A priori, ce sont les associations de généralistes à Bruxelles et les cercles en Wallonie qui vont pouvoir répondre aux questions concrètes de leurs membres", précise le Dr Barbut. " Cela se fera puisque, du moins à Bruxelles, notre demande de fournir des vaccins aux généralistes semble avoir été entendue. Il faudra donc activer les liens entre la médecine générale et les autorités régionales. Nous les avions déjà créés dans l'urgence, au printemps, lorsque la Cocom s'est rendue compte qu'il y avait un problème dans les maisons de repos et que les généralistes bruxellois se sont rapidement montrés très réactifs en apportant leur aide."Le président du CMG estime que le montant horaire (80,34 euros) prévu pour le médecin-coordinateur d'un centre de vaccination aurait pu être plus élevé. "Cette prestation vaut plus. Ce n'est pas l'honoraire que nous avions demandé. C'est dommage parce que fixer une rémunération correcte aurait été un moyen pour l'autorité publique de reconnaître parmi les efforts qui ont été faits depuis un an ceux de la médecine générale, qui n'ont jamais été rémunérés. Les pouvoirs publics ont raté le coche. Mais on ne va pas se mettre en grève pour autant...", commente avec philosophie le Dr Barbut.