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Matrice des communistes de tout poil, l'épisode de la Commune, dont on célèbre cette année le 150e anniversaire de la "naissance" éphémère, est une expérience inédite de prise de pouvoir par le peuple parisien durant quelques semaines à partir du 18 mars 1871, après la défaite de Sedan, le siège de Paris par les Prussiens (qui y défileront), et l'éviction de l'empereur autoproclamé Napoléon III. La bande dessinée signée Jean Vautrin pour le scénario et Jacques Tardi pour son dessin noir et blanc d'une expressivité quasi expressionniste, date de 2001 (couronné à Angoulême en 2002), mais s'est vue remontée et réactualisé à l'occasion de l'anniversaire de cet événement historique, longtemps et encore toujours parfois, vite évacué de l'histoire de France (comme d'ailleurs la période 1815- troisième république). Durant ce laps de temps, Paris siège de l'Etat est souvent en état de siège: des communards dont Vautrin et Tardi - sous couvert d'histoire de crime, d'amour et de vengeance -, font un portrait empathique, témoignant de la misère et le dénuement dans lequel se trouve le peuple parisien dont émerge de-ci de-là des figures célèbres comme Louise Michel, Jules Vallès ou Gustave Courbet. Sorte de guerre civile espagnole en modèle réduit, la Commune et ses défenseurs ne furent pas exempt d'exactions, ni de destruction symbolique (l'incendie du palais du Louvre, la destruction de la colonne Vendôme) dans la mise en place de leur utopie, mais sans "commune" mesure avec celle pratiquée par les "Versaillais" de Thiers, ordonnateur du rétablissement de l'ordre bourgeois et du capitalisme sauvage, mûs par un esprit de vengeance aussi intense que la peur que l'insurrection populaire (à ne pas confondre avec ce terme de "populisme" qui lancé comme un pavé, clôt en l'assommant tout débat) suscita. Par parenthèse, on est frappé, 20 ans après la première édition de ce roman graphique, de voir Tardi s'emparer d'un sujet où plane une première fois l'ombre de l'ennemi allemand (prussien cette fois), celui que combattra son grand-père dans les tranchées qu'il décrivit ( Putain de guerre, Le dernier assaut, C'était la guerre des tranchées), et dont son propre père fut prisonnier de 40 à 45 (à partir de 2012, il raconte son expérience dans la trilogie Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB). D'ailleurs, le personnage qui fit connaître le dessinateur, Adèle Blanc-Sec, porte aux lèvres la même amertume que son paternel défait. Une autre caractéristique... commune.