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C'est à ces questions que la Pre Anne Gompel (Université Paris Cité) a consacré son exposé, dans les cas de cancer du sein hormonosensible. Un bilan ciblé devra être réalisé avant l'initiation du traitement: -Si le traitement se base sur le tamoxifène, il conviendra de vérifier la numération sanguine, le profil lipidique et glucidique et la fonction hépatique. On y ajoutera la mesure de la DMO lorsqu'il s'agit de femmes à risque ostéoporotique ou fracturaire élevé (comme, bien entendu, chez les femmes déjà ménopausées), ainsi qu'un examen gynécologique complet (les modifications endométriales qui seront par la suite induites par le tamoxifène rendront l'échographie pelvienne difficilement interprétable). -Si le traitement s'appuie sur un inhibiteur de l'aromatase, les analyses sanguines à réaliser comprendront également le dosage de la vitamine D. La DMO sera mesurée systématiquement. -Si le traitement comprend un analogue de la GnRH, il faudra être particulièrement attentif au taux de vitamine D et à la DMO. Au cours du traitement, en routine, on suivra: -Pour le tamoxifène: la numération sanguine, le profil glucolipidique et les tests hépatiques tous les deux ans, et la DMO si un analogue de la GnRH est associé au traitement. Un examen gynécologique complet sera réalisé chaque année, avec une échographie seulement en présence d'hémorragies. -Pour les inhibiteurs de l'aromatase, les analyses sanguines seront répétées entre 3 et 12 mois après l'initiation du traitement, puis chaque année, et la DMO sera vérifiée tous les trois à cinq ans si elle est normale. Elle sera traitée si elle est trop basse, avec un suivi tous les 18 à 24 mois. -Les éventuels effets indésirables, comme des troubles vasomoteurs, sexologiques ou génito-urinaires, ainsi que les facteurs de risques cardiovasculaires. -L'éventuelle prise de poids et/ou l'insuffisance d'activité physique car ces deux facteurs impactent la mortalité liée au cancer du sein, d'après une méta-analyse publiée en 2023 [1]. La contraception est un point important à discuter avec les patientes souffrant d'un cancer du sein. Selon les études, elles seraient entre 21% et 84% à ne pas utiliser de contraception. Il leur sera conseillé en première intention le placement d'un stérilet à base de cuivre (DIU) quitte, ensuite, à passer à une méthode assurant une contraception définitive. En cas d'hémorragies, le placement d'un SIU pourra être discuté avec l'oncologue, à condition de s'assurer d'un suivi strict. Le pronostic en cas de grossesse n'apparaît pas associé à la présence ou à l'absence d'une atteinte ganglionnaire, mais il est un peu moins favorable lorsqu'il s'agit d'un cancer négatif aux récepteurs hormonaux (HR-). Les patientes HR+ souhaitant une grossesse devraient idéalement suivre leur hormonothérapie anticancéreuse pendant au moins 18 à 24 mois avant d'essayer d'être enceintes, et leur traitement devrait être repris dès que possible après la délivrance et l'éventuel allaitement. Si elles sont traitées par tamoxifène, ce dernier devra être stoppé au moins neuf mois à l'avance et être remplacé par l'association d'un analogue de la GnRH et d'un inhibiteur de l'aromatase. Enfin, si une grossesse n'est pas obtenue dans ces conditions après six mois, il peut leur être conseillé de se tourner vers la PMA.