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À ce titre, la mutualité chrétienne (Clara Noirhomme) et Sciensano (Marc Dispas et Pierre Smith) dressent un état des lieux belge du recours aux soins de santé mentale remboursés et des besoins, rencontrés ou pas (encore). Quels sont ces besoins? L'enquête Behealth de Sciensano de février dernier y répond, tandis que la mutualité chrétienne (MC) examine plutôt l'offre de soins et leur consommation. La première met le doigt sur les besoins encore criants, en particulier en cas de précarité, chez les femmes et les jeunes (9% de la population rapportent des besoins d'aide psychologique non rencontrés) ; la seconde pointe le recours aux psychotropes seuls et la saturation de l'offre en psychiatrie ambulatoire. Fort de ce constat, quel est l'impact de la convention depuis 2019? Est-elle utile? Comment peut-on faire mieux? Oui, assurément, "la convention représente un enjeu important de santé publique et il est essentiel de davantage l'investir encore", montre l'analyse. "La proportion de la population qui l'utilise augmente de façon exponentielle (près de 180.000 patients inclus, voir tableau). Les personnes dont les conditions de vie sont plus difficiles consultent davantage les psychologues conventionnés, ce qui peut indiquer que la convention améliore effectivement l'accès aux soins psychologiques." L'étude rappelle par ailleurs que la santé mentale "continue à être mise à l'épreuve à la suite des multiples crises actuelles".Parmi les principaux messages à retenir de cette étude, le fait que la stigmatisation a toujours la vie dure: la moitié des 18-29 ans dit ne pas oser franchir le pas pour cause de tabou autour de la santé mentale. Par ailleurs, la moitié des personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts avoue ne pas encore avoir accès financièrement. La mutualité recommande de laisser tomber le ticket modérateur pour les enfants et les ados (contre 4 euros BIM et 11 euros non-BIM actuellement), et de le diminuer à 6 euros pour les adultes (1,5 euro pour les BIM). Bien que le pourcentage d'utilisateurs soit aussi élevé en Wallonie qu'à Bruxelles et en Flandre (dont 44% de "nouveaux patients", c'est-à-dire qui n'avaient pas accès aux soins remboursés auparavant), on note de fortes disparités territoriales, d'où l'importance et la pertinence d'une approche locale comme c'est le cas avec la nouvelle convention. Celle-ci semble porter ses fruits puisque l'analyse des données de la MC montre par exemple que 20% des utilisateurs sont BIM et que les femmes et les jeunes y ont davantage recours. L'outreach (équipes mobiles, offre de groupe, lieux de rencontre hors cabinet) est une des clefs du succès. Autre recommandation de la MC: l'augmentation du nombre de séances en première ligne à 20 sur l'année pour mieux assurer le suivi des patients. Des séances de "psychodiagnostic" permettraient par ailleurs de mieux orienter les personnes vers la première ligne ou les soins spécialisés, seule la première restant accessible directement à terme. Enfin, l'étude souligne que l'offre n'est pas encore suffisamment connue et qu'il faut "lui laisser le temps de se mettre en place", tout en continuant bien à la monitorer.