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Qu'est-ce qui rend le SUV aussi populaire, aussi magique ? Première question : avons-nous vraiment besoin d'un SUV ?Les constructeurs automobiles répondent par l'affirmative et tentent de nous convaincre par tous les moyens, souvent armés d'arguments parfaitement idiots. General Motors met ainsi ses potentiels acheteurs asiatiques en garde : " Vous êtes-vous déjà retrouvés piégés dans une inondation ? Seul un SUV vous sauvera. "Question deux : le SUV est-il vraiment sûr ?Oui, du moins pour le conducteur. Pour les autres utilisateurs de la route, il y a moins de raisons de se réjouir. En tant que passager d'un autre véhicule plus petit, que cycliste ou que piéton, le contact physique avec un SUV ne vous laissera pas de bons souvenirs. En cas d'accident, le risque de dommages physiques pour l'occupant d'un plus petit véhicule est presque deux fois plus grand que pour celui du SUV. Selon les médias américains, le nombres de piétons décédés dans des accidents de circulation a augmenté d'au moins 46% au cours des dix dernières années. L'explosion du nombre de SUV n'y est évidemment pas pour rien. Ces véhicules ont un impact sur la sécurité routière, car ils mettent les autres en danger. Bien entendu, le plus grand danger émane tout d'abord du conducteur et de son mode conduite.Question trois : un SUV est-il vraiment spacieux ?Oui, avec ses trois rangées de siège, le SUV facilite la vie des familles de plus de deux enfants. Toutefois, la tendance démographique est plutôt à la baisse pour l'instant. Dans cette perspective, le SUV est tout bonnement une erreur sociétale. Une voiture pour quatre personnes est bien suffisante pour la famille lambda, même pour celle qui fait ses courses " seulement " une fois par semaine.Question quatre : le SUV est-il éco-nomique ?Oui, la nouvelle génération est moins vorace. Grâce à une aérodynamique repensée et à certaines améliorations technologiques, ces monstres à quatre roues consomment sensiblement moins de carburant que leurs prédécesseurs d'il y a dix ans. Qu'importe, ils consomment toujours 10 à 20% plus d'essence ou de diesel qu'une berline ou qu'un break.Question cinq : un SUV est-il plus robuste ?Oui, sans un beau 4x4, oubliez la conduite hors des sentiers battus. Mais attendez ? Qui conduit vraiment hors des sentiers battus ? Combien de propriétaires de Bentley Bentayga ou de Rolls Royce Cullinan ont été, ne fut-ce qu'une fois, barouder dans les bois ? Ils auraient bien trop peur de griffer leur joujou. La plupart des SUV ne circulent jamais sur des terrains difficiles. Son utilisation classique est essentiellement urbaine, alors que les ruelles étroites des centres urbains, qui datent encore du temps où les voitures n'existaient pas, ne sont pas du tout adaptées à ces colosses au rayon de braquage énorme.Des chercheurs de l'Université de Californien, qui ont tenté de découvrir les raisons pour lesquelles les Américains achetaient des SUV, sont arrivés à la conclusion que l'Américain moyen adorait toujours conduire de grosses bagnoles. Point.Je ne suis pas un chercheur américain, mais il m'arrive de parler à des amis ou des connaissances propriétaires de SUV. Que m'apprennent-ils ? Ils trouvent le SUV trop cool et puissant. Et facile pour partir en virée. Cela vaut d'ailleurs autant pour les enfants que les parents de tous âges. Etonnamment, cette dernière info n'intéresse pas les constructeurs. La raison est évidente : ils veulent garder l'image du produit sexy et puissant, pas celui du bas de contention sur roues pour le troisième âge... Ironiquement, leur public de cinquantenaires et sexagénaires est en augmentation constante.Pour l'industrie automobile, le SUV, c'est la poule aux oeufs d'or. Les constructeurs réalisent une bien meilleure marge de bénéfice sur ces mastodontes que sur les modèles plus compactes. Ils compensent ainsi les pertes liées aux investissement dans les voitures électriques. Pouvons-nous le leur reprocher ? Le succès des SUV résident tout d'abord dans notre envie de les utiliser.Ce que je déplore, c'est que l'explosion du SUV freine l'avènement des voitures plus économes et écologiques. Selon un rapport des Nations unies, l'émission globale de CO2 par les véhicules personnels et les camions a baissé d'1,8% par an entre 2005 et 2008. Le succès du SUV devrait toutefois ralentir la tendance, alors que le bouleversement climatique prend des proportions alarmantes.