...

Initiative de la fondation Opale en Suisse, la seule à se consacrer à l'art aborigène, l'exposition Before time began, qui renvoie aux temps d'avant l'arrivée des Aborigènes sur la terre australienne, 60.000 ans avant notre ère, et au rêve, partie intégrante et prépondérante de leur mythologie, propose essentiellement un panorama de la création " contemporaine ", entendez celle qui court du 19e siècle à aujourd'hui. Panorama qui heureusement est introduit par une introduction historique éloquente et une ligne du temps qui montre les premières traces retrouvées de cet art méprisé par les colons anglais et les blancs australiens jusqu'à la deuxième moitié du 20e siècle, ces populations n'accédant à la nationalité australienne qu'en 1967! Elle s'ouvre sur la gestion traditionnelle du feu par les aborigènes, mise en regard des terribles incendies de l'été 1920 qui tua plus d'un milliar d'animaux! Ce préambule se poursuit par la présentation des différentes armes outils que sont le boomerang, le propulseur, le bouclier, quand ils ne sont pas des éléments importants de cérémoniels chez ces tributs au départ nomade, qui lors du décès de l'un des leurs confectionnent d'impressionnants poteaux funéraires, disposés non loin des fameux didgeridoos accompagnant des rituels. Le reste de l'exposition déploie des oeuvres d'abord datant du 19e de tableaux sur bois dont les dessins simplifiés d'hommes géants notamment évoquent le haut moyen age. Des oeuvres plus récentes, utilisant toujours la même technique, montrent des couleurs sourdes, pour des artistes venus de la région de Alice Spring. Ailleurs dans la région dite Apy, Willy Parker? Joue du contraste des couleurs vives dans ce qui ressemble à une mosaïque picturale frisant l'art brut et art naïf et pointilliste. Barbara Moore évoque plutôt un cobra des antipodes. Au milieu de l'expo " les nombreuses lances", installation de bois spectaculaire évoquent de façon stupéfiante et matérielle un énorme nuage de poussière tel que l'on en voit dans le bush. Plus loin, des oeuvres collectives, dont l'une très belle évoque le parcours de l'eau et possède effectivement dans sa bichromie, une teinte et une fluidité liquide. À la fin de cette exposition que l'on aurait souhaité plus longuement ethnographique, les photographies de Michel Cook (un descendant de James Cook qui déroba l'Australie à ces habitants initiaux au nom et au profit de la couronne britannique) met en scène des Aborigènes en costume 17e afin d'exorciser le démon de l'esclavagisme pratiqué par les Anglais sur ces populations. Bref, l'histoire comme un boomerang...