...

Ce qui est fort surprenant, avec l'assurance habitation du locataire, c'est qu'elle n'est pas obligatoire en Région bruxelloise. Il est vrai que l'obligation est fort récente dans les autres Régions, à savoir le 1er septembre 2018 en Flandre et le 1er janvier 2019 en Wallonie. Étonnant dans la mesure où on peut qualifier cette assurance d'indispensable: en cas d'incendie par sa faute, un locataire risque d'avoir du mal à indemniser le propriétaire pour les dégâts occasionnés. Or, si l'incendie s'est déclaré dans son logement, il est fort logiquement présumé responsable. C'est à lui d'apporter la preuve du contraire. On comprend dès lors que cette assurance n'est pas seulement chaudement recommandée, mais que le propriétaire du bien peut l'imposer dans le bail. Souvent appelée "assurance habitation", parfois même "assurance incendie", cette couverture indispensable du locataire est en réalité la "RC locative", le sigle RC renvoyant à la notion de responsabilité civile. La différence? La RC locative concerne le bâtiment et elle couvre la responsabilité du locataire à l'égard du propriétaire. Quelques griffes dans le mur, ce n'est pas grave, mais en cas d'incendie ou de gros dégâts des eaux causés par le locataire... Une nuance à relever au passage: le locataire est tenu de rendre le bien dans son état d'origine et telle est la portée de son assurance. L'assurance du propriétaire, elle, couvre la valeur à neuf du bien et non son état du moment. Elle est dès lors généralement un tiers plus cher environ. La RC locative couvre donc l'immeuble, mais également une cuisine équipée d'origine, par exemple. Par contre, les biens appartenant au locataire en sont exclus. S'il désire se couvrir contre les dégâts pouvant les frapper, il doit souscrire une "assurance contenu". C'est la paire ainsi formée qui est généralement appelée assurance habitation. Assureurs et courtiers proposent généralement les deux couvertures dans un même contrat, mais il n'est pas indifférent de connaître la nuance... Souscrites par un locataire, ces assurances couvrent sa responsabilité propre. En d'autres termes, si c'est l'immeuble qui est en cause, c'est clairement l'assurance du propriétaire qui va jouer. En cas de dégâts aux meubles du locataire causés par une fuite au toit, par exemple. Il faut absolument savoir que l'assurance contenu est limitée aux dégâts et ne couvre absolument pas le vol. Ce dernier fera l'objet d'un contrat distinct, ou du moins d'une couverture spécifique. Laquelle fera fameusement grimper la facture, car même si les meubles et objets contenus dans le logement ne valent pas des fortunes, c'est de loin le risque le plus élevé, soulignent les assureurs. Pas des fortunes? C'est une question importante. La couverture n'est en effet pas illimitée. Certaines compagnies prévoient deux catégories, ou plusieurs tranches pour la valeur du contenu. D'autres calculent plus classiquement la prime en fonction de la valeur globale de ce contenu. Par ailleurs, la couverture "standard" implique parfois des limites particulières. Soit par exemple un maximum de 2.000 ou 3.000 euros par objet, ou encore 4.200 euros pour les bijoux chez Ethias. Autre exemple: 25.000 euros pour les dommages et 12.500 euros pour le vol chez Corona. Une astuce peu connue, renseigne un courtier: tandis que, en l'absence du locataire, le vol n'est couvert que s'il y a eu effraction, il l'est même sans effraction en la présence de l'occupant des lieux. Un détail important: le contrat peut prévoir que le vol n'est plus couvert en cas d'absence du locataire pour une longue durée et sans qu'il ait prévenu son assureur. À noter que la plupart des assureurs étendent la couverture vol au-delà du logement principal, visant un logement de vacance, mais également le kot de l'enfant étudiant, ou encore le vol en rue notamment. La personne effectuant une petite comparaison entre les tarifs des divers assureurs, démarche indispensable de la part d'un consommateur averti n'est-ce pas, ne peut manquer de s'interroger avec perplexité: qu'est-ce qui explique de tels écarts? Une couverture identique dans son montant peut voir son prix varier du simple au quadruple! Ou alors, pour une même prime de l'ordre de 100 euros par an, on sera couvert jusqu'à 25.000 euros ici et plus de 50.000 là! Il n'y a pas vraiment d'explication à de telles différences, observe Diane Hendrickx, spécialiste en services financiers chez Test-Achats. Raison de plus pour examiner les conditions de près, puisque le diable se cache dans les détails... Et pour vérifier qu'un tarif de l'assurance vol très avantageux ne camoufle pas un prix un brin excessif pour une autre couverture. La franchise, soit le montant non remboursé par l'assureur, se situe aujourd'hui aux environs de 309 euros dans de nombreuses compagnies. C'est sur un autre plan qu'on observe des différences: plusieurs assureurs la suppriment quand le dégât dépasse ce montant. C'est ce qu'on appelle la "franchise anglaise", parfois abusivement présentée comme "franchise 0%". Faut-il revoir son contrat quand on a trouvé l'âme soeur et qu'on l'invite à cohabiter? La plupart des contrats assurent aussi "les personnes vivant sous le même toit", rappelle-t-on chez AG Insurance. Soit tant le cohabitant que les enfants, précise Axa. Il sera toutefois prudent de vérifier que l'occupant supplémentaire des lieux n'apporte pas des objets de grande valeur non couverts par le contrat ou, plus simplement, que ses biens ne font pas sauter le plafond inscrit dans ce contrat. Et que penser de la couverture spéciale "cohabitant" proposée par plusieurs assureurs? "Elle présente un côté pratique pour un groupe, mais je n'en vois guère l'intérêt au niveau de l'assurance elle-même", conclut un courtier.