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FibriCheck est une application dans le domaine de la cardiologie. La start-up belge derrière le projet propose grâce à un smartphone de détecter les arythmies cardiaques. " Je dis bien arythmies cardiaques car nous évaluons le rythme cardiaque et non pas uniquement la fréquence cardiaque ", explique Amaury Vanvinckenroye, data scientist chez FibriCheck.Étant donné le caractère asymptomatique et épisodique de la FA, la littérature scientifique s'accorde à penser que 40% des patients ne sont pas diagnostiqués. Ce sont 350.000 AVC causés par la FA en Europe, et un coût monumental pour les soins de santé. Une détection plus efficace de ce trouble permettrait de diminuer le nombre d'AVC - donc de sauver des vies - et de réaliser des économies au niveau des soins de santé.Si la fibrillation auriculaire est sous-diagnostiquée, cela s'explique par les limitations des technologies couramment utilisées. Pour être diagnostiqué, le patient doit se rendre chez le médecin. Et le diagnostic posé ne correspondra qu'à une analyse courte du rythme cardiaque. " Au mieux le médecin peut prescrire un monitoring pendant 24 à 48 h pour le patient via un holter (un dispositif portatif qui permet l'enregistrement numérique continu de la fréquence et du rythme cardiaques, ndlr), un dispositif qui n'est pas très confortable pour ce dernier ", explique Amaury Vanvinckenroye.Pour répondre à cette problématique, la start-up a développé FibriCheck. Il n'y a pas de capteur, ni patch, juste une application pour smartphone. " L'avantage : tout le monde, ou presque, a un smartphone. Y compris les personnes âgées. On peut l'utiliser n'importe où, n'importe quand, autant de fois qu'on le veut. "Le médecin soucieux de trouver la cause d'un trouble cardiaque chez un patient peut prescrire l'application grâce à un QR code unique qui permet de lier un patient unique à un prestataire unique. Autre moyen : le quidam inquiet peut lui-même, sans consulter, télécharger l'application et faire le test.Le test justement : le patient pose son doigt une minute sur la caméra de son smartphone et le tour est joué : il reçoit, une minute plus tard, un feedback sur les données récoltées.Côté praticien, une interface permet de suivre l'ensemble des mesures du patient. Plus précisément, le rapport comporte une synthèse des paramètres du patient et le détail de chaque mesure. " Nous avons également des techniciens en interne qui analysent les données afin de confirmer les irrégularités décelées par l'aglorithme, pour ensuite envoyer une notification au médecin. Un rapport est envoyé quand le médecin le désire ou en fin de prescription ", note le data scientist.Un doigt sur le smartphone une minute durant, et hop, une donnée fiable du rythme cardiaque ? Impossible ! Et pourtant, grâce à une technique optique appelée photopléthysmographie (PPG), c'est désormais facile. " On regarde l'écoulement sanguin au niveau du doigt, grâce à la caméra et au flash du smartphone qui illumine le doigt. Au travers de la caméra, cela permet d'observer des oscillations lumineuses qui correspondent aux battements cardiaques. "Est-ce qu'on peut utiliser le PPG pour évaluer le rythme cardiaque de manière fiable ? " Quand on analyse les intervalles entre les battements cardiaques, on se rend compte que l'on a une corrélation supérieure à 99% entre l'ECG et le PPG. C'est donc fiable ", répond le data scientist. FibriCheck est d'ailleurs reconnu à la fois en Europe et aux États-Unis comme produit médical.Au niveau des performances de l'algorithme, elles sont équivalentes aux autres applications médicales basées sur l'ECG. " Concrètement, on atteint des performances supérieures à 95% tant en termes de sensitivité que de spécificité. Avoir un bon algorithme est essentiel pour poser un bon diagnostic. Mais l'important est que corps médical puisse utiliser et interpréter le signal utilisé. " Là également, les performances entre ECG et PPG sont comparables." Aux médecins généralistes qui souhaitent prescrire cela à des patients présentant des symptômes mais chez qui on n'a pas pu mettre le doigt sur la cause (une FA par exemple) ", répond Amaury Vanvinckenroye. " Ou des patients à haut risque, typiquement les personnes âgées. Pour les spécialistes, il y a évidemment le même type de patient mais également les patients qui ont subi une intervention chirurgicale. FibriCheck sera alors utilisé en mode suivi pour voir si le patient ne retombe pas en FA après l'intervention. "Le futur, c'est le développement d'une FibriWatch, une montre intelligente qui permettra de prendre en continu la mesure du rythme cardiaque sans nécessiter une action de la part du patient. " On espère lancer cela d'ici la fin de l'année ", conclut Amaury Vanvinckenroye.