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Participant d'un vaste projet livresque de mise en exergue du patrimoine architectural de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le guide Architecture moderne et contemporaine 1893-2020 Namur-Luxembourg fait suite à des parutions semblables se focalisant sur Liège, Charleroi, Mons et le coeur du Hainaut, Tournai et la Wallonie picarde (le Brabant Wallon et Louvain-la-Neuve, Verviers et les Cantons rédimés suivront). Ce gros volume, rehaussé des photographies en couleur de Nicolas Bomal ( à ne pas confondre avec les anciens abattoirs de Bomel, à Namur, architecture moderniste devenue centre culturel), répertorie aussi bien des maisons individuelles - de Roger Bastin ou Jacques Dupuis notamment - que des édifices religieux (nombreux dans ces deux provinces restées longtemps des bastions catholiques), des lieux de détente (le Kursaal art nouveau de Georges Hobé toujours à Namur), des habitations sociales plutôt banales (quartier Seuris à Auvelais) ou l'humble gare d'Auvelais, édifiée sous la direction d'Henri Van de Velde. Parfois, les bâtiments contemporains sont peu impressionnants, certaines maisons passives contemporaines par exemple, et c'est le défi énergétique qui est alors mis en exergue. Mais souvent, il s'agit de merveilles oubliées : l'ancienne moutarderie Bister à Jambes, immeuble moderniste transformé en appartements, la Villa Balat (oeuvre de Pirot-Balat) - l'une de ces folies qui balisent la vallée de la Meuse entre Namur et Dinant, les sanctuaires Notre-Dame de Beauraing, oeuvre brutaliste, ou la maison Malter, petit paquebot moderniste échoué au coeur de Couvin. En faisant connaître ce patrimoine (qui compte d'ailleurs beaucoup d'églises et d'édifices religieux), la Cellule Architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles entend également le protéger, en conscientisant citoyens et édiles des trésors qui se sont édifiés au fil du temps sous leurs yeux. Et de la sorte éviter les saccages (lifting botox de la Maison de la culture de Victor Bourgeois à Namur), et la destruction : celles programmées d'oeuvres de George Hobé à nouveau le long de la Meuse, et, celle, avérée, par négligence politique, du foyer Esma à Sambreville. Une oeuvre moderne et pré Expo 58 conjointement réalisée par le décidément prolixe Roger Bastin et par Jacques Dupuis... qui le fut à peine moins.