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Une étude publiée dans JAMA Cardiology a soumis à un examen par résonance magnétique cardiaque (RMC) une série de patients qui avaient souffert d'une forme sévère de covid-19(1). Au total, elle a inclus cent personnes dont 67 avaient effectué leur revalidation à domicile et les 33 autres, à l'hôpital. L'âge médian des participants était de 49 ans et la durée médiane depuis le diagnostic s'élevait à 71 jours. Les patients covid-19 ont été comparés à des contrôles en bonne santé et à des contrôles présentant des facteurs de risque cardiovasculaire comparables (âge, sexe, comorbidités cardiovasculaires et autres). Certains patients étaient complètement asymptomatiques au moment de la RMC, tandis que d'autres présentaient des symptômes très divers tels que douleurs thoraciques atypiques, palpitations, dyspnée ou apathie. En comparaison avec les deux groupes contrôles, les patients covid-19 rétablis depuis peu présentaient une fraction d'éjection ventriculaire gauche légèrement abaissée et une augmentation du volume du ventricule gauche. Les investigateurs ont également observé des inflammations du myocarde, la formation de tissu cicatriciel et des anomalies péricardiques. Par ailleurs, la troponine hs était détectable chez 71 patients et significativement accrue chez cinq d'entre eux. Il est toutefois intéressant de constater qu'aucun lien n'a pu être posé entre la gravité de ces anomalies et la sévérité clinique de la maladie à coronavirus. Il n'existait pas non plus de corrélation avec des pathologies ou plaintes cardiaques préexistantes. Dans le JAMA Cardiology, un commentateur s'interroge sur la représentativité de ces résultats (2), et un biais de sélection en faveur des patients plus gravement atteints lors de l'inclusion dans l'étude n'est certes pas exclu. En tout état de cause, on ne peut toutefois nier que certains malades continuent à présenter des lésions cardiaques graves plusieurs mois après le diagnostic. Dans le pire des cas, les pourcentages observés dans l'étude pourraient donc effectivement refléter les chiffres de prévalence d'une population plus large de patients covid. À terme, la myocardite peut déboucher sur une insuffisance cardiaque ou une mort subite d'origine cardiovasculaire. Ces résultats sont particulièrement inquiétants lorsqu'on les considère à la lumière d'une seconde étude, publiée simultanément dans le JAMA Cardiology. Cette dernière n'a certes pas observé de signes histopathologiques de myocardite au sens strict chez des patients covid décédés... mais elle a confirmé la présence du virus dans le tissu cardiaque et une régulation positive (à la hausse) des gènes pro-inflammatoires(3).