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Réputé pour sa prolixité, 18 albums en 11 ans !, Ty Segall est un Californien touche-à-tout (guitariste, il lui arrive de jouer de la batterie) dont la productivité musicale n'a d'égale que la diversité : adepte d'un garage rock saignant, il peut très bien se plonger soudain dans le folk dépouillé (l'album Sleep) concevoir des albums de reprises de T-Rex ou recréer les chansons de Grateful Dead que Parlement Funkadelic sur le récent Fudge Sandwich. Parfois Lennonien dans son chant, il flirte par moment autant avec l'univers des Stooges que celui psychédélique de Syd Barrett.Bref, on l'aura compris : cet encore jeune homme aux longs cheveux blonds se délecte de la musique des années soixante, voire septante, et préfère la spontanéité foutraque de son inspiration à la froideur cadrée des sorties marquetées. Pour preuve, Deforming lobes est déjà son troisième album live, enregistré dans la foulée de la tournée Freedom's Goblin - l'un de ses albums les plus contrastés - début 2018.Enregistré sans fioriture par Steve Albini, l'album est tout aussi abrasif, incandescent, reflétant l'inspiration en fusion de Segall, lequel sait aussi varier les longueurs : Warm hands et Love Fuzz dépassent les sept minutes et alternent avec un garage rock compressé ( The crawler, They told me too ). Ce qui n'empêche, dans un délire sonique qui évoque les MC5 ou Sonic Youth, une production irréprochable qui parvient à canaliser le fougueux talent de Segall. Un défi de Ty !