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Ces doutes sont bien compréhensibles: jamais encore des vaccins n'avaient été développés aussi rapidement que ceux qui ciblent le Covid-19. Le précédent record était détenu par celui contre la rougeole, disponible après cinq ans à peine contre une dizaine habituellement. Cette fois, c'est toutefois un vaccin reposant sur une technologie inédite, celle de l'ARNm, qui a fait son entrée dans le domaine de la vaccinologie humaine en l'espace de moins d'un an. On s'inquiéterait évidemment pour moins - jusqu'au moment où l'on apprend que la technique n'est en réalité pas nouvelle, puisqu'elle est à l'étude depuis plusieurs années dans des vaccins thérapeutiques contre certains cancers et a déjà permis des percées majeures dans le domaine en vaccinologie vétérinaire. Le grand point faible de cet ingénieux système résidait jusqu'ici dans l'instabilité de l'ARNm de synthèse, car la molécule tend à se désagréger avant même d'être administrée. Ce problème a récemment pu être contourné par une conservation des vaccins à très basse température, ce qui permet à l'ARNm de conserver sa structure plus longtemps et donc de s'acquitter de sa mission (1). Reste néanmoins que la technologie de l'ARNm était inconnue de la plupart des prestataires de soins, à l'exception des spécialistes de ce domaine bien spécifique, et que l'idée même d'injecter un fragment de matériel génétique soulève évidemment bien des questions. C'est le premier grand obstacle que la cellule communication a dû surmonter: familiariser les médecins et autres prestataires de soins avec cette nouvelle technologie, sa méthodologie et sa sécurité par le biais de sites internet et de webinaires. En substance, l'ARNm viral de synthèse utilise habilement les ribosomes intracellulaires pour produire des protéines spike identiques à celles du virus, contre lesquelles le système immunitaire va développer des anticorps anti-coronavirus et activer l'immunité cellulaire. Les molécules d'ARNm proprement dites séjournent brièvement dans le cytoplasme avant de disparaître en l'espace de quelques heures. Elles n'interfèrent d'aucune manière avec l'ADN humain. Juste après les vaccins à ARNm a été lancé un autre tout nouveau vaccin, celui d'Oxford-AstraZeneca. Là non plus, il ne s'agit pas d'un produit classique reposant sur des particules virales atténuées ou inactivées et conforme à l'image que la majorité d'entre nous ont des vaccins, mais d'un vaccin à vecteur viral. Cette technologie relativement nouvelle (déjà utilisée précédemment pour le vaccin Ébola de Janssen), sur laquelle se base aussi le vaccin Covid de Janssen Pharmaceutica, utilise comme vecteur un adénovirus bénin qui se charge, grâce à des modifications génétiques, d'introduire un petit fragment du code génétique du coronavirus dans les cellules, où il donnera les instructions nécessaires à la production de la protéine spike qui déclenchera ensuite la réponse immunitaire. Dans ce cas de figure, un petit bout d'ADN viral se retrouve donc effectivement dans le noyau cellulaire - une préoccupation majeure - , mais sans là non plus interférer de façon significative avec l'ADN humain. Nous avons donc à nouveau dû mettre les bouchées doubles pour expliquer par le biais de webinaires et de séances de questions-réponses comment fonctionne cette technologie du vecteur viral et pourquoi elle est parfaitement sûre. Les adénovirus bénins utilisés dans ce cadre ont été manipulés de telle manière qu'ils sont incapables de se répliquer. Si ces pathogènes devraient être capables d'incorporer leur propre matériel génétique à notre ADN, notre génome serait entre-temps devenu un vrai patchwork de matériel viral et humain, puisque nous y sommes aussi régulièrement confrontés sous la forme de banals rhumes. Informer les médecins sur le fonctionnement des vaccins innovants développés contre le coronavirus est la pierre angulaire de la lutte contre l'hésitation vaccinale dans l'ensemble de la population. Les médecins, et en particulier les généralistes, sont plus importants que tous les politiciens et virologues du monde pour apaiser les inquiétudes des patients. S'ils expriment eux-mêmes des doutes vis-à-vis du vaccin, le risque est grand que leurs patients déclinent l'invitation à se le faire administrer. La pandémie du coronavirus et les nouvelles technologies vaccinales ont également généré une vague de rumeurs sans précédent. Il faut dire qu'il s'agit de la toute première pandémie de l'ère des réseaux sociaux, et tout le monde y va de son petit avis sur le virus et sur les vaccins. Les omniprésents Facebook, Twitter, YouTube, Tik Tok, Instagram et autres diffusent l'information plus rapidement que le virus lui-même ne se propage, et la presse traditionnelle vient de temps à autre en rajouter une couche. Le taux de reproduction du Sars-CoV-2, que l'on voudrait idéalement voir rester inférieur à 1, fait pâle figure devant celui de l'intox qui circule au sujet du virus. Les membres de la cellule communication, dont moi-même, reçoivent quotidiennement des questions sur les vaccins Covid. La plupart des craintes se focalisent sur leur sécurité et sur la vitesse de leur développement, même s'il arrive sporadiquement que certains voient dans toute cette histoire un grand complot pour éradiquer l'humanité. On s'interroge sur des aspects qui n'avaient jamais été évoqués pour d'autres vaccins. Sont-ils bien halal ou végétaliens? Peut-on prendre un verre après la piqûre? Et la veille? Le paracétamol risque-t-il d'inhiber l'immunité quand on vient de se faire vacciner? Quid si je reçois mon invitation à me faire vacciner en plein ramadan? Nous répondons à toutes les questions. Oui, même à "Les vaccins contiennent-ils une micropuce pour contrôler l'humanité?", "Le vaccin d'AstraZeneca a-t-il été fabriqué à partir de foetus humains avortés?" ou "Est-ce que le vaccin risque de me donner la maladie de la vache folle?"... À l'échelon fédéral, de très nombreuses informations sont disponibles sur info-coronavirus.be et sur le site de l'AFMPS. La task force est aussi attentive à la cohérence de l'information diffusée par les divers canaux de communication et dans les différentes communautés. En Wallonie, le site www.jemevaccine.be répond aux nombreuses questions des particuliers. A Bruxelles, il suffit de cliquer sur www.coronavirus.brussels.be Bien des médecins sont submergés de questions à propos des vaccins contre le coronavirus. Vous n'avez pas immédiatement la réponse? Référez-les au site infosante.be qui propose aux citoyens inquiets une foule d'informations vérifiées sur le virus et les vaccins, avec possibilité de soumettre leurs propres questions par le biais d'un formulaire de contact.