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Bassiste des Eagles depuis plus de 40 ans, Timothy B. Schmit sort un nouvel album solo intitulé Day By Day. Lequel met en exergue une fois encore chez l'auteur du tube I can't tell you Why dans le groupe californien, sa voix angélique et son éclectisme, deux caractéristiques qui ont vu le seul Californien d'origine dans ce nid d'aigles prêter sa voix à bon nombre d'autres groupes ou artistes. Le journal du Médecin: Sur cet album très varié, le morceau d'ouverture, Simple Man, évoque Crosby (Stills and Nash)... Timothy B. Schmit: Totalement! Lorsque j'ai commencé à l'écrire, je savais comment je voulais le construire et qu'il y aurait ces harmonies vocales à trois voix, qui me rappellent toujours Crosby, Stills and Nash. Quand vous composez, c'est en tant que bassiste ou guitariste? Je n'ai jamais écrit une chanson à la basse. C'est en général sur une guitare acoustique que je crée un morceau. Quel sentiment cela vous procure-t-il d'avoir votre fille qui chante sur votre album? C'est super et ce n'est pas la première fois. C'est une grande chanteuse qui saisit de suite ce que l'on attend d'elle, un peu comme moi... Votre home studio se situe dans votre maison bien sûr, qui se trouve pour sa part dans une réserve naturelle protégée. Pensez-vous que cet environnement vous inspire? C'est certain. C'est calme, beau, cela appartient pour partie à l'État et de l'autre à un privé, mais de toute façon c'est très préservé comme espace. Ce lieu m'a inspiré l'une des chansons de l'album, intitulée Grinding Stone. Pourriez-vous définir ce qu'est à vos yeux la musique californienne? (Il rit...) Je ne crois pas que je puisse le faire. Vous parlez de la fin des années 60 et début des 70, j'imagine? Ce sont des compositeurs-interprètes, des harmonies, des chansons pop folk que vous évoquez je suppose... Je n'ai jamais réfléchi à cette scène, bien que je rayonnais autour à l'époque. Je suis arrivé, disons, à la fin de cette vague, mais j'ai côtoyé ce genre de troubadours, d'artisans en mélodies, les tenants de cette musique "beat wild". La présence de Jackson Brown, John Fogerty ou Lindsay Buckingham notamment sur cet album, est-elle synonyme pour vous de reconnaissance? Je suppose que cela l'est, en effet. Mais en fait, ce sont juste des amis à qui j'ai demandé s'ils voulaient en faire partie, et ils ont répondu positivement. Mais je suppose que c'est une sorte de reconnaissance, effectivement: je n'y avais jamais pensé... Mais il en va de même pour d'autres musiciens qui ont participé à la conception de ce disque et qui sont moins connus. Vous avez travaillé avec Poco, Toto, Steely Dan, et j'en passe. Quel est le lien entre tous ces groupes, mis à part vous? La manière dont je me suis retrouvé à chanter sur leurs albums respectifs, tient au fait que j'ai fait savoir que j'étais disposé à donner un coup de main, si besoin. Je l'ai d'abord dit à Gary Katz qui était le producteur de nombreux albums de Steely Dan car j'adorais ce que le duo proposait. Et un jour, ils m'ont appelé. J'ai chanté sur Ricky Don't Loose, That Number sur Pretzel Logic et sur deux autres albums de Steely Dan. J'imagine que le bouche-à-oreille a fonctionné ensuite me concernant. Et franchement, ce n'était pas du travail, juste du plaisir... On faisait donc appel à vous plutôt en tant que chanteur que comme bassiste? Oui, j'étais très rarement appelé comme bassiste. En parlant de bassiste, ils sont souvent discrets. Pensez-vous qu'ils soient reconnus à leur juste valeur? Oui, mais il y a beaucoup d'exceptions à cette règle, comme Paul McCartney. Je suppose que cela dépend de la personne et de son désir en tant que musicien. Au sein de mon premier groupe à l'école secondaire, j'ai tout de suite été désigné comme bassiste plutôt que guitariste solo, et comme je chantais, je prenais au moins une bonne partie des morceaux à mon compte. S'il n'y avait pas de basse, quelque chose manquerait dans le paysage musical. Elle peut être considérée comme un instrument d'arrière-fond, mais ce n'est pas ma façon de l'envisager. Avec la batterie, la basse fait partie de la fondation d'une chanson. Votre premier instrument fut la guitare ou la basse? Non, c'était le violon quand j'avais 8 ans... Et vous en jouez toujours? Je pouvais déjà à peine en jouer à l'époque (il rit). Je n'ai pas tenu longtemps: j'ai vraiment essayé, mais c'est très difficile. J'ai énormément de respect pour les musiciens qui jouent d'un instrument fretless et à cordes. Et je ne comprends pas comment certains parviennent à devenir de grands instrumentistes, tant cela me paraît compliqué. Pour ma part, j'ai renoncé. Et puis j'ai essayé d'autres instruments. Et au début de mes secondaires, j'ai commencé à jouer de la guitare, du banjo, voire du ukulélé avec mes potes musiciens. Je suis impressionné par l'éclectisme de l'album. L'explication est-elle à chercher dans le fait que vous soyez bassiste? Je ne crois pas. Je suis fan de nombreux genres de musique. Ce matin, j'écoutais de la musique classique, et puis je suis passé sur Seven Inch Soul, qui balance constamment des 45 tours sur lesquels vous pouvez entendre les griffes du disque: une station qui ne passe que de la soul des sixties et seventies, la plupart du temps. J'aime autant la R'N'B' que le bluegrass. J'écoutais de la musique irlandaise tout à l'heure, et je suis aussi un grand fan de jazz et de reggae. Raison pour laquelle vous entendez tous ces genres de musique sur cet album, j'imagine. Et raison pour laquelle il y a un reggae et le heavy metal? J'essaie de garder l'esprit ouvert, mais je ne suis pas un auditeur régulier de heavy metal. Mais je suis conscient de son existence, et j'essaie de rester en contact avec ce qui passe à la radio aujourd'hui. Parfois c'est difficile, j'avoue, mais je ne peux être comme ces vieux mecs qui disent (il prend une voix de vieux râleur): "La musique d'aujourd'hui c'est de la merde, et ce n'est plus ce que c'était". Parce qu'honnêtement, à l'époque, on peut romantiser le son californien, mais il y avait aussi beaucoup de merdes!