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Né à Charleroi un 3 septembre 1992, rien ne prédisposait cet assistant de troisième année en médecine interne à embrasser la profession. Car après sa quatrième secondaire en Latin-sciences, il bifurque en humanité artistique à l'athénée royal Vauban en option " Art de la parole ". Biberonné depuis le plus jeune âge à la série Urgences, il rêve de devenir comédien mais aussi médecin. Lors d'un voyage de rhéto, il se rend à Paris et assiste à une session au cours Florent. " Le niveau des comédiens était 100 fois supérieur à ce qui se faisait ici ", nous dit-il. Pragmatique, il se pose les bonnes questions. En plus du minerval, vivre à Paris a un coût certain. Ces études sont hors de sa portée mais le docteur Carter de la série américaine se rappelle à lui : il décide de commencer la médecine. " Lors de ma première année, je n'avais clairement pas le niveau en mathématiques ou en sciences car je n'avais eu que très peu d'heures dans ces matières en humanité artistique ", avoue-t-il. Il suit tous les cours de remédiation et n'hésite pas à interpeler ses professeurs après les heures. " Le choix que j'avais formulé pour l'UMons, une petite université proche de ses étudiants, s'avérera être une bonne idée ", renchérit celui qui tient également à remercier sa maman pour ses encouragements. Passé la première année, il est remis à niveau et les années s'égrènent. Alors que l'UMons conduit généralement vers l'ULB, il a un déclic lors d'un cours de sémiologie administré par un professeur de l'UCL. Il se rend à Woluwé et a un véritable coup de coeur pour le campus. Lors de ses stages cliniques, la question se pose de partir dans un pays industrialisé ou en voie de développement. Un étudiant lui avait vanté le Canada, où il s'était rendu pendant ses études. " Les places étaient limitées, je ne connaissais pas l'anglais et j'ai suivi des cours ", précise le jeune médecin. Sa lettre de motivation est reçue et il part à Montréal. " Je voulais faire de la médecine interne et j'ai fait de la neurologie et de l'endocrino pendant mes congés ", informe le Dr Bentakhou qui retient la méthode d'enseignement " exceptionnelle " du Canada très axée sur la pédagogie, qui responsabilise assez rapidement les stagiaires à devenir médecin. Il y a trois ans, un choix cornélien se propose à lui : doit-il s'orienter vers les urgences comme le Dr Carter ou tenter la médecine interne ? Il tente le concours de médecine interne et est reçu. Il débute à Arlon puis Nivelles et Mont-Godinne cette année. " Mon objectif ? La cardiologie " précise-t-il sans hésitation. Lors de cette première année d'assistanat à Arlon, le Dr Bentakhou souhaite pratiquer un sport. Par hasard, il découvre un club de taekwondo. Après trois cours d'essai, lui qui se voyait plutôt intégrer un club de foot tombe " en pâmoison " pour cet art martial reconnu depuis 20 ans comme discipline olympique. Parallèlement à Arlon, il suit des cours le samedi à La Louvière. " Il est dommage que je n'ai pas commencé plus tôt ", nous confie ce compétiteur dans l'âme. Lorsqu'il quitte Arlon pour Nivelles, il adhère au club de Charleroi, " le meilleur club de Belgique francophone au niveau des compétitions ". Un centre où il a la possibilité de s'entraîner avec des gens bien plus avancés que lui, " ce qui m'a particulièrement formé ". Il participe à des championnats et les résultats suivent. S'il obtient une seconde place la première fois, il collectionne les médailles d'or depuis. Un sport qu'il continue de pratiquer cette année avec, en ligne de mire, l'équipe nationale belge de Taekkwondo. Ni plus, ni moins. Pour Elias Bentakhou, " il est important pour un médecin de sortir du monde médical et de souffler ". Lorsqu'on lui demande comment il trouve le temps pour cette passion dans des semaines dépassant largement les 60 heures de travail, sa réponse est sans appel : " Lorsqu'on est passionné, on arrive à trouver le temps. Je ne serais pas totalement épanoui si je n'avais pas le taekwondo (littéralement : la voie du pied et du poing) sur le côté. " Si les études de médecine font travailler l'esprit, " elles semblent oublier le corps de ses étudiants ", affirme l'assistant. Ceci n'est pas sans nous rappeler une phrase apprise lors de ses premières années d'humanité : " Mens sana in corpore sano ".