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A la dernière Grande Journée à Libramont du samedi 12 octobre, les Maisons du Diabète de la province du Luxembourg (chapeautées par l'ASBL Chronicare) ont été fières de présenter leur programme de dépistage de la rétinopathie diabétique. Le Dr Claude Heinz, ophtalmologue à Bastogne, a rappelé que la rétinopathie diabétique est la première cause de cécité dans la population active (20-60 ans) des pays développés, que 2 % des diabétiques deviennent aveugles et 10 % deviennent mal voyants. C'est la difficulté d'obtenir des rendez-vous de fond d'oeil (FO) auprès des ophtalmologues de la province qui a poussé les infirmières et les responsables des Maisons du Diabète à prendre contact avec ceux-ci. Leur réflexion a été simple mais incontournable : 6,7% de la population est diabétique (chiffres de 2016) ; cela fait environ 20.000 diabétiques pour notre belle province (284.442 habitants) ; à raison de 14 ophtalmologues dans la province de Luxembourg, chacun devrait examiner 1.361 diabétiques par an ! Impossible sans le dépistage des Maisons du Diabète ! En achetant une caméra rétinienne non-mydriatique qui permet de faire des clichés de la rétine, l'ASBL Chronicare donne la possibilité aux infirmières en diabétologie de proposer le dépistage de la rétinopathie aux patients diabétiques de la province du Luxembourg. Le site des Maisons du Diabète explicite très bien pourquoi ce dépistage est important, à qui il est destiné et comment on procède. Sélectionner les patients Mais comment savoir quels patients envoyer faire ce dépistage ? Il ne s'agit pas de référer tous nos diabétiques. Il faut les sélectionner en fonction de leurs critères : n'ayant pas vu un ophtalmologue les 12 derniers mois et n'ayant pas un rendez-vous dans les six prochains mois ; n'ayant pas de rétinopathie connue ou autre problème sévère aux yeux ; sans perte de vue totale ou importante à un des deux yeux. Nous devons trier nos patients diabétiques, faire la liste de ceux qui n'ont pas encore eu leur FO et de ceux qui ont déjà une rétinopathie suivie par un ophtalmologue. Mais il n'est pas toujours possible, à chaque patient diabétique que nous voyons en consultation, de préciser où ils en sont au niveau de leur fond d'oeil. C'est d'autant plus compliqué si leur dossier n'est pas tout à fait en ordre, si le logiciel ne permet pas de recherches, si l'ophtalmologue ne nous communique pas les résultats de leur examen, etc. Tenir compte aussi du temps qu'il faudra pour faire la demande de FO accompagnée d'un petit résumé de leur dossier. Faisons aussi notre petit calcul : 6,7% de diabétiques d'une patientèle moyenne d'un médecin généraliste, cela fait 67 patients. S'il nous faut environ 30 minutes par patient pour connaître leur statut de FO, cela représente 33 heures de travail pour ce tri. Nous sommes comme les ophtalmologues, débordés par les demandes de consultation, sans parler des autres " paperasseries " à faire sans attendre... Impossible sans aide ! Assistant de pratique Pour que ce dépistage soit vraiment efficace, il est nécessaire de se faire aider. C'est ici que la notion d'assistant de pratique prend tout son sens. Aux Pays-Bas, cela existe déjà (praktijk assistant ou medical management assistent). Le Dr Jean-Luc Belche de l'ULg a étudié cette problématique dans le cadre d'une recherche-action participative intitulée COMING. Le rôle d'un tel assistant de pratique consisterait notamment à compléter la prise en charge de maladies chroniques (diabète, BPCO, IC, IRC, etc.), en permettant une prise en charge de situations complexes à domicile de qualité p.ex. dans le décours d'hospitalisation, en intervenant sur la prévention/promotion de la santé au niveau d'une collectivité (vaccination, dépistage du cancer, promotion d'une alimentation saine, etc.). Cette recherche-action se terminait en février de cette année. A quand une décision politique pour privilégier la profession d'infirmière dans le renforcement de la 1ère ligne (assistant de pratique + Impulséo = Assistéo) ?