A l'heure du Covid 19, nombreux sont les messages de prévention qui circulent: masques, désinfection et hygiène des mains, bulle sociale, télétravail obligatoire, et le dernier qui porte avec lui l'espoir d'un monde meilleur: la vaccination. Toutes ces mesures sont importantes et jouent un rôle essentiel dans la diminution des contaminations mais je ne peux m'empêcher de constater qu'un élément manque à l'appel: la prévention contre l'obésité et les maladies cardio-vasculaires.
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En effet, mis à part quelques articles pseudo-scientifiques sur l'importance de tels ou tels minéraux, de tel ou tel aliment miracle, les médias classiques ne mentionnent jamais le rôle de l'alimentation, de l'activité physique et des mesures hygiéno-diététique dans la diminution du risque de faire un Covid grave. Or, nul médecin n'ignore aujourd'hui que l'obésité chez les patients infectés est associée à une mortalité augmentée. Que dire également du diabète et de sa prévalence chez les patients avec une évolution péjorative de la maladie. A l'heure actuelle, nous savons que ce virus et ses variants risquent de nous accompagner encore quelques temps. Raison pour laquelle les campagnes de santé publiques visent à vacciner un maximum de personne, non seulement pour espérer une moindre circulation du virus mais aussi et surtout afin que les hospitalisations pour Covid graves diminuent et ne saturent plus nos soins intensifs. Si l'on part de ce principe, et étant donné que nous ne sommes plus dans l'urgence du début de l'épidémie, pourquoi ne pas intensifier la prévention de l'obésité et des maladies cardio-vasculaires? Optimiser un mode de vie sain pour la population revient à optimiser ces chances de survie à un Covid grave. Depuis quelques mois, il est évident pour tout médecin généraliste qui a repris ses consultations que le télétravail a eu un impact négatif sur l'activité physique et la prise de poids des patients. Nous pensions tous que l'effet du confinement passerait et que les choses reviendraient à la normale, mais beaucoup de patients sont en télétravail et passent plus de 8 h par jour assis, privés, (entre autres) de la marche habituelle pour la prise de transports en communs. Les consultations pour lombalgies ont explosées, et les kinésithérapeutes se sont souvent retrouvés à faire office de coachs sportifs. Mais comment promouvoir un retour à l'activité physique lorsque les salles de sport sont fermées et qu'il faut attendre plus de deux semaines pour un rendez-vous de trente minutes en natation? Alors certes, l'activité extérieure a toujours été possible, mais lorsque le patient a pris du poids, de mauvaises habitudes et est déjà socialement plus isolé que la normale, il n'est pas évident de le motiver... surtout si le temps n'est pas au beau fixe. L'obésité et le diabète sont également des pandémies, non infectieuses certes mais des pandémies tout de même. Maintenant que l'urgence et la surprise du virus est passée, il me parait essentiel d'insister sur la prévention de ces pathologies, encore plus auprès des plus jeunes afin que cette période ne soit pas doublement pénalisante. La santé mentale de la population en a aussi pris un coup et nul n'est sans savoir que l'activité physique et une alimentation saine y jouent un rôle important. Bref, comme beaucoup je suis ravie de voir que le secteur du sport reprendra entièrement ses activités cette semaine, pour le bien-être de nos patients (et le nôtre). Et j'espère que si xème vague il y a, on pensera à ce secteur comme un secteur essentiel à la santé de la population, tout en encadrant bien sur les activités afin d'éviter les contaminations. Je n'ai d'ailleurs aucun doute sur le fait que dans un avenir pas si lointain, nous nous retrouverons à recommander le sport sur prescription! D'ici là, continuons à encourager nos patients et à les sensibiliser sur le fait que les mesures hygiéno-diététiques constituent la meilleure prévention à (presque) toutes les pandémies actuelle!