La polymédication (prendre cinq médicaments ou plus de manière chronique) provoque un risque d'interaction médicamenteuse évident et augmente le risque de mauvaise observance thérapeutique. Ce qui provoque, in fine, une hausse du nombre d'admissions dans les services d'urgence et du nombre d'hospitalisations ainsi que des dépenses évitables pour les patients et l'assurance obligatoire.

Diverses études se sont déjà penchées sur le sujet. Par exemple, notre pays se classe au quatrième rang le plus mauvais des 18 pays étudiés dans le cadre de l'enquête Share sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe: la prévalence de polymédication est supérieure en Belgique que dans la plupart des autres pays d'Europe. Une évolution qui ne va pas en s'améliorant avec les années.

Une étude dans la continuité

Les Mutualités libres confirment cette tendance. "Près de quatre personnes sur dix (41,3%) âgées de 75 ans et plus se sont avérées être polymédiquées. Compte tenu de l'âge un peu plus élevé de la population faisant l'objet de notre étude, cela est conforme aux chiffres publiés précédemment concernant les patients belges âgés de 65 ans et plus", informent les auteurs de l'étude. La prédominance des médicaments destinés au système cardiovasculaire n'est pas non plus une surprise.

Les Mutalités libres ont également identifié le nombre de prescripteurs et de prestataires par patient polymédiqué âgé de 75 ans ou plus, et examiné dans quelle mesure ce nombre est lié au nombre de médicaments dispensés de manière chronique. "Pour nombre d'entre eux, plusieurs médecins (généralistes) prescrivent leurs médicaments, délivrés ensuite par plusieurs pharmaciens. Ces deux éléments sont associés de manière significative à la consommation d'un plus grand nombre de médicaments. L'implication de multiples acteurs dans l'utilisation de médicaments chez les 75 ans et plus démontre la complexité de cette problématique et souligne la nécessité d'une communication interprofessionnelle adéquate."

Que faire?

Le problème n'est pas neuf. Mais il n'est pas aisé à résoudre. Plusieurs outils ont été développés pour aider médecins et pharmaciens dans l'identification des médicaments potentiellement inappropriés pour les personnes âgées (à travers le DMG et le dossier pharmaceutique partagé, notamment). La mise sur pied du pharmacien de référence en 2017, qui définit les patients polymédiqués comme l'un des groupes cibles prioritaires, est un autre exemple.

Cependant, force est de constater que notre pays reste à la traîne, comme le démontre l'étude des Mutualités libres, qui émet sept recommandations. On retiendra surtout la nécessité d'une plus grande interaction et concertation entre médecins et pharmaciens. Gérer la polymédication pourrait passer par une évaluation systématique interprofessionnelle de l'utilisation des médicaments. Il faudrait, pour y arriver, améliorer davantage le partage des données entre les différents prestataires de soins. L'eHealth Monitor (voir jdM n°2669) pointait par exemple du doigt le manque de lisibilité du schéma de médication partagé entre médecins et pharmaciens. " Il ne s'agit pas d'un contrôle ou d'une remise en cause de la compétence médicale mais de veiller à une collaboration multidisciplinaire où chacun peut mettre ses compétences en exergue au service du patient, de sa qualité de vie et du bon usage des médicaments", résume Alain Chaspierre, Secrétaire général de l'Association pharmaceutique belge (APB).

1. Évaluation des recommandations et outils chez les personnes polymédiquées de 75 ans et plus, Mutualités Libres, Bruxelles, mars 2021

La polymédication (prendre cinq médicaments ou plus de manière chronique) provoque un risque d'interaction médicamenteuse évident et augmente le risque de mauvaise observance thérapeutique. Ce qui provoque, in fine, une hausse du nombre d'admissions dans les services d'urgence et du nombre d'hospitalisations ainsi que des dépenses évitables pour les patients et l'assurance obligatoire. Diverses études se sont déjà penchées sur le sujet. Par exemple, notre pays se classe au quatrième rang le plus mauvais des 18 pays étudiés dans le cadre de l'enquête Share sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe: la prévalence de polymédication est supérieure en Belgique que dans la plupart des autres pays d'Europe. Une évolution qui ne va pas en s'améliorant avec les années. Les Mutualités libres confirment cette tendance. "Près de quatre personnes sur dix (41,3%) âgées de 75 ans et plus se sont avérées être polymédiquées. Compte tenu de l'âge un peu plus élevé de la population faisant l'objet de notre étude, cela est conforme aux chiffres publiés précédemment concernant les patients belges âgés de 65 ans et plus", informent les auteurs de l'étude. La prédominance des médicaments destinés au système cardiovasculaire n'est pas non plus une surprise. Les Mutalités libres ont également identifié le nombre de prescripteurs et de prestataires par patient polymédiqué âgé de 75 ans ou plus, et examiné dans quelle mesure ce nombre est lié au nombre de médicaments dispensés de manière chronique. "Pour nombre d'entre eux, plusieurs médecins (généralistes) prescrivent leurs médicaments, délivrés ensuite par plusieurs pharmaciens. Ces deux éléments sont associés de manière significative à la consommation d'un plus grand nombre de médicaments. L'implication de multiples acteurs dans l'utilisation de médicaments chez les 75 ans et plus démontre la complexité de cette problématique et souligne la nécessité d'une communication interprofessionnelle adéquate."Le problème n'est pas neuf. Mais il n'est pas aisé à résoudre. Plusieurs outils ont été développés pour aider médecins et pharmaciens dans l'identification des médicaments potentiellement inappropriés pour les personnes âgées (à travers le DMG et le dossier pharmaceutique partagé, notamment). La mise sur pied du pharmacien de référence en 2017, qui définit les patients polymédiqués comme l'un des groupes cibles prioritaires, est un autre exemple. Cependant, force est de constater que notre pays reste à la traîne, comme le démontre l'étude des Mutualités libres, qui émet sept recommandations. On retiendra surtout la nécessité d'une plus grande interaction et concertation entre médecins et pharmaciens. Gérer la polymédication pourrait passer par une évaluation systématique interprofessionnelle de l'utilisation des médicaments. Il faudrait, pour y arriver, améliorer davantage le partage des données entre les différents prestataires de soins. L'eHealth Monitor (voir jdM n°2669) pointait par exemple du doigt le manque de lisibilité du schéma de médication partagé entre médecins et pharmaciens. " Il ne s'agit pas d'un contrôle ou d'une remise en cause de la compétence médicale mais de veiller à une collaboration multidisciplinaire où chacun peut mettre ses compétences en exergue au service du patient, de sa qualité de vie et du bon usage des médicaments", résume Alain Chaspierre, Secrétaire général de l'Association pharmaceutique belge (APB).