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Lacune comblée Les schémas thérapeutiques antirétroviraux centrés sur les inhibiteurs de l'intégrase sont recommandés tant pour le traitement de patients vivant avec le VIH naïfs d'antirétroviraux que pour les patients déjà expérimentés nécessitant un changement de régime thérapeutique (recommandations IAS 2018). Ces recommandations se basent sur les résultats d'études cliniques et observationnelles menées auprès de patients naïfs ainsi que sur des études, principalement cliniques, pour ce qui concerne les patients expérimentés. Par contre, il existe peu d'études de cohorte solides évaluant l'efficacité de cette classe thérapeutique en conditions de pratique réelle pour les patients qui changent de schémas. Conscients de cette lacune et de l'intérêt de telles études pour éclairer et mieux guider le choix des infectiologues, des investigateurs du Centre de recherche sur le SIDA de l'Université de Caroline du Nord ont recruté, au sein de leur cohorte UCHCC, 773 patients en traitement par antirétroviraux avec ou sans échec virologique mais naïfs d'inhibiteurs de l'intégrase. Deux objectifs à leur étude. Premièrement, évaluer le taux d'échecs virologiques préalablement définis par les investigateurs comme le constat de deux charges virales consécutives à plus de 200 copies/ml à deux semaines d'intervalle ou une charge supérieure à 200 copies/ml objectivée avant que le patient ne soit "perdu de vue" (1 an sans contact avec le centre de référence). Deuxièmement, évaluer la récupération immunologique.Efficacité virologique et immunologique confirméeSur les 773 patients vivant avec le VIH et déjà sous traitement par antirétroviraux recrutés pour cette étude, 32% étaient des femmes, 59% des Afro-américains et 42% avaient une charge virale encore détectable supérieure à 50 copies/ml. Après 2 ans de suivi, seuls 5% des patients inclus dans l'étude avec une charge virale < 50 copies/ml présentaient un échec virologique vs 35% des patients entrés dans l'essai avec une charge virale > 50 copies/ ml. Pour cette dernière catégorie de patients, un jeune âge ainsi qu'un taux initial bas en CD4 constituent deux facteurs favorisant l'échec virologique.Chez les patients avec une charge virale initiale inférieure à 50 copies/ml, le schéma thérapeutique centré sur le dolutégravir était associé à un délai plus long avant constat d'un échec virologique alors que pour les patients dont la charge virale initiale était supérieure à 50 copies/ml, c'est le schéma thérapeutique centré sur le raltégravir qui était associé à un délai plus long avant survenue d'un échec virologique, tous deux étant ici comparés à un schéma centré sur l'elvitégravir. Dernière information importante de cette essai, après 5 ans de suppression sous inhibiteurs de l'intégrase, 61% des patients ont présentés une récupération immunologique et ce, quelle que soit leur charge virale initiale.Réf: Davy-Mendez T. et al. AIDS 2019;33(7):1187-1195.