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Un instantané des infections COVID-19 chez les patients séropositifs Cette étude se base sur l'analyse de tous les cas d'infection par la COVID-19 diagnostiqués chez des personnes séropositives prises en charge dans des hôpitaux de Madrid, Milan et de 16 villes allemandes. Elle s'est principalement focalisée sur les 175 cas de COVID-19 symptomatiques et confirmés par PCR identifiés au sein de ces cohortes jusqu'au 12 juin 2020. Dans 72% des cas, il s'agissait de formes légères à modérées (absence de pneumonie ou pneumonie légère). Parmi les autres formes observées, on dénombre 33 personnes avec une forme sévère (saturation en oxygène de 93% ou moins, fréquence respiratoire élevée ou infiltrats pulmonaires au-dessus de 50%) et 16 cas critiques (insuffisance respiratoire ou choc septique). Enfin, 7 personnes sont décédées au cours de la période de suivi.La population étudiée était majoritairement masculine (82%), caucasienne (88%) et âgée de moins de 60 ans (64%). Le taux moyen de CD4 était de 663, 69% présentaient un taux supérieur à 500 et seulement 18% un taux inférieur à 350. Tous les participants, sauf un, étaient sous traitement antirétroviral et 94% avaient une charge virale inférieure à 50 copies/ml lors de la dernière mesure. Seules 3 personnes avaient une charge virale supérieure à 1000 copies / ml. La présence de comorbidités était courante au sein de la population étudiée puisque environ un tiers des patients avait au moins deux comorbidités associées à un risque accru de COVID-19 telles que maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, HTA , cancer, affection rénale chronique ou BPCO et 27% présentaient une de ces comorbidités. Par contre, 39% de l'ensemble des patients atteints de COVID-19 et 24% de ceux atteints de COVID-19 sévère ou critique ne présentaient aucune comorbidité et seuls 16% de ceux ayant développé une infection COVID-19 sévère ou critique étaient obèses.Facteurs de risque des formes sévères ou critiques et des décès En analyse univariée, il apparaît que l'âge supérieur à 50 ans, les comorbidités, un nadir en CD4 inférieur à 200 et un taux actuel en CD4 inférieur à 350 augmentaient chacun le risque de voir une forme sévère ou critique de la COVID-19 se développer chez les personnes séropositives. En analyse multivariée par contre, un seul facteur de risque subsiste, un taux actuel en CD4 inférieur à 350, lequel multiplie d'un facteur proche de 3 (2,85 exactement) le risque de formes sévères ou critiques. Concernant les décès, le facteur de risque prépondérant se révèle être, en première analyse, un nadir en CD4 inférieur à 200 mais, le nombre de décès étant très faible, les investigateurs n'ont pu procéder à des analyses multivariées. Ces données toutes récentes d'un multiplication par un facteur 3 du risque de développer une forme sévère ou critique de la COVID-19 lorsque le taux actuel en CD4 passe sous la barre des 350 viennent renforcer les avertissements de plusieurs sociétés savantes sur le sur-risque des patients séropositifs immunodéprimés face aux formes graves de la COVID-19.Quant à savoir pourquoi un faible taux de CD4 augmente le risque d'infection sévère, les auteurs avancent l'hypothèse selon laquelle les réponses CD4 spécifiques au virus sont nécessaires pour combattre les infections virales. Dès lors, toute perturbation des réponses des lymphocytes T pourrait nuire à la capacité de l'organisme de combattre l'infection virale.Implication pour la vaccination Ces résultats devront aussi avoir un impact sur la vaccination des personnes séropositives. Une faible numération actuelle en CD4 constitue une bonne raison de donner priorité à la vaccination chez ce groupe de patients. En date du 15 janvier 2021, les sociétés savantes impliquées dans la lutte contre le VIH, notamment l'European AIDS Clinical Society ainsi que la British HIV Association, ont recommandé que les personnes dont le taux en CD4 est inférieur à 350 soient prioritaires pour la vaccination.Réf: Hoffman C. et al. HIV Medicine, mise en ligne avant publication, 27/12/2020.