Dès 2020, le groupe espagnol, responsable de la présente étude, avait signalé un effet protecteur potentiel du TDF/emtricitabine mais les chiffres inclus dans l'étude originale étaient statistiquement faibles et certains experts ont aussi critiqué la conception même de l'étude attirant l'attention sur le manque d'informations concernant les comorbidités, ou conditions sous-jacentes, qui pourraient augmenter le risque de covid-19 sévère.

Pour répondre à ces critiques et étudier plus avant l'impact du TDF sur les risques associés à une infection sévère de covid-19, le Dr Julia del Amo de la Division VIH du ministère espagnol de la Santé a travaillé sur une large échelle en collaboration avec ses collègues de 69 centres de référence VIH participant à la cohorte CoVIHd en Espagne.

Ces centres fournissent des soins à 44% des personnes vivant avec le VIH en Espagne et ont été sélectionnés parce qu'ils avaient collecté des données sur les infections et les hospitalisations pour covid-19 chez leurs patients séropositifs.

Les personnes vivant avec le VIH étaient éligibles pour cette nouvelle analyse si, en 2020, elles étaient sous traitement antirétroviral et si leur charge virale était inférieure à 50 copies/ml.

Au total, 51.558 personnes ont été incluses dans cette analyse: 39% recevant TAF/emtricitabine, 12% TDF/emtricitabine, 26% abacavir/lamivudine et 21% une autre combinaison. Cette population était majoritairement masculine, l'âge moyen était de 50 ans et le nombre médian de CD4 était compris dans une fourchette variant entre 700 et 746. Notons que 1 personne sur 10 avait un nombre de cellules CD4 inférieur à 350.

La prévalence des affections sous-jacentes associées à un risque accru d'infection par covid-19 variait en fonction du backbone. Une maladie rénale chronique était présente chez 3,4% des personnes sous TDF/emtricitabine, 5,2% de celles sous TAF/emtricitabine et 8,3% de celles sous abacavir/lamivudine. De même, les taux d'hypertension artérielle et de diabète étaient plus faibles chez les personnes traitées par TDF/emtricitabine.

Au cours de la période de suivi de 48 semaines, 2402 personnes ont été testées positives pour le covid-19, 425 ont été admises à l'hôpital, 45 ont nécessité une hospitalisation en soins intensifs et 37 sont décédées.

Comparativement aux personnes traitées par TAF/emtricitabine, celles sous TDF/emtricitabine avaient un risque significativement plus faible d'hospitalisation de l'ordre de -34% ainsi que d'hospitalisation en soins intensif, de l'ordre de -72%. Par contre, on ne constate aucun effet protecteur de TDF sur le risque d'infection ou sur les décès.

En revanche, le risque d'infection covid-19, d'hospitalisation et de décès était significativement plus élevé chez les personnes ayant reçu abacavir/lamivudine que chez celles sous TAF/emtricitabine.

L'âge étant devenu le facteur prédictif le plus puissant de la sévérité de l'infection par covid-19 au sein de la population générale, les investigateurs ont effectué une analyse distincte afin d'évaluer plus spécifiquement le risque d'infection et d'hospitalisation selon le traitement antirétroviral chez les personnes de plus ou de moins de 50 ans.

Chez les personnes de moins de 50 ans, la combinaison d'antirétroviraux n'a aucun impact significatif sur le risque d'infection ou d'hospitalisation.

Par contre, chez les personnes de 50 ans et plus, la prise de TDF/emtricitabine était associée à un risque d'hospitalisation significativement plus faible, de l'ordre de -51%, par rapport à TAF/emtricitabine tandis que l'association abacavir/lamivudine était, pour sa part, associée à une augmentation significative, de l'ordre de +40%, du risque d'hospitalisation.

La raison pour laquelle le TDF aurait un effet protecteur contre les formes sévères du covid-19 reste peu claire. Néanmoins, les investigateurs avancent l'existence de certaines preuves, issues d'études en laboratoire, montrant que le ténofovir inhibe la réplication du virus. Il peut en effet atteindre des concentrations particulièrement élevées au sein des cellules tapissant les voies respiratoires et les poumons. De plus, une étude, menée chez l'animal, montre que la combinaison TDF/emtricitabine augmente la clairance du virus dans des échantillons prélevés par le nez.

Bien que les investigateurs concluent leur analyse en avançant que leurs résultats soutiennent la mise en place d'essais cliniques pour tester la combinaison TDF/emtricitabine dans le cadre de la prévention et du traitement précoce du covid-19, le petit nombre d'admission à l'hôpital et de décès enregistrés lors de cette analyse suggère une analyse groupée plus large des cohortes internationales afin de déterminer si l'effet observé par nos confrères espagnols peut être reproduit au sein d'une population plus diversifiée.

Réf: Del Amo J. et al. AIDS, 36(15):2171-2179, 2022.

Dès 2020, le groupe espagnol, responsable de la présente étude, avait signalé un effet protecteur potentiel du TDF/emtricitabine mais les chiffres inclus dans l'étude originale étaient statistiquement faibles et certains experts ont aussi critiqué la conception même de l'étude attirant l'attention sur le manque d'informations concernant les comorbidités, ou conditions sous-jacentes, qui pourraient augmenter le risque de covid-19 sévère.Pour répondre à ces critiques et étudier plus avant l'impact du TDF sur les risques associés à une infection sévère de covid-19, le Dr Julia del Amo de la Division VIH du ministère espagnol de la Santé a travaillé sur une large échelle en collaboration avec ses collègues de 69 centres de référence VIH participant à la cohorte CoVIHd en Espagne.Ces centres fournissent des soins à 44% des personnes vivant avec le VIH en Espagne et ont été sélectionnés parce qu'ils avaient collecté des données sur les infections et les hospitalisations pour covid-19 chez leurs patients séropositifs. Les personnes vivant avec le VIH étaient éligibles pour cette nouvelle analyse si, en 2020, elles étaient sous traitement antirétroviral et si leur charge virale était inférieure à 50 copies/ml.Au total, 51.558 personnes ont été incluses dans cette analyse: 39% recevant TAF/emtricitabine, 12% TDF/emtricitabine, 26% abacavir/lamivudine et 21% une autre combinaison. Cette population était majoritairement masculine, l'âge moyen était de 50 ans et le nombre médian de CD4 était compris dans une fourchette variant entre 700 et 746. Notons que 1 personne sur 10 avait un nombre de cellules CD4 inférieur à 350.La prévalence des affections sous-jacentes associées à un risque accru d'infection par covid-19 variait en fonction du backbone. Une maladie rénale chronique était présente chez 3,4% des personnes sous TDF/emtricitabine, 5,2% de celles sous TAF/emtricitabine et 8,3% de celles sous abacavir/lamivudine. De même, les taux d'hypertension artérielle et de diabète étaient plus faibles chez les personnes traitées par TDF/emtricitabine.Au cours de la période de suivi de 48 semaines, 2402 personnes ont été testées positives pour le covid-19, 425 ont été admises à l'hôpital, 45 ont nécessité une hospitalisation en soins intensifs et 37 sont décédées.Comparativement aux personnes traitées par TAF/emtricitabine, celles sous TDF/emtricitabine avaient un risque significativement plus faible d'hospitalisation de l'ordre de -34% ainsi que d'hospitalisation en soins intensif, de l'ordre de -72%. Par contre, on ne constate aucun effet protecteur de TDF sur le risque d'infection ou sur les décès.En revanche, le risque d'infection covid-19, d'hospitalisation et de décès était significativement plus élevé chez les personnes ayant reçu abacavir/lamivudine que chez celles sous TAF/emtricitabine.L'âge étant devenu le facteur prédictif le plus puissant de la sévérité de l'infection par covid-19 au sein de la population générale, les investigateurs ont effectué une analyse distincte afin d'évaluer plus spécifiquement le risque d'infection et d'hospitalisation selon le traitement antirétroviral chez les personnes de plus ou de moins de 50 ans.Chez les personnes de moins de 50 ans, la combinaison d'antirétroviraux n'a aucun impact significatif sur le risque d'infection ou d'hospitalisation.Par contre, chez les personnes de 50 ans et plus, la prise de TDF/emtricitabine était associée à un risque d'hospitalisation significativement plus faible, de l'ordre de -51%, par rapport à TAF/emtricitabine tandis que l'association abacavir/lamivudine était, pour sa part, associée à une augmentation significative, de l'ordre de +40%, du risque d'hospitalisation.La raison pour laquelle le TDF aurait un effet protecteur contre les formes sévères du covid-19 reste peu claire. Néanmoins, les investigateurs avancent l'existence de certaines preuves, issues d'études en laboratoire, montrant que le ténofovir inhibe la réplication du virus. Il peut en effet atteindre des concentrations particulièrement élevées au sein des cellules tapissant les voies respiratoires et les poumons. De plus, une étude, menée chez l'animal, montre que la combinaison TDF/emtricitabine augmente la clairance du virus dans des échantillons prélevés par le nez.Bien que les investigateurs concluent leur analyse en avançant que leurs résultats soutiennent la mise en place d'essais cliniques pour tester la combinaison TDF/emtricitabine dans le cadre de la prévention et du traitement précoce du covid-19, le petit nombre d'admission à l'hôpital et de décès enregistrés lors de cette analyse suggère une analyse groupée plus large des cohortes internationales afin de déterminer si l'effet observé par nos confrères espagnols peut être reproduit au sein d'une population plus diversifiée.Réf: Del Amo J. et al. AIDS, 36(15):2171-2179, 2022.