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Enfin une grande étude de la PrEP exclusivement féminineL'étude PURPOSE 1 a inclus 5.338 adolescentes ou femmes jeunes, cisgenres et séronégatives en Afrique du Sud et en Ouganda. L'âge moyen des participantes était de 21 ans et 2,3% étaient même âgées de moins de 18 ans. Toutes étaient sexuellement actives et engagées dans des relations hétérosexuelles mais sans partenaire fixe. Au moment de l'inclusion, aucune participante n'était sous PrEP et elles n'avaient subi aucun test de dépistage du VIH au cours des trois mois précédant l'inclusion. Les participantes ont été randomisées pour recevoir lénacapavir S.C toutes les 26 semaines, (n=2134), F/TAF en prise orale quotidienne (n=2136) ou F/TDF en prise orale quotidienne (n=1068). Comme l'étude était réalisée en double aveugle, les participantes recevaient lénacapavir, F/TAF ou F/TDF en placebo en fonction du bras de l'étude où elles étaient enrôlées. Des contrôles ont été menés aux semaines 4, 8 et 13 et ensuite, toutes les 13 semaines. Comme on dispose de PrEP efficaces, il était ethniquement inconcevable de former un groupe placebo dans le cadre de cette étude. Dès lors, le critère d'évaluation primaire était défini par le taux d'infection VIH par rapport à l'incidence attendue du VIH au sein de cette population si la PrEP n'avait pas été disponible, et cette incidence attendue était évaluée à 2,41 par 100 personnes-années pour la population de l'étude. À 52 semaines de suivi, les résultats obtenus montrent que : -Au sein du groupe lénacapavir, on n'a observé aucune infection (0 infections par 100 personnes-années) ; -Au sein du groupe F/TAF, on a constaté 39 infections (2,02 infections par 100 personnes-années) ; -Au sein du groupe F/TDF, on dénombre 16 infections (1,69 infection pour 100 personnes-années). Pour expliquer en partie ces importantes différences entre l'injectable et les formes orales en prise quotidienne, les investigateurs pointent du doigt la faible observance thérapeutique vis-à-vis des formes orales. Ainsi, la majorité des participantes qui ont finalement développé une infection VIH présentaient des taux très bas voire indétectables de ténofovir lors des prélèvements sanguins intermédiaires. Par contre, les participantes qui avaient des niveaux d'adhérence acceptables à élevés (2 à 3 doses par semaine) avaient un moindre risque de développer une infection. La tolérance des injections était bonne dans l'ensemble. Les plaintes principales se limitaient à des douleurs ou des nodules au site d'injection. Fréquentes au début, ces plaintes avaient tendance à diminuer au fil du temps, et on n'a constaté que quatre interruptions de traitement pour cause de réactions au site d'injection. Tous ces résultats sont issus d'une analyse intermédiaire à 52 semaines et, sur base de ces derniers, le comité d'éthique de l'étude a pris la décision d'arrêter l'enrôlement et de permettre à toutes les participantes de recevoir la PrEP injectable par lénacapavir. Pour Sharon Lewin, présidente de l'IAS, l'administration du lénacapavir à raison de deux injections par an dans le cadre de la PrEP constitue une avancée thérapeutique majeure et son potentiel, en termes de santé publique, est immense. C'est pourquoi il faut, à présent, qu'il soit approuvé et mis à disposition rapidement, à un coût abordable et équitable, pour tous afin de donner un coup de fouet en matière de prévention du VIH en attendant un hypothétique vaccin. C'est à propos du prix qu'une controverse s'est fait jour car si le F/TDF est disponible en Afrique du Sud pour moins de 50 dollars par an, le lénacapavir est annoncé à un prix annuel de 40.000 dollars (aux USA, en tout cas). Pour un groupe d'activistes présents, la molécule pourrait être produite à bien plus faible coût. La People's Medicine's Alliance a, via une lettre publique, demandé au laboratoire propriétaire de la molécule d'accorder une licence de production d'une forme générique. Ils ont été appuyés dans ce sens par la directrice d'Onusida, Winnie Byanyima, qui a exhorté le laboratoire à rendre accessible cet outil de prévention miraculeux maintenant et pas dans six ans. Réf : Bekker L-G et al. N Engl J Med 2024;DOI:10.1056/NEJMoa2407001.