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Les médicaments anticholinergiques sont fréquemment prescrits pour traiter les troubles de l'humeur, l'incontinence urinaire ou les allergies. Bloquer l'acétycholine n'est cependant pas sans risque et entraîne des effets secondaires multiples qui vont de la sécheresse de bouche et de la rétention urinaire aux troubles cognitifs sans oublier que leur utilisation à long terme chez les sujets âgés accentue certains troubles liés à l'âge comme la fragilité et le risque de chutes. Au Guy's and St Thomas Hospital de Londres, le Dr Jane Doctor et ses collaborateurs se sont tournés vers la cohorte POPPY pour évaluer l'impact de la prescription d'anticholinergiques chez les personnes vivant avec le VIH vieillissantes.Leur étude a porté sur 699 personnes âgées de 50 ans et plus vivant avec le VIH au Royaume-Uni et en Irlande. Tous leurs médicaments, autres que les antirétroviraux, ont été évalués en fonction de leur potentiel anticholinergique. Des données ont ensuite été recueillies concernant les chutes récurrentes et la fragilité (concept défini par la présence d'au moins trois critères de l'indice de fragilité de Fried modifié : perte de poids involontaire, épuisement, faible dépense énergétique, faible force de préhension et vitesse de marche lente). Les participants avaient un âge médian de 57 ans, 88% étaient des hommes, 86% étaient de race caucasienne et 99% étaient sous traitement antirétroviral. Des chutes récurrentes ont été signalées par 9 % des participants tandis que 21 % répondaient aux critères de fragilité. La prise d'un anticholinergique a été signalée par 27 % des participants. Ceux qui prenaient des anticholinergiques étaient plus susceptibles de signaler des chutes (17% contre 6% chez les non-utilisateurs) et de répondre aux critères de fragilité (32% contre 17%). Dans leurs conclusions, les investigateurs conseillent aux praticiens en charge de personnes vivant avec le VIH, surtout si elles sont âgées, de bien garder à l'esprit les risques associés de chutes et d'évolution vers la fragilité liés à une prise de substances anticholinergiques et de ne les prescrire que lorsqu'aucune autre alternative n'est possible et pour de courte période.Réf: Doctor J. et al. Abstract 35, CROI 2022.