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Les néoplasies intra-épithéliales anales de haut grade (HGAIN en anglais) constituent des précurseurs bien connus du cancer de l'anus et leur taux de récidive chez les HSH séropositifs est particulièrement élevé, plus de 50% à 12 mois après un traitement conventionnel. Le vaccin contre le HPV peut-il réduire ce risque important de récidive, telle était la question à laquelle des investigateurs hollandais ont voulu répondre via une étude clinique randomisée, placebo contrôlée et menée en double aveugle laquelle a inclus 126 HSH séropositifs présentant un nombre de cellules CD4 supérieur à 350 et déjà traités avec succès d'une HGAIN. Ces patients ont été répartis en deux groupes équipotents pour recevoir, soit le vaccin contre le HPV, soit une injection placebo à 0,2 et 6 mois. L'âge médian des patients de l'étude était de 49 ans. L'étude a été menée entre mars 2014 et juin 2017. Le critère d'évaluation principal était le taux de récidive observé au sein de cette population. Les lésions devaient être prouvée par biopsies réalisées sous anuscopie à haute résolution à 18 mois de suivi.Malheureusement, l'étude n'a montré aucune différence en terme de récidive de HGAIN entre les deux groupes: 68% dans le groupe actif et 61% dans le groupe placebo (p=0,38) et ce malgré une réponse immunitaire contrôlée et adéquate dans le groupe vaccination. Sur les 78 récidives cumulées observées, 46% sont intervenues endéans les 6 premiers mois de suivi, 24% à 12 mois et 29% à 18 mois. Dans les deux groupes, 40% des récidives étaient liées à des souches de HPV couvertes par le vaccin. Enfin, en analyse multivariée, il apparaît qu'une numérotation initiale plus élevée en CD4 était associée à une récidive: +30% pour 100 cellules CD4 d'augmentation.Les investigateurs tiennent bien à souligner que ces résultats décevants ne remettent en rien en cause l'efficacité et l'intérêt de ce vaccin pour ce groupe particulier de patients notamment en terme de réduction du risque de cancer anal lié aux souches de HPV couvertes par le vaccin. Enfin, lors de certaines présentations de cette étude au cours de congrès internationaux, des experts ont estimé que les délais de suivi de cette étude étaient un peu courts et que le vaccin pourrait montrer des avantages à plus long terme sur ce type de lésion.Réf: Karien G. et al. AIDS, mise en ligne sur site avant publication, 10/05/2021.