...

Premier candidat de poids, scientifique s'entend, les 2DR, acronyme de 2 drugs regiments, étaient au coeur d'un symposium organisé, début janvier, par le laboratoire ViiV Healthcare, réunissant un panel d'experts belges et internationaux de choix.Changement de paradigme en vueS'il aura fallu attendre des millénaires avant qu'Alexander Fleming ne découvre, en 1928, la pénicilline et 1940 pour qu'il soit possible de la produire en quantité suffisante afin de lutter efficacement contre les principales infections bactériennes, à peine une trentaine d'années auront été nécessaires pour faire passer le statut de l'infection par le VIH d'une sentence de mort à une maladie chronique. Les secrets de ce succès scientifique sans précédent sont multiples : prise de conscience rapide de l'urgence de la situation (boostée, il faut bien le reconnaître, par la détermination des associations de défense des patients), la mobilisation scientifique planétaire, les formidables avancées technologiques de la recherche tant fondamentale que clinique et pharmacologique et, on l'oublie souvent, un constant souci de mettre en adéquation les objectifs de la recherche avec les nouveaux besoins des patients. Or, constatent le Pr Stéphane De Wit (CHU St Pierre, Bruxelles) et son confrère anglais le Pr Mark Nelson (Chelsea and Westminster Hospital, UK), orateurs lors de ce symposium, le traitement des patients porteurs du VIH est arrivé à une nouvelle croisée de chemin, un moment de réflexion et de questionnement sur les adaptations ou évolutions nécessaires en fonction du statut de l'infection, de l'impact des traitements actuels ainsi que des attentes et des besoins des patients. 2 ou 3 molécules, that's the question !Pour nos experts, il est à présent clair que le but du traitement ARV n'est plus exclusivement la suppression virologique durable (< 50 copies/ml) même si elle demeure capitale. A présent que ce but est atteint pour une vaste majorité de patients grâce à des schémas thérapeutiques efficaces et simples à administrer, il faut chercher de nouvelles pistes pour optimaliser le traitement en fonction des besoins individuels de chaque patient. Pour ce faire, il faut prendre en compte le fait qu'actuellement les patients ont une espérance de vie proche de celle de la population générale mais qu'ils présentent souvent plus précocement des comorbidités telles que des affections cardiaques, un diabète, des troubles lipidiques, une ostéoporose, une insuffisance rénale chronique ou des troubles neurocognitifs, autant de pathologies qui nécessitent des traitements adaptés ce qui conduit à la polymédication et augmente le risque de voir survenir des interactions médicamenteuses avec le traitement ARV. De plus, le traitement ARV peut lui-même avoir un effet potentiel sur l'apparition précoce ou sur l'aggravation rapide de ces affections. Surtout, il ne faut pas perdre de vue qu'une préoccupation majeure des patients concerne les effets toxiques potentiels de leurs traitements ARV sur le long terme comme le montrent les résultats de l'étude Positive Perspectives et qu'ils sont ouverts à un allègement de leur schéma thérapeutique à la condition expresse qu'il demeure efficace sur le plan virologique. Pour alléger le traitement, on peut, soit envisager de diminuer les doses administrées, soit se tourner vers une réduction du nombre des molécules. C'est cette dernière voie qui est actuellement privilégiée au vu du nombre croissant de données cliniques disponibles et des études en cours. Ainsi, FDA et EMA ont donné leur autorisation à un premier 2DR en comprimé unique à doses fixes associant dolutégravir et rilpivirine, comme traitement de relais chez des patients porteurs du VIH dont la charge virale est indétectable (< 50 copies/ mal) depuis plus de six mois. De plus, en incluant les données des études GEMINI dans la notice du dolutégravir, ils ont donné l'autorisation pour un second 2DR, dolutégravir et lamivudine. Autant de premiers jalons pour la mise en place de ce nouveau paradigme du traitement du VIH.