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Premier test majeur pour l'islatravirIl s'agit d'une étude de phase 2a américaine destinée principalement à établir le niveau et la persistance de l'islatravir, administré mensuellement par voie orale, dans le sang et les tissus de 250 volontaires âgés de 18 à 65 ans présentant un faible risque d'infection par le VIH. Les résultats intermédiaires, présentés lors du congrès HIVR4P, concernent 192 personnes. Ces volontaires ont été répartis en 3 groupes: 100 ont reçu 6 doses mensuelles de 60mg ou 120mg et 50 ont reçu un placebo. Après la dernière dose, les niveaux sanguins continueront à être mesurés durant encore 3 mois en aveugle puis durant 5 mois de plus mais, cette fois, sans l'aveugle. Intéressant de constater que cet essai a recruté 65% de femmes, un fait trop rare encore et qui se devait d'être signalé.Sur base des données récoltées lors d'une étude de phase 1 à dose unique, le seuil d'efficacité avait été établi à 0,05 picomole par million de cellules. Le but de ce nouvel essai était donc de voir si, en conditions d'utilisation réelle, les niveaux sanguins en islatravir correspondaient bien à cette modélisation.Des taux sanguins qui pardonnent les incartades thérapeutiquesLes taux minimaux mensuels (mesure effectuée avant la prise de la dose suivante) étaient de l'ordre de 1 picomole par million de cellules chez les volontaires prenant la dose de 60mg, soit 20 fois le seuil d'efficacité estimé. Pour la dose de 120mg, on est encore plus haut puisque les taux minimaux mensuels observés sont 40 à 50 fois plus élèves que le seuil d'efficacité estimé. De plus, de mois en mois, ces taux sont demeurés très semblables donc stables. Pour une minorité de participants, on dispose déjà de données à 28 semaines, soit 8 semaines après l'administration de la sixième et dernière dose. Ils montrent que les taux sanguins en islatravir sont encore quatre à cinq fois supérieurs au seuil d'efficacité prédéfini ce qui suggère que, même en cas d'incartade thérapeutique de quelques semaines entre les doses, le niveau de protection demeure suffisant.Et pour le futur ?Les mois qui viennent seront très chargés pour cette nouvelle arme de l'arsenal thérapeutique de la PrEP puisqu'on attend les résultats sur les concentrations tissulaires au niveau anal et vaginal ainsi que le lancement de deux grandes études de phase 3 évaluant l'efficacité sur la protection contre l'infection. Il s'agit, d'une part, de l'étude IMPOWER 022 qui recrutera 4500 femmes cisgenres aux Etats-Unis et en Afrique Subsaharienne et, d'autre part, de l'étude IMPOWER 024 qui recrutera 2000 hommes gays et bisexuels ainsi que des femmes transgenres dans plusieurs pays sur les cinq continents. Toutes deux compareront l'islatravir par rapport à la combinaison TDF/emtricitabine. Dans l'étude IMPOWER 024, la comparaison portera aussi sur la combinaison TAF/emtricitabine. La dose testée sera de 60 mg car il a été estimé que la dose de 120mg n'était pas susceptible de fournir une efficacité significativement plus élevée pour justifier un possible risque d'effets secondaires plus fréquents.Réf: Hillier S. et al. Abstract OA 04.05, congrès HIVR4P 2021.