...

PEP: une décision qui n'est pas si simpleSi la PrEP ou prophylaxie pré-exposition a pour but de prévenir la transmission du VIH chez une personne séronégative régulièrement exposée aux risques de contamination de par ses habitudes sexuelles à haut risque, la PEP ou prophylaxie post-exposition est un "filet de sécurité" destiné à prévenir la transmission virale chez un sujet séronégatif suite à un contact occasionnel et suspect (partenaire potentiellement infecté). Basé sur une trithérapie, ce traitement doit être débuté impérativement dans les 72h à compter de ce contact et durer 4 semaines. Deux grandes indications sont retenues pour l'administration d'une PEP, un contact suspect professionnel, surtout en milieu médicalisé (médecins, infirmières, aidants, etc) ou non professionnel comme par exemple, rapport sexuel non protégé (rapport anal réceptif surtout), bris de préservatif, agression sexuelle ou partage de seringue avec une source suspecte. La décision de passer à la PEP repose sur une évaluation par le praticien du risque potentiel de transmission. Elle se fonde sur le genre d'exposition et la probabilité que la source soit contaminée. Une décision pas toujours évidente car ce dernier critère est bien difficile à connaître avec certitude. Rester humainement professionnel Alors, comment la PEP est-elle envisagée en pratique quotidienne ? Nos confrères allemands ont passé au peigne fin les données de 650 consultations pour PEP intervenues entre janvier 2014 et décembre 2016. Premier constat, l'augmentation constante des consultations pour PEP qui passe de 189 en 2014 à 208 en 2015 et 252 en 2016. Une augmentation qui se marque principalement au sein du groupe des hommes pratiquant le sexe avec d'autres hommes. Concernant la prise de décision, on constate que dans 11% des cas, la prescription d'une PEP n'est pas en ligne avec les guidelines actuels. Ces entorses concernent, pour 74% des cas, des rapports suspects dont 1/3 sont des rapports non consentis (femmes exclusivement) et pour 24% des contacts suspects intervenus dans un milieu professionnel. La principale raison de cette "désobéissance" est bien compréhensible et humaine puisque dans 2/3 des cas elle est motivée par l'angoisse et le stress émotionnel du patient surtout en cas de viol ou de contact suspect avec un(e) professionnel du sexe originaire de zones géographiques à risque. Si la PEP est, dans ces cas, d'avantage destinée à traiter le stress émotionnel qu'à prévenir un vrai risque de transmission, ce qui est un motif tout à fait louable, les investigateurs exhortent leurs confrères à respecter les recommandations émises et à trouver une balance entre sentiments humains et rigueur scientifique. Le non-respect de ces recommandations augmente en effet le risque d'effets secondaires ou de survenue de résistance aux ARV ainsi que les coûts sans oublier qu'un recours simplifié et élargi à la PEP peut favoriser un relâchement comportemental des patients comme un abandon du préservatif. Réf: Scholten M. et al. HIV Medicine 2018;19(9):645-653.