La circoncision médicale volontaire semble constituer une option préventive intéressante puisqu'elle a permis une réduction du risque de contracter le VIH de 91 % chez les hommes gays et bisexuels "actifs" lors de relations sexuelles anales, selon les conclusions d'une récente étude chinoise.
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Des investigateurs chinois de l'Université de Shenzhen ont voulu savoir si la circoncision médicale volontaire réduisait le risque de contracter le VIH chez des hommes qui étaient majoritairement "actifs" en matière de relations sexuelles anales et ce, dans un contexte où l'accès à la PrEP et à la prophylaxie post-exposition est très limité en raison du coût et du manque de fourniture. L'étude a recruté des hommes gays et bisexuels qui ont déclaré avoir principalement un rôle actif lors de relations sexuelles anales au cours des six derniers mois, et avoir eu au moins deux partenaires sexuels masculins au cours de la même période. Les participants ont été répartis en deux groupes : le premier où une circoncision médicale immédiate a été réalisée et un second où la circoncision médicale a été différée de 12 mois. Les participants devaient organiser eux-mêmes la circoncision dans un établissement médical de haut niveau, et étaient ensuite remboursés pour la procédure. Il leur a été conseillé de s'abstenir de toute activité sexuelle durant six semaines afin de permettre une guérison complète, puis ils ont été suivis pour une période de 12 mois.Dans le groupe "circoncision différée", le suivi a débuté immédiatement après réalisation d'une enquête de base. Les participants ne se sont pas vu proposer la PrEP car elle n'était pas recommandée dans les directives chinoises, et des études sur la PrEP en Chine étaient encore en cours au début de cette étude. Les participants ont subi un test rapide du VIH tous les trois mois pendant la période de suivi et ont fourni des échantillons de sang pour le test en laboratoire après 6 et 12 mois. Entre 2020 et 2022, 247 participants ont été randomisés en deux groupes équipotents pour subir une circoncision immédiate ou différée. Les membres du groupe "circoncision immédiate" avaient un âge médian de 28 ans, 71 % avaient fait des études secondaires et 16 % se décrivaient comme bisexuels. Un peu moins d'un tiers étaient mariés ou vivaient avec un partenaire masculin ou féminin, 48 % ont déclaré avoir eu des relations sexuelles anales avec au moins cinq partenaires sexuels masculins au cours des six derniers mois et presque tous (92 %) ont déclaré qu'au moins 90 % de leurs rapports sexuels impliquaient des rapports anaux actifs.Le critère d'évaluation principal de l'étude était l'acquisition du VIH au cours des 12 mois de suivi. Durant cette période, cinq hommes du groupe témoin (circoncision différée) ont contracté le VIH, soit une incidence de 4,1 infections pour 100 personnes-année. En revanche, aucun participant du groupe de circoncision immédiate n'a contracté le VIH. L'efficacité de la circoncision pour prévenir l'acquisition du VIH était de 91 % (p = 0,0029). Les chercheurs ont calculé qu'une infection au VIH était évitée pour 25 hommes circoncis. Ces résultats montrent qu'il est intéressant d'investir et soutenir des programmes de circoncision médicale volontaire pour les hommes homosexuels et bisexuels, à tout le moins chez les "actifs" dans leurs relations sexuelles anales. Cependant, il convient de préciser que la PrEP offre une efficacité similaire à la circoncision médicale chez les hommes gays et bisexuels et protège les hommes quel que soit leur rôle lors des rapports anaux. Réf : Gao Y. et al. Annals of Internal Medicine, Volume 177, Number 6. https://doi.org/10.7326/M23-3317